Charles Burniaux : La pensée d'Héraclite

Il était surnommé l’OBSCUR et, bien que la concision et la densité de sa pensée fussent inimitables, comme le souligne DIOGENE LAERCE, il en avait volontairement atténué la transparence et l’éclat afin que seuls puissent y avoir accès, ceux qui étaient capables de le comprendre. C’est ainsi qu’il disait : « Ceux qui recherchent de l’or remuent beaucoup de terre et trouvent peu de métal » (22); ou encore : « Les ânes préfèrent la paille à l’or » (9).

Jean Biès : Modalités fondamentales d'une réforme intellectuelle

Dans l’état d’extrême confusion où, par une série de processus répertoriés, l’humanité se trouve aujourd’hui parvenue, il semble évident qu’à moins d’une destruction définitive de la planète, la seule issue réside en un total retournement des mentalités, dont les intellectuels, ou une partie d’entre eux, auraient à prendre l’initiative. En amont des Droits de l’Homme, ce retournement ne peut être qu’une proclamation des Droits de Dieu en tant que manifestation d’infini, de beauté et d’intelligence, possibilité d’enracinement et de relation, épanouissement des dons, remise en ordre des priorités essentielles, dépassement des opposés, prémices et promesses d’une réalisation spirituelle.

A. - M. Cocagnac : L'église et les mystères perdus

L’homme connaît, au cours de sa vie, plusieurs âges critiques. « Critique » signifie ici « qui contraint à choisir ». L’adolescent, l’adulte, l’homme sur son déclin se trouvent acculés à de telles déterminations. Cette « critique » alors semble dure, elle suppose des éliminations douloureuses. Elle doit écarter le relatif pour découvrir l’essentiel. L’enfant abandonne un certain droit au jeu, l’homme mûr quelques illusions du pouvoir et le vieillard l’espoir d’être temporellement immortel. L’Eglise connaît aujourd’hui un âge critique : c’est la preuve de sa vie. Si le terme d’autocritique n’était pas, parfois, si malsonnant, il faudrait l’appliquer à l’urgent discernement qui s’impose maintenant à sa conscience.

Pascal Ruga : Les ailes du vivant

Chacun ne peut aller à lui-même que par son propre chemin, plus il avancera, plus il découvrira qu’il aborde à la vision du SANS-MESURE, dans un océan où les choses ne se voient plus de la même façon que du temps où il les poursuivait toujours vainement. Tout à coup, les choses ne sont plus divisées par l’infinitude de leurs formes et de l’antagonisme qu’elles entretenaient pour subsister. Elles ne se fragmentent plus, elles ne sont plus affaire de conscience ou de mémoire, en elles, il n’y a ni arrivée ni départ…

Tchalai Dermitzel : Le jeune, ses raisons, ses formes, ses traditions

Une impression de confusion se dégage tant les jeûnes en question apparaissent comme différents dans leur principe, leur finalité, la façon dont ils sont conduits, depuis la diète (bénéfique au changement de saison) en passant par la purification intérieure et la résistance passive. Le jeûne du Christ dans le désert est-il le même que celui de Mahomet, de Moïse, de Gandhi ? Sur quoi le jeûne est-il fondé et qu’est-il exactement ? Le simple fait de poser cette question amène une première réponse : le jeûne est équivoque dans toute l’histoire spirituelle de l’humanité.

Robert Linssen : Manifeste du « vivant » (extraits)

Mais au risque de faire scandale — et c’est souvent utile — nous déclarons que — du point de vue spirituel et par contraste au VIVANT — la pensée dans son état actuel de fonctionnement fait figure de déchet, de matière fécale psychique (pour ne pas être inconvenant). Et ce sont ces résidus psychologiquement mal odorants que la plupart des psychanalystes, les adorateurs des symboles, remuent afin d’en faire ressurgir le VIVANT. Le processus qui, partant du VIVANT arrive au résiduel est irréversible. Les vrais alchimistes le savent fort bien.

S. Devoldre : Article ou pas article (koan)

J’aurais aimé écrire un article différent des autres. Sans références, sans envolées lyriques, sans concepts physiques ou autres. J’avais estimé dans un premier temps que le meilleur article qui abonderait entièrement dans ce sens, serait un article sans phrases, sans mots.

Louis Pauwels : La distance et la sérénité

Vivre en cherchant le suprême bien dans l’égalité d’âme. Egalité d’âme en toutes circonstances dans ce monde. Egalité d’âme dans les combats. Egalité d’âme dans les chagrins et les bonheurs, les misères et les fastes de ce monde. Certainement, il y a la société, il y a la politique. Mais, ou bien je ne suis qu’un homme-dans-l’histoire, et je n’existe que par mes engagements. Ou bien ma part la plus profonde n’est pas dans l’histoire. Et, dans ce cas, je donnerai au monde, à la société, à la politique, à l’histoire ce qu’il faut bien donner. Mais à distance et sans passion. Il m’arrivera de prendre parti. Mais je douterai d’avoir raison. Il m’arrivera d’agir. Mais je douterai des fruits de l’action. Et s’il arrive que j’y mette de la passion (sait-on jamais !), il y aura encore ma part profonde qui ne se passionnera pas pour cette passion.

Pascal de Neufville : Souffrance et image de soi

Alors, amie, accepte de te noyer dans ce jeu électronique fou, si tu as bien compris, que tu n’es pas séparée de ces images, que tu es ces images, ces souffrances ou ces plaisirs, que toutes ces images quelle que soit leur nature ont une origine purement mécanique, que toute action en vue de les transformer en autre chose « de plus ou moins que »… est parfaitement illusoire puisque l’entité qui veut transformer est une création de ces mêmes images et que le but à atteindre n’est qu’une autoprojection du passé, alors, cette solitude accablante, ce désert rocailleux, seront la pâte et le levain d’une vie nouvelle, la banquise va se mettre à fondre, le miroir va se fêler, et tu laisseras l’amour réchauffer ton cœur.