Puisqu’il y a un « espace aveugle derrière tout espace rempli », Törless « voit les choses sous un double aspect, toutes les choses et aussi bien les pensées ». Mais l’esprit mis sous cette tension dédouble de plus en plus fortement chacune des situations. Ce qui est obscur, ce qui est non rationnel l’est au point où ça échappe radicalement aux réseaux d’intelligibilité et où ça perdure et ressurgit après même que ç’ait fécondé, par voie de défi, la connaissance rationnelle : « aussi clairement que je sens une pensée prendre vie en moi, je sens « ce quelque chose » en moi s’éveiller à la vue des choses, au moment où les pensées se taisent. C’est quelque chose en moi d’obscur, au-dessus des pensées, je ne le puis mesurer rationnellement, c’est une vie que les mots ne cernent point et qui est pourtant ma vie »
Catégorie : Education
Jacques Ardoino : L'éducation minuscule ou la pédagogie à fonds perdu
Hors de ces péripéties, tenant lieu d’essentiel, l’éducation se contente du statut médiocre que lui assignent nos sociétés. Sans doute pour être finalement plus « domesticatrice », selon l’expression de Paolo Freire, l’économie attend d’elle des tâches ancillaires, serviles, autrement dit : une fonction « domestique ». Il n’y a pas et il n’y aura sans doute jamais de « Prix Nobel » de l’éducation. Il y a peu de politiciens de métier, ayant quelque talent, prêts à consacrer du temps et de l’énergie à ce travail herculéen. Peu importe si, parallèlement, le gâchis social s’accroît, au fil des décennies ; si les problèmes éducatifs rebaptisés pour la circonstance : « problèmes de civilisation » (délinquance, violence, toxicomanies, prostitution, etc.) s’accumulent et sont confiés, pour être commémorés plutôt que traités, à des commis ad hoc (M. « Drogue », Mme « Prostitution », etc.) ; si des pays technologiquement avancés comme le nôtre se retrouvent finalement en état de désalphabétisation croissante.
Élisabeth Andrès : L'enseignement de demain
L’éducation doit s’appuyer sur les vertus communes des enfants, leur faculté d’émotion, d’enthousiasme, d’amour (on ne peut séparer en eux intelligence, curiosité et affectivité), leur faculté d’intérêt non pas sous la forme d’une réussite codifiée, préalablement définie, visiblement rentable, comme l’exige l’adulte, mais dont le critère est d’avoir compris quelque chose et d’y trouver du bonheur.
Henri Go : Célestin Freinet, l’éducation selon la vie
On constate à quel point la visée de Freinet est AUTRE que toutes les visées communes en matière de « pédagogie ». On est confronté ici à une prise en compte globale de l’être : matériel (physique, psychique) et spirituel. C’est en fait que Freinet porte son attention sur ce qui peut opérer l’UNITÉ en l’individu, ce qui est partout dans les manifestations extérieures, ce qui n’est nulle part au plus profond : le principe énergétique. Ce principe est beaucoup plus que ce que la psychanalyse pourrait nommer, il dépasse aussi largement ce qui serait comme une « conscience de classe » chez les enfants du peuple… Il est cela, mais il est plus que tout cela : Freinet le nomme la vie. La vie cherche sa réalisation. C’est le principe. Toute la réalité extérieure n’est que le décor ou le prétexte du processus.
Simonne Fabien : Pour que l’enfant reste uni à son «moi»
« Si vous ne changez pas et ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas au Royaume des cieux », enseignait le Christ. Qui tient encore compte de cette parole ? Allègrement, nous saccageons la perception qu’ont les petits enfants du « sens caché des choses » (si nous admettons qu’ils voient « le roi nu », l’idée ne nous vient pas de tenter de discerner comment nous y prendre pour qu’ils soient capables de toujours et encore le voir nu), ce sens qui les unit à la Connaissance, à une Connaissance immédiate et globale de la Réalité derrière les réalités.
François Reingold : Pour une pédagogie du non-savoir
Au même moment en effet, les systèmes techniques, économiques, scientifiques abandonnent progressivement aux machines programmées l’exercice du raisonnement binaire dans leurs opérations les plus complexes : analyses complètes des données, synthèses, critiques, corrections, auto-reprogrammations. L’esprit humain se voit confronté dans tous les domaines à l’obligation d’une pensée ternaire qui consiste pour l’essentiel à intégrer aux éléments d’un raisonnement binaire la donnée complémentaire et extérieure d’un concept ou d’un système englobant.
Michel Paillou : Qu'est-ce donc la pédagogie ?
Cette pédagogie, dans laquelle on parlerait « d’attracteurs », d’« états », d’« espace d’état », de « processus de concrétisation », de « synergie fonctionnelle », de « progrès mineur continu » ou « progrès majeur discontinu », prendrait une curieuse allure. Elle deviendrait une nouvelle science. Se pourrait-il qu’on la démontre, un jour, pédago-dynamique quantique ou quelque chose d’analogue ? Conserverait-elle, ainsi que cela s’est passé en physique, la pédagogie actuelle voire même ancienne à titre de « cas particuliers » ? Cela permettrait-il à chacun de sortir de la dualité plus ou moins, inférieur ou supérieur, et de se reconnaître enfin complémentaire ? Cette pédagogie permettrait-elle d’établir des sous-systèmes plus simples et efficaces, pouvant être appliqués avec profit dans les pays du tiers monde ? Saurions-nous enfin ce que nous faisons et où nous allons en pédagogie ?
Micheline Flak : Le Yoga à l'école pour développer l'attention
Sous couvert de vitesse et de consommation passive les jeunes se sont laissés dépouiller du temps du rêve et de l’aptitude à inventer. Les enseignants ont beau faire : ils affrontent des enfants qui ne peuvent plus tenir en place et qui rappellent immanquablement l’image symbolique du singe ivre, évoquée dans les textes tibétains comme parangon du mental débridé. La sagesse traditionnelle, comme nous le verrons, a toujours insisté sur la nécessité de reconditionner l’attention avant de songer à restructurer les couches profondes de la personnalité.
Jean Biès : À l'école de L'Humanité Nouvelle
La pédagogie officielle fait de l’école, pour cette majorité d’enfants dont on se dit soucieux, un monde où l’on s’ennuie, parce qu’en dehors des contrôles qu’elle exerce et des diplômes qu’elle décerne, on ne la voit proposer aucun idéal de réalisation ou de dépassement, investir d’aucune mission, d’aucun message. Si elle n’est plus lieu de supplices, elle n’est sûrement pas jardin de délices : aux grincements de dents ont succédé la platitude et la monotonie, que seule parvient à transmuer en allégresse la sonnerie des fins de cours…
Andrée Bertin : La vie de l'enfant avant la naissance
Une mère ainsi attentive aux mouvements de l’enfant avec lequel elle a une communication aussi profonde, au moment de l’accouchement aidera la progression de son enfant, guidera sa venue au monde dans la douceur et la sécurité. L’affirmation affective de ces jeux tactiles répond à un « besoin vital primaire » de l’enfant. Il connaît alors un développement postnatal plus rapide et plus harmonieux. Quant au lien d’attachement parents-enfants, il se met ainsi en place précocement et dans la joie.