Tristan Moyle : Rien de vivant ne m’est étranger

Il y a une différence entre entretenir des relations avec des personnes envers lesquelles nous avons des obligations particulières et vivre dans un monde régi par l’esprit d’amitié. Après tout, nous ne pouvons pas être amis avec tout le monde. Une amitié authentique exige un partage intime de la vie, ce qui limite le nombre d’amis que nous pouvons avoir. Empédocle soutient que l’amitié est possible au-delà de la barrière des espèces, car nous appartenons à des êtres vivants qui partagent le même monde, un monde qui peut être animé, une fois encore, par l’esprit de l’Amour. C’est simplement que nous sommes trop aveugles pour le voir, car nous sommes naturellement attirés par la discorde vers ce qui nous est familier et confortable, vers ceux qui sont « comme nous ». La bonne façon de surmonter nos préjugés est d’être avec l’autre qui nous semble étranger…

Darcia Narvaez : Se souvenir des voies de la nature

Mais nous, nous sommes tombés dans le domaine du cerveau gauche, dans la pensée abstraite, la tour d’ivoire, et nous pensons que cela suffit : penser. Or, dans les traditions de sagesse du monde entier, cela est considéré comme dangereux. Penser est dangereux, car on en vient à croire que c’est ce que nous sommes : une activité mentale détachée. J’appelle cela « l’imagination détachée » : détachée des relations présentes, détachée des émotions. On crée un modèle abstrait, et on veut ensuite l’appliquer au monde. Le mode de pensée du cerveau gauche ne se soucie pas de savoir si cela fonctionne ou non.

Colin Todhunter : L’imagination agraire : la cage de fer de l’agrorationalité et le souterrain moral de Dostoïevski

Alors que l’agrarianisme enracine l’agriculture dans la communauté, l’éthique et le soin du sol, offrant une vision morale et culturelle de l’agriculture, l’agroécologie politique met ces valeurs en pratique, montrant comment les communautés peuvent organiser collectivement l’agriculture pour soutenir les populations, l’environnement et le contrôle local de l’alimentation. Elle partage avec l’agrarianisme l’accent mis sur la décentralisation, le travail coopératif et le lien culturel à la terre, mais l’agroécologie politique ajoute des outils de transformation systémique, combinant science écologique, mobilisation locale et action politique pour faire progresser la souveraineté alimentaire.