Et pourtant, voyez-vous, il y a, à la base de la mentalité chrétienne, quelque chose qui m’est étranger. Radicalement étranger. Comment vous dire ? Je ne sens pas mes racines dans les origines du christianisme. Le fond culturel du christianisme n’est pas le mien. En réalité, je n’ai jamais cessé de m’y trouver sourdement opposé. Je ne m’en rendais pas compte. Mais dans mes idées, mes sentiments, mes intuitions et jusque dans mes manières d’être, c’était une résistance informulée qui se manifestait. L’évidence a fini par m’apparaître sur le tard. Tu n’es pas chrétien, voilà toute ton histoire. Oui, c’est ce que je me dis maintenant. Comment en suis-je venu à comprendre cela ? Et à comprendre qu’à travers moi, c’était l’essentiel du conflit du monde actuel qui se jouait, comme il s’est joué dans l’Occident antique, voici dix-huit siècles ?