Pierre d'Angkor : Religion et théosophie

Si l’on considère depuis ses origines le passé religieux de l’humanité, l’on constate qu’elle s’est toujours trouvée divisée en deux grandes catégories opposées : les agnostiques et les croyants. Les grandes religions historiques qui se succédèrent eurent toutes leurs sceptiques, leurs incrédules. De nos jours, beaucoup de théosophes étaient des agnostiques, des esprits areligieux. Ils ne sont venus à la théosophie que parce que leur esprit philosophique a été écœuré par les insuffisances, ou effrayé par les dangers, que présente une science purement matérialiste, ou parce que leur attention a été attirée par des phénomènes parapsychiques ou paranormaux que la science officielle n’explique pas. Quant aux croyants des diverses religions, sous l’empire de leur raison critique, analytique et discursive, ils ne tardèrent pas à se diviser eux-mêmes, à s’opposer en sectes rivales, prétendant chacune être dans la vérité, sectes où le fanatisme aveugle apparaît toujours en rapport avec l’étroitesse et l’irrationalité des dogmes définis, la foi qui ne discute pas étant alors la condition nécessaire pour les faire accepter.

Pierre d'Angkor : Religion et Civilisation mondiale

Il est difficile pour qui a reçu la formation Chrétienne et qui, depuis l’enfance, a été élevé dans la chaude atmosphère conformiste d’une famille de tradition catholique, de faire abstraction, ne fût-ce qu’un instant, des mille souvenirs et liens sentimentaux qui le rattachent par ses fibres les plus secrètes à sa foi ancestrale, pour envisager avec le calme et l’objectivité qui conviennent le problème qui se pose, et émettre un jugement qui ne soit pas influencé de façon inconsidérée par les habitudes de son esprit ou les entraînements de son cœur.