Nous avons insisté sur le fait que « la nature profonde des choses » dans le bouddhisme est non seulement physique mais aussi psychologique et spirituelle. Elle échappe d’ailleurs complètement à nos catégories habituelles. Par l’obéissance à la nature des choses, le bouddhiste ne cédera donc pas systématiquement aux sollicitations des exigences corporelles, ni aux appétits de l’égoïsme. Il est important de noter que le comportement du bouddhiste n’est en aucun cas la conséquence des impératifs arbitraires résultant d’une révélation surnaturelle.
Les maîtres du Zen n’ont rien à « défendre » pour la raison très simple qu’ils ne possèdent rien. Ils nous enseignent que la sagesse consiste à « ne plus chérir d’opinions ». La loi essentielle de l’esprit est pure Liberté. Une telle affirmation n’est pas un concept. La Liberté véritable ne se « conçoit pas ». Elle se vit, et ne peut se vivre que lorsque cessent les concepts.
Les Occidentaux, et ceux qui en Orient leur emboitent le pas, sont enclins à s’enorgueillir de ce qu’ils envisagent maintenant le monde avec les yeux de la « science » et de ce qu’ils ont mis au rebut, pour ce qui concerne la vie pratique, la plupart des conceptions mythologiques, religieuses, philosophiques, qui jadis servaient de guide aux hommes. Ils ne se laissent guère troubler par le fait que la science occidentale n’en est encore qu’à ses premiers bégaiements. La toute récente découverte de l’énergie atomique, loin de nous enorgueillir, aurait dû nous aider à comprendre l’étonnante exiguïté du domaine sur lequel portent actuellement nos connaissances scientifiques. La rapide succession des théories par lesquelles on explique la composition même de la matière n’est pas moins déconcertante que l’ignorance congénitale dans laquelle reste la science en ce qui concerne l’origine et la fin ultime de cette même matière et la nature même de tous les phénomènes et de toutes les substances qui ne relèvent pas du domaine purement matériel sur le plan que nous appelons « ici-bas ».
Le Zen et la pensée de Krishnamurti, désignent fréquemment la Réalité fondamentale du monde et de I’ homme comme « Acte Pur ». Malgré les précisions données par D. T. Suzuki et Krishnamurti, nous avons constaté qu’une grande confusion demeure dans de nombreux esprits concernant cet important problème. Cette confusion s’aggrave du fait que le Zen et Krishnamurti affirment catégoriquement l’inexistence du « moi ». Nombreux sont ceux qui tirent deux conclusions erronées a la suite d’une étude trop rapide de ces problèmes. La première erreur consiste à croire que le monde et l’homme sont illusoires (au sens de Maya, tel que le conçoivent les hindous). La seconde réside dans une tendance à supposer que l’Acte Pur n’est qu’un concept abstrait ou encore une Réalité spirituelle existant en dehors des réalités concrètes de la vie quotidienne.
Quelle sorte de rapports nos religions nous ont-elles permis d’établir avec l’Infini, l’Eternel ? Les rapports imaginaires qui unissent l’inférieur à son supérieur : rapports de frayeur, échanges de menaces et de sacrifices, rapports de bourreau à victime. Mais comment le sentiment de mon rapport à l’Infini n’influerait-il pas sur la nature de mes rapports avec mon semblable ? En définitive, l’individu n’est-il pas, pour un autre individu, le symbole même de l’Insondable, de l’Illimité ? Il n’est pas possible qu’un homme ait des rapports satisfaisants avec son prochain s’il n’en a pas d’harmonieux avec l’Absolu.
Trop souvent dans la vie courante on rend « détachement » synonyme d’« indifférence » et c’est ce qui vous fait croire à la sécheresse de cœur quand on parle d’abolir les points privilégiés ; mais ne faut-il pas, croyez-vous, un cœur mille fois plus généreux, plus noble, plus large, plus magnanime pour aimer de façon absolument désintéressée, sans exiger quoi que ce soit en retour ?
Un moi aussi vulnérable à l’action de la moindre drogue, un moi qui ne subsiste que grâce à la complicité des hasards matériels, n’est-il pas une dérision ? Quelle et la valeur d’une personnalité dont les résolutions conscientes et prétendues raisonnables, dont les agissements coutumiers et caractéristiques peuvent être battus en brèche par quelques milligrammes ou quelques grammes d’un réactif approprié ?
L’Univers doit son sens à l’immortelle conscience; il doit son existence à l’individu mortel.
La vie et la mort de l’individu sont les pôles du temps: le Moi et l’Autre existants sont les pôles de l’espace.
Ce n’est pas le non-être qui rompt la totalité de l’être, c’est l’autre-être, dans l’espace-temps.
Dans ce qui va suivre nous entendrons par « acte » non pas simplement un geste, un mouvement physique ou mental isolé, mais aussi bien tout ensemble d’opérations matérielles ou psychologiques réalisant un changement caractérisable et signigificatif, un changement exprimable en termes d’intention ou de fin particulière.
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