A.M.J. Claessen : Le soufisme et la réalité

Regardons le monde dans lequel nous vivons. Il n’y a aucun terrain où notre vie commune fonctionne convenablement. Qu’il s’agisse de religion, de science, d’éducation, de commerce, de l’argent, de l’industrie, de la santé, de la circulation ou des communications, du sport etc. etc. – l’homme a perdu la maîtrise. La politique, les impôts, l’aide sociale – tout est en proie au désordre, conséquence de cette perte de maîtrise. La nature est violée, l’environnement menacé. La seule chose qui échappe encore à notre connaissance est de savoir si nous n’avons pas atteint le point de non-retour.

Michel Guillaume : Pratiquer au quotidien

Il y a là comme un signe des temps : c’est ici même, dans ce monde de lutte et d’écroulement qu’il nous faut, pour la plupart d’entre nous, développer notre partie Ingénieur, apprendre à échapper à nos déterminismes et à nos con­ditionnements et devenir réellement humains – et non pas à l’abri du monde, derrière les murs d’un monastère ou d’un ashram. Telle est la réalité que les faits proclament. C’était aussi le message que Hazrat Inayat a transmis dans son enseignement et dans sa vie. Il a été de ceux qui ont rappelé en le vivant que l’on pouvait atteindre le sommet de la vie humaine et la plus haute Réalité sans se séparer de la vie extérieure ; et il en a indiqué les méthodes.

Sharifa Goodenough : Action et repos

En Occident,on aime surtout l’action, l’activité qui semble à la plupart des Occidentaux le don d’être de l’existence, car si ce n’est pour être actif, à quoi bon vivre ? En Orient, on aime surtout l’immobilité. Si un Occidental va en Orient, s’il s’approche des sages, des mystiques de l’Inde et s’il a recueilli quelque chose de leur sagesse, on peut être sûr que dans la plupart des cas il voudra l’employer pour mieux conduire l’activité de sa vie. Il se dit, il dit aux autres : « Pourquoi tout cela ? Tout ce que j’ai appris je veux l’employer pour l’action pour que nous puissions mieux agir. L’Oriental, au contraire quand il voit toute l’activité du monde dit : « Illusion, jeu d’enfants ! Ce qui compte, c’est la vie elle-même, c’est la vie immobile silencieuse ».

Michel Guillaume : La voie soufie

La philosophie dont il est question en Soufisme est éveil à la vie de l’Esprit. Et c’est d’abord l’éveil à l’idée qu’au-delà de notre petite personnalité limitée, de notre « moi je », du personnage enclos dans son identité civile que nous croyons être, s’étend tout un domaine de conscience qui est beaucoup plus vaste, plus heureux, plus libre et plus durable et que ce domaine, il est possible pour nous de l’atteindre. Mais cette philosophie est encore « religieuse » dans le sens où ce n’est pas notre « moi-je », notre égo qui décide de cet éveil, de l’évolution de notre personnalité qui en est la conséquence, ni de ses modalités. Notre ego, notre « moi-je » ne peut qu’acquiescer à une volonté plus profonde qui s’est levée en nous et se soumettre à une autorité plus haute. Autorité qu’il peut reconnaître en un Dieu extérieur, ou bien dans la voix d’un Guide intérieur, ou bien encore sous forme humaine, comme son Maître spirituel.

Michel Guillaume : L'importance spirituelle de l'art

L’Art véritable est une nourriture et un réconfort pour l’être intérieur de l’homme, qui ne trouve pas sa subsistance dans la vie telle que nous la menons. Cette vie nourrit notre corps et un peu notre esprit (et encore, parfois par de bien indigestes nourritures). Elle ne nourrit en rien ce qui est plus profond en nous, et crie famine – ou s’atrophie. Pourquoi la musique de Beethoven est-elle si émouvante ? Pourquoi frappe-t-elle si juste?

Michel Guillaume : Éveiller le désir de liberté

Les gens qui ont entendu parler du chemin spirituel et qui se sentent inclinés à en chercher l’entrée commencent, en général, par la chercher où elle n’est pas. Ils se forgent à son sujet toutes sortes d’idées plus ou moins sophistiquées, remplies d’ésotérisme et de mystère qui sont seulement les projections de leurs propres curiosités intellectuelles. Après bien des recherches vaines, quelques-uns au moins d’entr’eux finissent par comprendre que rien n’est plus simple ni plus naturel que d’entrer sur ce chemin…

Murshida Sharifa Goodenough : L’acquisition de la sagesse dans la vie

C’est par une observation constante de la vie et en maintenant l’équilibre du cœur et de l’esprit qu’on peut acquérir la sagesse; par une observation qui, pour être fructueuse, doit d’abord porter sur nous-même. Il est inutile d’observer autrui si nous ne nous sommes pas observés nous-mêmes. La connaissance de notre propre être nous facilitera celle des autres, nous donnera la clé de leurs pensées, de leurs sentiments.

Michel Guillaume : Ouverture

Mais Shri Ramakrishna était un Avatar, une Incarnation Divine au sens hindouiste du terme. Comme tel il inaugurait (entr’autres) et pour l’humanité entière l’ère d’une nouvelle attitude vis-à-vis des autres religions, attitude ouverte et plus fraternelle.

Louis Hoyack : Sur la métaphysique de la lumière

Dans le cadre de ces idées la matière devient une sorte de tombeau pour la lumière, un voile qui la couvre. Suhrawardi (mort en 1191) en arrive à une conception d’allure moderne, à savoir que la matière est une condensation de la lumière, et finalement de la lumière divine. Nous trouvons cette même conception chez Hazrat Inayat — peut-être pour quelques-uns en occident est-ce un enseignement très inhabituel — mais pourtant comme une annonce nouvelle d’un ancien savoir. Ainsi il considère la lumière du soleil comme « la forme la plus dense de l’Intelligence » et pour lui l’Intelligence est « La lumière de l’Intelligence ».