Ludwig Sachs
La réalité est-elle faite de langage ? Le lien étonnant entre les structures linguistiques et physiques

2024-09-01 Les structures de notre langage, qui fonctionnent comme des supports de sens directement accessibles, révèlent des parallèles remarquables avec les systèmes physiques — en particulier les systèmes quantiques — qui peuvent donc être considérés comme des supports de sens également. Cette interconnexion profonde du langage, de la pensée et de la réalité remet en […]

2024-09-01

Les structures de notre langage, qui fonctionnent comme des supports de sens directement accessibles, révèlent des parallèles remarquables avec les systèmes physiques — en particulier les systèmes quantiques — qui peuvent donc être considérés comme des supports de sens également. Cette interconnexion profonde du langage, de la pensée et de la réalité remet en question notre compréhension conventionnelle de ce qui se passe, affirme Sachs. Ses observations perspicaces révèlent des moyens surprenants de donner un sens aux paradoxes de la mécanique quantique en suivant des lignes linguistiques — et donc similaires à la pensée. Bien que complexe, nous vous recommandons vivement de lire attentivement cet essai, qui en vaut assurément la peine.

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Comme je l’ai montré dans de précédents articles [1] dans une perspective psychanalytique, nos processus mentaux semblent être organisés comme des structures linguistiques. Ces structures sémantiques, constituées de signifiants, façonnent non seulement notre perception individuelle, mais aussi toute notre vie. La notion de sens joue ici un rôle central, y compris dans notre interaction avec le monde et dans la manière dont nous donnons un sens à notre vie.

D’autre part, l’idéalisme analytique soutient que la substance fondamentale de la réalité est de nature mentale et que les phénomènes physiques doivent être compris comme des manifestations de processus mentaux. Ce point de vue suggère qu’il existe une profonde similarité entre les diverses manifestations des processus mentaux, des pensées les plus subtiles aux phénomènes matériels les plus tangibles. Cela nous oblige également à nous interroger sur la nature du sens.

Psychanalyse structurale et construction du sens : métonymie et métaphore

Les structures de notre langage, qui fonctionnent comme des supports de sens directement accessibles, révèlent des parallèles remarquables avec les systèmes physiques dans leur complexité et leur dynamique. Ces parallèles permettent une compréhension plus profonde de la réalité et montrent comment des schémas fondamentaux, semblables au langage ou sémantiques, façonnent la structure du monde lui-même.

Dans la psychanalyse structurale, fortement influencée par Jacques Lacan [2], les concepts de métonymie et de métaphore jouent un rôle central dans l’analyse des structures linguistiques et du mental.

La métonymie est souvent considérée comme un enchaînement « horizontal » et fait référence à l’agencement diachronique (temporel) de signifiants, par exemple des lettres et des mots disposés dans une séquence. Cette disposition détermine le sens d’un énoncé. Un changement dans cette séquence peut modifier le sens de manière significative.

À l’opposé, la métaphore représente l’enchaînement « vertical » des signifiants et ajoute une dimension synchronique. Ce niveau vertical ajoute d’autres niveaux de signification et illustre le fait que les significations renvoient toujours à d’autres significations et jamais directement à la chose elle-même. Le concept de métaphore montre la complexité de la formation du sens, car la connexion des signifiants crée une sorte de barrière qui empêche l’accès direct au signifié (le sens).

Un autre élément important de ce concept est le « point de capiton », qui a pour fonction de fixer le sens au sein de la chaîne de signifiants. Ce « point de capiton » est crucial, car il détermine rétroactivement le sens global d’un énoncé et montre comment la fin d’une chaîne de signifiants peut fixer le sens de l’ensemble du message, par exemple le point à la fin de cette phrase.

Concepts de base de la physique quantique

En physique quantique, certains concepts fondamentaux [3] jouent un rôle central et permettent de comprendre et de prédire le comportement des particules subatomiques. Ces concepts ne sont pas seulement importants en physique, mais offrent également des liens intéressants avec d’autres sciences et la philosophie.

En mécanique quantique, un système est défini comme toute partie de la réalité qui peut être, dans un certain sens opérationnel, isolée du reste du monde et devenir l’objet d’une investigation. Les systèmes peuvent contenir des sous-systèmes, ce qui augmente la complexité et la variété des investigations possibles. Un exemple simple de système est un électron dans un atome, qui peut être considéré et analysé séparément.

En mécanique quantique, l’état d’un système décrit ses propriétés à un moment donné. L’état est fondamental pour comprendre ses comportements potentiels et les résultats des mesures. En mécanique quantique, l’état est souvent décrit par une fonction d’onde qui indique la probabilité de mesurer certaines propriétés. Cette description de l’état est essentielle pour comprendre comment les systèmes réagissent et évoluent en réponse à des influences externes.

Les observables sont des propriétés mesurables d’un système qui jouent un rôle central dans la mécanique quantique. Elles peuvent se rapporter aux propriétés globales du système entier ou localement à des sous-systèmes. La mesure des observables fournit des données spécifiques sur l’état du système. La position, la quantité de mouvement et l’énergie d’une particule sont des exemples d’observables. Ces quantités peuvent être déterminées par des expériences appropriées et fournissent des informations importantes sur le système.

La mesure est l’acte d’observer et d’obtenir des données sur un système. En mécanique quantique, chaque mesure modifie l’état du système, ce qui conduit à l’une des propriétés fondamentales et souvent considérées comme paradoxales de cette théorie. Ce phénomène est connu sous le nom d’effondrement de la fonction d’onde, dans lequel l’état du système passe d’une superposition de nombreuses possibilités à un unique état mesuré. Le résultat d’une mesure dépend de l’état du système et ne peut être complètement prédit, ce qui confère à la mécanique quantique sa nature probabiliste.

Intégration des concepts quantiques et des structures linguistiques

L’examen de ces concepts nous permet d’établir des liens avec d’autres cadres théoriques tels que la psychanalyse structurelle et l’idéalisme analytique et de développer ainsi une compréhension plus complète de la réalité.

La définition d’un système en mécanique quantique a un équivalent direct dans la structuration des phénomènes linguistiques. Dans l’analyse linguistique, une chaîne de signifiants, telle qu’une phrase ou un passage de texte, peut être considérée comme un système qui peut avoir différents états. Ces états correspondent aux différentes significations ou interprétations qui résultent de l’agencement et de la combinaison spécifiques des mots.

À l’instar de la mécanique quantique, où les systèmes peuvent être subdivisés en sous-systèmes pour affiner l’analyse, des parties d’une chaîne de signifiants peuvent également être considérées séparément afin d’analyser leurs contributions spécifiques au sens dans un contexte textuel plus large. Cette possibilité d’analyse segmentée reflète la complexité et la structure profonde des systèmes physiques et linguistiques.

Dans l’analyse linguistique, le terme « état » fait référence à l’interprétation ou à la compréhension momentanée dérivée d’une chaîne de signifiants. Les signifiants sont les éléments spécifiques du langage, tels que les mots ou les lettres, qui, ensemble, construisent certaines significations. Cette notion d’état est comparable à celle de la mécanique quantique, où l’état d’un système définit ses propriétés à un moment donné et détermine en grande partie le comportement du système et les résultats dont on peut attendre des mesures.

Dans les deux domaines — physique quantique et linguistique —, la connaissance de l’état détermine essentiellement les attentes d’une interaction ou d’une observation. Dans le domaine du langage, la compréhension de la structure du sens d’un texte — c’est-à-dire son « état » — influence la manière dont ce texte est interprété. Cette interprétation peut changer lorsque de nouvelles informations sont ajoutées ou que le contexte dans lequel la chaîne de signifiants est analysée change. Ce phénomène est similaire à un changement d’état en mécanique quantique, qui peut être induit par une mesure, lorsque le résultat de la mesure modifie la compréhension antérieure du système.

L’analogie entre les observables locaux et globaux

En physique quantique, on distingue les observables locaux et les observables globaux, qui permettent de comprendre la structure et le comportement des systèmes. Les observables locaux se réfèrent à des propriétés ou à des états spécifiques et isolables au sein d’un sous-système, tandis que les observables globaux décrivent les propriétés du système dans son ensemble et fournissent des informations qui résultent de la totalité des composants du système.

Une distinction similaire peut être trouvée en linguistique, où les observables locaux peuvent correspondre à des phrases, des mots ou des lettres individuels dans une séquence de texte. Ces éléments locaux sont souvent intégrés et influencés par les structures de niveau supérieur du texte dans lequel ils apparaissent. Les observables globaux en langue correspondent au système global du texte ou du discours, dont la structure et les thèmes généraux façonnent l’interprétation et la signification des éléments locaux individuels.

Mesure et construction du sens

Dans le contexte de l’analyse linguistique, la « mesure » s’effectue par l’interprétation de la chaîne signifiante. Le « point de capiton » susmentionné joue un rôle crucial en tant que point de fixation qui clôt (apparemment) le sens d’une expression. À l’instar d’une mesure en physique quantique, qui modifie l’état d’un système, l’interprétation d’un texte peut également modifier le sens initial. Cependant, la fixation apparente provoquée par le point de capiton est finalement illusoire, car elle ne suspend que temporairement la structure de référence différentielle des signifiants.

Cette interaction dynamique entre l’observation et l’état s’applique aussi bien à la physique quantique qu’aux processus linguistiques et psychologiques. Dans les deux cas, on constate que la fixation du sens ou de l’état dépend toujours des conditions spécifiques de la mesure ou de l’interprétation et représente donc une sorte de stabilisation illusoire dans une mer de potentialités.

Structures d’analyse linguistique : chaînes diachroniques et synchroniques

Comme nous l’avons déjà mentionné, en linguistique et en psychanalyse structurale en particulier, une distinction est faite entre la chaîne diachronique (« horizontale ») et la chaîne synchronique (« verticale »), qui forment ensemble le tissu complexe de la structure du langage. La chaîne diachronique se réfère, pour ainsi dire, au flux conscient et séquentiel du langage. Ici, les mots et les phrases sont disposés dans une séquence logique et temporelle. Cette structure peut être directement mesurée et consciemment comprise, car elle se présente sous une forme explicite et linéaire, facile à suivre.

À l’inverse, la chaîne synchronique repose sur des liens plus profonds entre les différents éléments du langage. Ces liens se manifestent par la fonction métaphorique. La chaîne synchronique est moins évidente et échappe souvent à la compréhension immédiate parce qu’elle opère à un niveau plus complexe. Ce niveau est riche en significations culturelles, historiques et contextuelles qui vont bien au-delà de la simple séquence de mots et ouvrent ainsi une dimension plus profonde de l’analyse linguistique.

La distinction entre ces deux chaînes est cruciale pour comprendre comment les structures de type linguistique influencent nos processus mentaux. Alors que la chaîne diachronique représente la surface de notre expression linguistique, la chaîne synchronique contient les structures latentes qui sont la véritable force derrière notre créativité linguistique et notre expression métaphorique. Ces structures latentes et pour la plupart inconscientes ne comprennent pas seulement un contenu individuel ou personnel, mais sont également profondément enracinées dans des schémas culturels et historiques collectifs qui façonnent notre interprétation des textes et notre expression.

Parallèles structurels en mécanique quantique et en analyse linguistique

En mécanique quantique, nous trouvons des concepts analogues à la distinction entre les chaînes diachroniques et synchroniques dans la structure du langage, exprimée par la relation entre la causalité et l’acausalité, et entre la facticité et la potentialité.

La causalité en mécanique quantique est similaire à la chaîne diachronique en linguistique. En physique classique, les événements sont considérés comme des séquences causales dans lesquelles les états sont clairement déterminés par les événements précédents et forment une séquence mesurable et déterministe. Cela correspond à la nature séquentielle de la chaîne diachronique, dans laquelle chaque construction de mot ou de phrase est basée sur des connexions logiques et temporellement séquentielles.

En mécanique quantique, cependant, il existe des phénomènes tels que l’intrication qui ne peuvent être expliqués par des principes de causalité locale. Les particules intriquées s’influencent mutuellement d’une manière indépendante de la distance spatiale et sans lien de causalité identifiable. Ce type de connexion acausale reflète la chaîne synchronique dans la structure du langage, où il existe des relations plus profondes, métaphoriques ou symboliques qui ne sont pas directement apparentes dans la séquence linéaire des mots.

En mécanique quantique, la facticité désigne l’état mesuré d’un système qui reflète une propriété concrète et mesurable, comparable au sens explicite, saisi dans l’analyse diachronique d’un texte. La potentialité, quant à elle, comprend l’ensemble des états possibles qu’un système de mécanique quantique peut prendre avant une mesure, représentés par la fonction d’onde. Cet éventail de possibilités correspond à la variété de significations et d’interprétations présentes dans la chaîne synchronique avant qu’une interprétation (apparemment) finale ne soit fixée par le « point de capiton ».

Limites à la transmission d’informations

En linguistique, la structure diachronique se manifeste par l’agencement séquentiel de mots et de phrases qui se construisent les uns sur les autres de manière causale et permettent un transfert direct d’informations. Cette structure est analogue aux états mesurables et causaux de la mécanique quantique, où les événements se déroulent dans une séquence prévisible. Le « point de capiton » de la psychanalyse structurelle permet une fixation temporaire et une transmission apparente du sens au sein de cette chaîne causale. Cette transmission semble concrète et mesurable, mais elle n’est en fin de compte qu’un effet construit et interprétatif — dans le langage de la psychanalyse structurelle, elle est imaginaire.

La structure synchronique, représentée dans le langage par les métaphores et le langage symbolique, reflète un niveau plus profond de liaison de sens qui n’est pas limité par la causalité linéaire. Cette structure est comparable à l’intrication quantique, où les états des particules sont liés d’une manière qui ne permet pas la transmission directe et causale de l’information, comme le décrit le « théorème de non-communication » [4] de la théorie de l’information quantique. Dans la psychanalyse structurelle, le concept de « barrière » entre le signifiant et le signifié forme une limite similaire, car il empêche la transmission directe d’un sens univoque et maintient la communication à un niveau interprétatif et ambigu.

L’analyse diachronique et synchronique, tant en linguistique qu’en physique quantique, montre que, bien que la transmission d’informations dans des structures causales semble possible, elle dépend en fin de compte de processus d’interprétation, eux-mêmes influencés par des facteurs contextuels. Les structures acausales, en revanche, offrent un riche champ de significations potentielles qui ne permettent pas une transmission directe ou univoque. Ces observations mettent en évidence les mécanismes complexes de construction du sens et de l’information dans les deux disciplines et soulignent la profonde interconnexion du langage, de la pensée et de la réalité, remettant en question notre compréhension conventionnelle de la réalité.

L’ontologie quantique et la structure de la réalité

Dans l’ontologie quantique, notamment comme décrite par Hartmann Römer [5], les observables ne sont pas de simples constructions mathématiques qui décrivent certaines propriétés mesurables d’un système physique, mais plutôt des composants fondamentaux qui structurent notre compréhension de la réalité. Ces observables sont étroitement liés aux propositions, qui représentent la connaissance réelle des états d’un système. Chaque proposition indique quel résultat la mesure d’un observable particulier pourrait produire. Elles dépendent donc des observables, car elles n’auraient aucun sens sans eux.

La relation entre observables et propositions montre qu’ils forment une connexion essentielle pour la description des états physiques et pour la compréhension de la structure et de la dynamique du monde quantique. Römer décrit cette connexion comme une « ontologie propositionnelle », dans laquelle le monde n’est pas défini par des faits fixes, mais par des propositions : des énoncés qui représentent des vérités potentielles.

Dualisme des observables et « Ur alternatives »

Les observables de la description de Römer sont dualistes et similaires aux « Ur alternatives » de Carl Friedrich von Weizsäcker [6], qui reposent sur des choix fondamentaux de type oui/non. Cette structure binaire se reflète dans la nature différentielle et discrète de l’inconscient telle qu’elle est présentée dans la psychanalyse structurale. L’inconscient est décrit comme une structure de signifiants qui n’est pas définie par sa propre substance, mais par sa relation et sa différence avec d’autres signifiants.

Coupure épistémique

Dans l’étude de l’ontologie quantique par Hartmann Römer, la coupure de Heisenberg est soulignée comme une ligne de séparation fondamentale dans l’épistémologie. Cette coupure épistémique, qui se situe irrévocablement entre le sujet reconnaissant et l’objet à reconnaître, révèle les limites fondamentales de notre connaissance. Selon Römer, ce qui est reconnu se situe toujours au-delà de cette coupure, tandis que l’instance reconnaissante ne peut jamais se saisir pleinement elle-même et reste limitée au rôle de « sujet transcendantal » qui ne peut transcender sa propre base de connaissance.

Archétypes, signifiants et observables : une similitude structurelle

Dans sa recherche, Hartmann Römer examine le parallélisme intéressant entre les archétypes de Carl Jung et les observables de la physique quantique. Römer soutient que les archétypes et les observables sont structurellement positionnés, pour ainsi dire, à la frontière de la coupure épistémique, la limite qui sépare le sujet reconnaissant de l’objet reconnu. Il affirme que les observables et les propositions doivent être comprises comme les éléments constitutifs du monde quantique qui existent principalement de manière potentielle plutôt que factuelle. Ils se situent au-delà de la dualité subjective-objective conventionnelle et représentent des relations de similarité de type intrication au niveau le plus général.

L’analyse de Römer des archétypes en tant qu’expressions de la potentialité et de la complémentarité des observables quantiques montre la profonde similarité structurelle entre ces concepts. L’ambivalence caractéristique des archétypes reflète la nature dualiste des observables et illustre l’interaction complexe entre structure et sujet.

Dans la psychanalyse structurale, la coupure de Heisenberg est illustrée par l’interaction du signifiant avec l’ordre du réel [Voir référence 1], semblable à une charrue labourant le sol. Cela montre comment le signifiant extrait le signifié (le sens) du réel et comment le sujet est structuré de manière langagière. Une telle dynamique reflète également la division constitutive du sujet, une division basée sur une expérience traumatique et un refoulement primaire. Il en résulte une dynamique du manque et du désir qui persiste sans discontinuer et révèle le réel comme logiquement impossible et non symbolisable.

L’entrelacement du langage, de la psyché et de la physique

L’entrelacement du langage, de la psyché et de la physique, tel que révélé par la psychanalyse structurale, l’idéalisme analytique et l’ontologie quantique, montre que ces disciplines ont de profonds parallèles structurels. L’examen de ces parallèles nous permet de développer une compréhension plus large et plus profonde de la réalité qui englobe à la fois les dimensions physiques et psychologiques. Reconnaître que la réalité est façonnée par des processus complexes et souvent contre-intuitifs qui remettent en question notre compréhension conventionnelle de la causalité et du déterminisme peut conduire à de nouvelles approches et perspectives en science et en philosophie.

La perspective de la formalisation

Pour formaliser davantage les considérations théoriques et les liens entre le langage, la psyché et la réalité physique, divers concepts mathématiques peuvent être utilisés. L’un des outils les plus innovants et les plus prometteurs est l’utilisation d’espaces perfectoïdes [7].

Les espaces perfectoïdes, introduits par Peter Scholze, récipiendaire de la médaille Fields en 2018, sont un concept très abstrait de la géométrie algébrique moderne et offrent de vastes possibilités de modélisation de structures complexes. Dans notre contexte, les espaces perfectoïdes pourraient être utilisés pour capturer et analyser les aspects dynamiques et statiques des structures linguistiques et psychiques.

L’étude des nombres p-adiques, qui forment la base des espaces perfectoïdes, permet de modéliser des structures complexes et des autosimilarités qui reflètent la nature différentielle des signifiants dans la psychanalyse structurale. Les nombres p-adiques fournissent une représentation où le continuum classique est remis en question, de la même manière que le concept d’identité personnelle est problématisé dans la psychanalyse. Les deux concepts travaillent avec des structures qui ne peuvent pas être représentées par une simple ligne continue, mais par un jeu complexe et une interaction d’éléments connectés à différents niveaux. Ainsi, les nombres p-adiques reflètent les propriétés fractales et autoréférentielles des structures signifiantes. Ces concepts mathématiques fournissent une base appropriée pour saisir et analyser formellement les liens entre le langage, la psyché et la réalité physique, en particulier en ce qui concerne les propriétés fractales et autoréférentielles de ces structures.

Conclusion

L’étude des parallèles profonds entre le langage, la psyché et la réalité physique, tels qu’éclairés par la psychanalyse structurelle, l’idéalisme analytique et l’ontologie quantique, nous montre que ces disciplines ne peuvent être considérées isolément. L’examen de ces approches interdisciplinaires permet une compréhension plus complète de la réalité et met en lumière les mécanismes complexes qui façonnent notre conscience et notre perception.

L’exploration continue de ces interfaces améliorera notre capacité à comprendre la nature de la réalité, du sens et de la conscience, et à découvrir les liens profonds qui unissent ces domaines. Cela ouvre la voie à de nouvelles perspectives qui peuvent fondamentalement élargir nos connaissances et nos interactions avec le monde.

Texte original : https://www.essentiafoundation.org/is-reality-made-of-language-the-amazing-connection-between-linguistic-and-physical-structures/reading/

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3 Filk, T., Römer, H. Generalized Quantum Theory: Overview and Latest Developments (Théorie quantique généralisée : Vue d’ensemble et derniers développements). Axiomathes 21, 211-220 (2011). https://doi.org/10.1007/s10516-010-9136-6

5 Quanten, Komplementarität und Verschränkung in der Lebenswelt. Verallgemeinerte Quantentheorie, Lit Verlag Münster, ISBN 978-3-643-5378-4 https://www.anomalistik.de/images/pdf/schriften/perspektiven7_inhalt.pdf (téléchargement gratuit).

7 https://youtu.be/RApkRqoiZ1I?si=9rYnIYKzSulDns7N (une introduction illustrative au sujet)