Tandis que le chercheur de vérité oriental poursuit son itinéraire vers l’intériorité de l’être, le savant d’Occident s’efforce d’interroger le monde extérieur. Dans la substance et dans l’ordre du cosmos se situerait la réalité dont il espère saisir l’expression. Le « réel » pour lui, c’est l’objet, c’est la chose (res) c’est la phénoménologie ambiante. Pour connaître la réalité, il lui faut pénétrer dans l’intime structure de la matière qui l’entoure, par voie d’analyse et par un effort de reconstruction sans cesse renouvelé en synthèses progressives. L’homme acquiert ainsi la science des lois qui dessinent à chaque instant la configuration mouvante du monde. Il peut insinuer et faire jouer son vouloir, son choix dans le mécanisme de la causalité.
Catégorie : G
Roger Godel : Entretien: Le corps comme image
Que le corps soit une image mentale, c’est une évidence que nous avons à tout instant, et que, pourtant, nous manquons de réaliser, nous manquons de reconnaître, pourquoi ? parce que, de notre corps, nous avons une expérience par le toucher, une expérience par la vue, une expérience par la douleur que nous lui attribuons — les douleurs dont nous prétendons du moins qu’il est l’origine —, et il est pour nous une constante sollicitation, de telle sorte que cet ensemble — cette imagerie, pouvons-nous dire, cette construction de l’esprit — nous revêt comme s’il était attaché à nous par des liens indissolubles.
Roger Godel : La Sagesse selon les Traditions indiennes et socratiques
Dès maintenant nous pouvons examiner avec précision ce que poursuivent les chercheurs de vérité — le « sadhaka » indien, le « philosophos » hellène — engagés dans leur voie traditionnelle de la Sagesse. La même injonction s’applique à l’un comme à l’autre : se connaître, prendre conscience, en soi-même, de la nature immuable, indestructible de son être. Tel est l’aboutissement de la recherche au terme du « gnôthi seauton » (Connais-toi) ou du dévoilement de l’Atma Upanishadique.