Robert Linssen : L'Acte suprême

Le Zen et la pensée de Krishnamurti, désignent fréquemment la Réalité fondamentale du monde et de I’ homme comme « Acte Pur ». Malgré les précisions données par D. T. Suzuki et Krishnamurti, nous avons constaté qu’une grande confusion demeure dans de nombreux esprits concernant cet important problème. Cette confusion s’aggrave du fait que le Zen et Krishnamurti affirment catégoriquement l’inexistence du « moi ». Nombreux sont ceux qui tirent deux conclusions erronées a la suite d’une étude trop rapide de ces problèmes. La première erreur consiste à croire que le monde et l’homme sont illusoires (au sens de Maya, tel que le conçoivent les hindous). La seconde réside dans une tendance à supposer que l’Acte Pur n’est qu’un concept abstrait ou encore une Réalité spirituelle existant en dehors des réalités concrètes de la vie quotidienne.

André Niel : Au delà des Sagesses d'Orient et d'Occident: Krishnamurti et la Synthèse de l'Avenir

Quelle sorte de rapports nos religions nous ont-elles permis d’établir avec l’Infini, l’Eternel ? Les rapports imaginaires qui unissent l’inférieur à son supérieur : rapports de frayeur, échanges de menaces et de sacrifices, rapports de bourreau à victime. Mais comment le sentiment de mon rapport à l’Infini n’influerait-il pas sur la nature de mes rapports avec mon semblable ? En définitive, l’individu n’est-il pas, pour un autre individu, le symbole même de l’Insondable, de l’Illimité ? Il n’est pas possible qu’un homme ait des rapports satisfaisants avec son prochain s’il n’en a pas d’harmonieux avec l’Absolu.

Robert Powell : Krishnamurti L’homme et sa pensée

Il me semble qu’il serait difficile de connaître l’homme si nous ne comprenons pas son enseignement. Krishnaji ainsi que certains d’entre nous l’appellent affectueusement — nous parle de la vie envisagée sous l’angle d’une compréhension très vaste, indépendante des points de vue d’écoles ou de systèmes de pensée traditionnels.

Pierre d'Angkor : Sagesse d'Orient et d'Occident

Est-il certain que nos activités mentales soient ainsi, toujours et nécessairement, inspirées par un désir ou un sentiment égoïste ? L’homme serait-il donc incapable d’oubli de soi-même et d’une pensée sincère de désintéressement personnel ? Nos conceptions philosophiques et religieuses sont-elles nécessairement aussi le produit de ces causes subjectives, désir ou crainte, du « moi » ? Sont-elles ces constructions factices d’un mental toujours avide ? N’apparaissent-elles pas, plutôt et depuis les premiers âges, comme les intuitions naïves, vagues encore, et toutes approximatives et symboliques d’une vision directe de l’univers où nous vivons, vision que le mental primitif des hommes s’est efforcé de traduire en des formules le plus souvent puériles ?

René Fouéré : Lettre à Krishnamurti

Maintes fois, rencontrant le mot « conscience » dans vos causeries, je me suis demandé s’il voulait dire conscience en général ou soi-conscience. Il me semble que ce sont là deux choses distinctes. La perception banale d’un objet quelconque, les informations qui nous sont données par nos sens sur le monde dit extérieur ne me paraissent pas pouvoir être confondues avec la soi-conscience. Je pense que ces témoignages des sens subsistent chez l’homme libéré, qu’il est conscient de la fleur qui s’ouvre, du nuage qui passe ou même d’une image intérieure, d’un souvenir en d’autres termes, l’abolition de la soi-conscience ne doit pas entraîner celle de la conscience en général.