La controverse byzantine entre les métaphysiciens et les pragmatistes porte sur « la nature humaine ». Pour les premiers, elle est une constante et un absolu, pour les seconds, une variable en fonction du conditionnement. Existe-t-il une constante de liberté indéterminée, indéfinissable, insaisissable en chacun de nous, qui se trouve comme emprisonnée dans nos caractères, dans nos qualités, « une liberté en condition » ? Mon caractère particulier, mes caractéristiques nationales, héréditaires, sociales, etc… ne sont-elles que des formes, des sortes de récipients contenant, limitant, mesurant ma liberté intérieure ? Dans ce cas, puis-je transcender mon conditionnement, refuser de m’identifier à mon métier, à mon état civil, et même à mon caractère, à mes goûts, à mes tendances, et retrouver par delà tout ce qui me définit, cette liberté emprisonnée ?…
Carlo Suarès : Réflexions allant du complexe au simple
