Joan Tollifson
Existe-t-il une pratique ? Qu’est-ce que c’est ?

27 novembre 2024 Lâcher-prise : être ici et maintenant Bien que je mette souvent l’accent sur l’unité indivise, le déroulement sans effort et sans choix où il n’y a rien à faire (ou à ne pas faire) et personne pour faire (ou ne pas faire) quoi que ce soit, je m’engage en fait dans ce que l’on […]

27 novembre 2024

Lâcher-prise : être ici et maintenant

Bien que je mette souvent l’accent sur l’unité indivise, le déroulement sans effort et sans choix où il n’y a rien à faire (ou à ne pas faire) et personne pour faire (ou ne pas faire) quoi que ce soit, je m’engage en fait dans ce que l’on pourrait appeler une pratique et je la recommande. Je n’ai jamais été enthousiaste du mot « pratique », qui sonne trop méthodique à mon oreille. Mais tel que je l’utilise ici, je veux simplement parler d’un mode de vie.

Ce à quoi je fais allusion, c’est ni plus ni moins que la « pratique » du simple fait d’être en vie, d’être ce moment, tel qu’il est. Ce n’est pas une pratique orientée vers les résultats ou un projet de développement personnel, mais d’un autre côté, il ne s’agit pas non plus de vivre machinalement en étant un individu misérable et insensible. Il s’agit d’une découverte non méthodique, d’une exploration et une culture de l’attention ouverte, de la conscience, de la présence, de l’abandon et du lâcher-prise dans l’instant présent.

Cela implique une attention ouverte et sans jugement, la dissolution du sentiment de séparation, le dépassement des schémas de pensée et des histoires habituelles, la remise en question des croyances, une sensibilité à la vivacité sensorielle de l’instant et au ressenti de la présence, et une conscience d’être cette présence consciente et illimitée que nous sommes. Il s’agit de s’ouvrir et de lâcher prise, de se libérer et de s’abandonner, de ne s’attacher à rien, de n’arrêter nulle part.

C’est une expérience et non un concept. C’est explorer directement la nature de cette réalité vivante et découvrir comment nous ajoutons des souffrances inutiles à la souffrance et aux circonstances douloureuses qui accompagnent la vie. C’est se réveiller de l’illusion, non pas une fois pour toutes ou pour toujours, mais MAINTENANT.

On pourrait décrire cela comme une voie de dévotion à chaque instant de la vie ordinaire — dévotion aux sons de la pluie, au goût du thé, aux sensations de la respiration, à la vitalité de la présence elle-même — dévotion à ce moment unique et sans fond Ici-Maintenant.

Cela peut impliquer de s’asseoir tranquillement, immobile, sans rien faire. Mais ce n’est pas limité à une activité ou à une non-activité particulière. C’est toute notre vie. Et c’est toujours cette immédiateté, de cette expérience présente, ici et maintenant.

Cela demande-t-il un effort ? Y a-t-il un objectif ?

Cela demande-t-il un effort ? Eh bien, oui et non. On l’a parfois appeun effort sans effort. Ce n’est pas le genre d’effort forcé et volontaire qui vient de l’ego, mais cela exige un certain type d’engagement ou de dévouement qui vient de l’amour et de l’attirance. C’est le genre d’effort détendu que l’on peut observer chez un grand athlète au sommet de son art. Au début, cela tend à sembler plus laborieux, mais au fur et à mesure que l’on s’imprègne de tout ce que j’ai décrit et qu’on l’assimile dans notre être, cela devient tout simplement une manière naturelle de vivre.

Y a-t-il un objectif ? Là encore, oui et non. Ce n’est pas axé sur les résultats ; il est toujours centré sur le présent, sur le moment présent, et non sur une quelconque réalisation passée ou future. Il y a cependant ce que l’on pourrait décrire comme une sorte d’aspiration à vivre d’une manière saine et parfois un certain degré d’intentionnalité. Mais ce n’est ni forcé ni motivé par l’ego. C’est ouvert, spacieux, détendu. Cela vient du cœur, de l’amour, et non du moi séparé qui cherche à se réparer, à atteindre quelque chose ou à devenir quelqu’un de spécial.

Quelle est cette aspiration ? C’est l’aspiration à s’éveiller de l’illusion. De confier notre vie à la dimension la plus profonde de notre être et de tout être, la plénitude où il n’y a pas d’autre. À lâcher prise sur toutes les façons dont nous résistons, nous accrochons et apportons de la souffrance à nous-mêmes et aux autres. Et c’est toujours à propos de cet instant même, ce moment unique et sans fond que nous ne quittons jamais. Et bien sûr, nous échouons encore et encore. L’illusion se produit. Le vœu est donc de recommencer à neuf, encore et encore, ici et maintenant. Et puis, sur notre chemin, nous découvrons qu’il n’y a vraiment pas d’échec, que tout fait partie.

Comment commencer

Les gens peuvent décrire ce type de pratique, mais comme pour la natation ou le vélo, chacun d’entre nous doit la découvrir par lui-même. Personne ne peut la faire à notre place ou nous la donner. Chacun d’entre nous doit la ressentir et l’explorer à notre manière, et nous en aurons tous une version plutôt unique.

Une bonne façon de commencer est simplement de s’asseoir, de rester tranquille et de ne rien faire d’autre que d’être conscient de ce qui se passe, sans essayer de le changer — simplement entendre les sons, ressentir les sensations somatiques, voir les formes, les couleurs et la lumière si les yeux sont ouverts, remarquer les mouvements de la pensée et les histoires habituelles qui surgissent, voir comment l’attention se déplace, comment elle fait des zooms avant et arrière, comment différentes perspectives ou dimensions de l’expérience apparaissent et disparaissent.

On peut découvrir un sentiment d’être sans limites, sans centre, spacieux et libre, où il n’y a ni corps ni esprit, ni intérieur, ni extérieur, ni séparation. Tout est un tout fluide et rien ne semble solide ou fixe. On voit la beauté partout et on trouve la perfection dans l’imperfection. Et puis, on peut aussi découvrir toutes les façons dont l’attention se rétrécit et se laisse hypnotiser par les pensées, les histoires, les souvenirs, les projets et les films mentaux. La « pratique » consiste simplement à être conscient de tout ce qui se passe et de toutes les différentes façons dont cette réalité vivante que nous sommes se manifeste, sans essayer de la contrôler — en étant juste ce moment, cette expérience présente, telle qu’elle est.

Ce même type d’attention et de présence ouvertes peut se produire en marchant ou en prenant le bus, le train ou l’avion. Cela peut se produire dans une salle d’attente avant un rendez-vous, ou en faisant la vaisselle ou le ménage. Cela peut même se produire dans le cadre d’une relation, en s’engageant avec les autres — simplement en remarquant quand on nous pousse à bout et comment cette contrariété et cette réactivité se manifestent dans tout le corps-esprit. Sentir quand nous affirmons quelque chose ou quand nous nous sentons menacés, blessés, en colère, sur la défensive, incompris ou ignorés. Voir les jugements que nous portons sur nous-mêmes et sur les autres. Être simplement conscient de tout cela. La conscience est le pouvoir transformateur.

Je recommande de prendre le temps, chaque fois que vous sentez l’appel, d’écouter profondément les sons ordinaires et d’apprécier profondément les paysages ordinaires, de sentir la respiration et toutes les sensations dans tout le corps. Lorsque vous buvez une tasse de café ou de thé, ou que vous prenez un repas, essayez de le faire en silence, sans rien faire d’autre — sans lire, parler, regarder la télévision ou quoi que ce soit d’autre en même temps. Buvez simplement le thé ou mangez le repas. Savourez-le pleinement.

Découvrez ce que c’est que d’être simplement en vie sans regarder votre téléphone, sans ouvrir un livre ou faire quoi que ce soit d’autre que d’être simplement là ! Bien entendu, tout est inclus, il ne s’agit donc pas de ne jamais prendre son téléphone, de ne jamais lire les nouvelles, de ne jamais regarder Netflix ou de ne jamais faire plusieurs choses à la fois. Mais prêtez attention à ce qui vous pousse à faire certaines choses et à ce que vous ressentez après. Il ne s’agit pas de savoir si c’est bien ou mal, mais simplement d’en prendre conscience.

Et s’il y a une douleur physique ou émotionnelle, des humeurs et des états d’esprit difficiles, ou des circonstances compliquées, découvrez s’il existe des façons d’être avec cela qui soient utiles et remarquez quels types de pensées et de réactions l’aggravent. Soyez curieux de savoir comment la souffrance inutile est créée.

Vous pouvez également vous engager dans diverses explorations contemplatives. Par exemple, vous pouvez observer attentivement comment les choix et les décisions se déroulent pour voir si vous pouvez trouver quelqu’un en contrôle. Vous pouvez vous demander, si vous ne vous référez pas à la pensée, à la mémoire, aux informations de seconde main ou au savoir, en cet instant, ce que vous êtes et ce qu’est cet événement présent. N’y pensez pas et ne cherchez pas de réponse verbale, mais faites simplement l’expérience de ce qui est là, sans étiquette ni explication.

Vous pouvez fermer les yeux et sentir s’il existe une frontière réelle où l’intérieur de vous se transforme en extérieur.

Ces types d’explorations contemplatives ne se font pas en pensant et en raisonnant, mais en observant directement et en ressentant les choses. Il ne s’agit pas d’obtenir la bonne réponse. Il s’agit de se mettre au diapason de la réalité vivante et non conceptuelle qui est là, avant que des explications et des étiquettes ne lui soient superposées. Les étiquettes et les pensées peuvent surgir — c’est normal — mais ne vous focalisez pas sur elles.

S’abandonner : Retirer la main du volant (imaginaire)

Un vieil adage dit de « lâcher prise et laisser Dieu ». Pour certains, Dieu est un mot chargé associé à des religions oppressives et à la croyance superstitieuse en une divinité patriarcale céleste, alors que pour d’autres, le mot Dieu est synonyme de présence-conscience, d’amour inconditionnel, de cœur, de plénitude, d’unité, de vacuité, de néant, de vivacité. Cela renvoie à la dimension la plus profonde, la plus vraie, la plus subtile de notre être et de la vie elle-même.

Quels que soient les mots qui vous conviennent pour décrire cela, la « pratique » que j’évoque est une sorte d’abandon à cette dimension, un lâcher-prise qui lui permet de prendre les commandes, plutôt que nous (en tant que petit moi) qui essayons d’aller quelque part, de faire en sorte que quelque chose se produise, de vivre une expérience particulière, de nous débarrasser de quelque chose, ou de tout comprendre. Au lieu de cela, nous lâchons prise et laissons Dieu (ou la conscience, ou la présence, ou l’univers, ou tout autre mot qui vous convient) prendre les choses en main.

Et oui, rien n’est vraiment autre que cette totalité indivisible. Mais être éveillé à cette unité est une expérience très différente de celle qui consiste à se perdre dans des pensées de séparation. Le paradis et l’enfer, le nirvana et le samsara sont ici, à chaque instant. Le même verre peut être perçu comme à moitié vide ou à moitié plein. Nous pouvons être perdus dans l’illusion, la confusion et la souffrance, ou nous pouvons trouver la paix, la joie et la liberté, même dans les moments les plus sombres.

Est-ce un choix ?

Est-ce un choix que nous pouvons faire ? Oui et non. En fait, c’est une question merveilleuse à explorer à chaque instant. Non pas en y réfléchissant ou en affirmant une conclusion toute faite, mais en se demandant fraîchement à cet instant s’il est possible de lâcher prise, de s’ouvrir, d’être simplement présent à tout ce qui est tel que c’est — et de le découvrir. Parfois, c’est possible, parfois non. Découvrez-le ! Ensuite, ne transformez pas la découverte faite à un moment donné en une croyance fixe ou en une idéologie. Restez ouvert à de nouvelles possibilités.

Tout, en fait partie

Peut-être que la souffrance, la confusion et les moments où nous semblons échouer font tous partie intégrante de la manière dont cette vie se déploie. Nous n’avons pas besoin de les prendre personnellement ou de leur donner une signification en tant qu’indicateurs de notre échec. Nous pouvons les considérer comme des intempéries impersonnelles et les laisser passer. Ils font tous partie de la texture de la vie et sont souvent le grain qui crée la perle et la fissure par laquelle la lumière pénètre.

Le défi est toujours d’être ici et maintenant. Et bien sûr, dans un sens, nous sommes toujours ici — il n’y a vraiment rien d’autre — mais le paradis et l’enfer sont deux expériences très différentes. C’est pourquoi des pratiques sont apparues pour nous aider à retrouver le chemin de la maison que nous n’avons jamais vraiment quittée.

Qui les accomplit ? Regardez profondément, et vous trouverez l’Unique, qui n’est rien du tout.

Avec amour pour tous….

Texte original : https://joantollifson.substack.com/p/is-there-a-practice