Quelques souvenirs: Wei Wu Wei (1896-1988) par Robert Linssen

Il est étrange d’évoquer cinquante ans plus tard, des contacts vécus avec des personnages exceptionnels. Commenter la vie et les œuvres de Wei Wu Wei, un ami, pseudonyme de Terence Gray, m’oblige à cette rétrospective. Je pense à Alexandra David-Neel, la célèbre exploratrice du Tibet, pour qui j’ai organisé une conférence remarquable à Bruxelles, à la salle Akarova en janvier 1949, et avec laquelle je rendis visite chez Wei Wu Wei à Monaco en 1968.

Questions-réponses sur l’éveil et le mental par Robert Linssen

Afin de donner un caractère plus vivant à nos écrits, nous publions une série de réponses à diverses questions ou objections, écrites ou orales émanant de nos lecteurs ou auditeurs. Nous résumons en un seul paragraphe les objections et questions d’un ami écrivain et conférencier. En résumé, l’essentiel de notre désaccord résulte du fait que notre ami se situe essentiellement au niveau du mental discursif pour expliquer Dieu ou l’Absolu tandis que le mystique évoque la nécessité du silence de la pensée et l’inutilité de toute explication. De tels problèmes ne peuvent être résolus au niveau verbal. L’usage des mots entraîne des malentendus.

Qu’est-ce que le mal ? par Robert Linssen

l y a mille façons de répondre à cette question vaste et complexe suivant le point de vue auquel on se place. Il est évidemment indispensable de se situer en dehors des domaines étriqués et conventionnels des morales, des religions et des politiques si l’on souhaite trouver une réponse valable. Mais celle-ci sera toujours partielle et relative. Il serait même nécessaire d’abord de voir si le mal existe réellement, et dans ce cas quelles en sont la nature, les causes, les origines. Certaines sagesses transcendantales affirment que ce que nous considérons comme le mal résulte d’une vision erronée et « surfacielle » du monde provenant de notre ignorance.

Krishnamurti & Carlo Suarès par Robert Linssen

Les naissances groupées à quelques années d’intervalle de personnages porteurs de messages spirituels importants, illustrent bien la loi de « sérialité » évoquée par le chercheur autrichien Kammerer dans son « Journal des coïncidences », auquel C.G. Jung et le Prix Nobel de Physique Pauli se sont fort intéressés. Arthur Koestler en soulignait l’importance dans son essai intitulé « Les Racines du Hasard » (éd. Calmann-Lévy, 1972).

Au-delà de la méditation par Robert Linssen

Nous nous pensons nous-mêmes, consciemment ou inconsciemment comme étant des êtres séparés, isolés par notre peau. Ceci est une erreur élémentaire de perception. Nous nous considérons comme des « sujets » et avons tendance à nous séparer arbitrairement de l’univers manifesté. Nous le considérons comme un « objet ». Ces distinctions duelles sont fausses et graves dans leurs conséquences.

L'Homme du Non-Mental et la Psychanalyse (Etude sur l'Inconscient Zen) par André Niel

On a l’impression, malgré les progrès récents de la Psychologie et les découvertes de la Psychanalyse, qu’une grande distance sépare encore l’homme de la connaissance complète de lui-même. Il semble que depuis Freud, et malgré les efforts de ses successeurs, la science psychologique soit parvenue à un certain palier où elle s’est immobilisée. La cause d’un tel arrêt, c’est l’obstacle de la contradiction intérieure sur lequel vont aujourd’hui buter les théories les plus subtiles. Malgré eux, les psychanalystes sont portés à supposer l’existence d’un tel conflit fondamental.

Krishnamurti par Henri Methorst

A mon avis, Krishnamurti est le seul à avoir tenté d’établir ce contact intime entre la complexité subtile et illogique de la psychologie humaine avec ses frustrations d’une part, et la flamme d’un amour intelligent et perceptif de l’autre et d’avoir réussi à communiquer ce qui est incommunicable grâce à sa façon éducative et psychologique de procéder. Je suppose que plusieurs grands esprits dont nous ne possédons plus exactement les paroles ont été inspirés de la même mentalité. Mais son « message » est en cela différent de toutes les méthodes, de tous les enseignements qui exhortent et encouragent et se servent de systèmes par le fait que lui abolit radicalement la distance, l’« aliénation » qui existe entre l’homme et son propre esprit, entre l’homme et les buts qu’il poursuit. Car tout ce qui n’est pas authentique, qui n’est pas immédiat, dont on se laisse persuader et par lequel on est conditionné, est une auto-aliénation et n’est pas « créateur » (terme dangereux) — dans un sens comparable à celui que donne Erich Fromm à l’aliénation et le danger créé par la société d’abondance et du succès.

L’immanence divine en l’homme et la théologie catholique par Pierre d’Angkor

La sagesse antique se montrait plus clairvoyante que nos philosophes et nos hommes de science matérialiste. De temps immémorial, elle nous a enseigné que Dieu, l’Etre pur, est unité, mais que sa manifestation dans l’univers et l’homme apparaît comme dualité et trinité. Elle nous enseigna donc la dualité des pôles opposés en notre nature même, en précisant que notre moi conscient n’est que la réflexion inférieure dans le cerveau d’une Réalité plus intime, plus profonde, de nous-même, L’Esprit, l’Etincelle divine en nous.