Le Son de l'Âme entretien avec Jean During

On peut s’appuyer sur une icône comme support de méditation, comme cela se pratique dans le Christianisme, particulièrement en Grèce, mais la musique, elle, joue sur plusieurs plans à la fois. On y trouve la dimension du temps, celle de l’espace, de l’espace sonore, tous les niveaux de l’être que nous évoquions à l’instant ; ce pour­quoi on arrive plus facilement à une expé­rience totale… … La thèse qui sous-tend les musiques spirituelles dans tout l’Islam, depuis les premiers textes soufis jusqu’aux derniers maîtres contemporains — tous sont unanimes sur ce point — est qu’il existe des sens spirituels.

Dominique Dussaussoy : Le souffle et le miroir

De la préhistoire la plus reculée à nos jours, jamais, dans aucune culture, cette foi en la puissance musicale ne s’est affaiblie. Les chamanes sibériens battent tou­jours le tambour sur cadre et les Indiens entonnent leurs chants du peyotl. Partout, on fait de la musique. Pour élever l’âme, exalter les émotions, bercer, charmer, mar­cher, danser, travailler, rêver. Et chacun saisit intuitive­ment que ce pouvoir musical est le plus grand qui soit, le pouvoir même du verbe : le pouvoir de créer.

Un autre regard, entretien avec J.H. Lartigue

La photo, l’écriture, la pein­ture, c’est pareil. C’est un cachet d’aspirine qu’on prend quand on peut saisir un tout petit peu de ce qui passe. Ça vous calme. Je souffre quand la nature est trop belle. Supposez qu’on m’em­mène en voiture et que je tra­verse des bourgs, des champs de blé sauvages ; alors, je deviens de mauvaise humeur avec les passagers qui ne compren­nent pas pourquoi. Et c’est parce que je laisse tout ça se perdre.

Michel Random : Borobudur: le mandala, la vision, l'illumination

Le mandala est par excellence le support qui permet de transmettre la doctrine secrète. Il sert d’enseignement initiatique, il produit et conduit à l’état d’Eveil. Il est très probable que le monument a été construit sous la direction de moines bouddhistes et que son architecture revêt dans ses plus petites parties une science et une philosophie spirituelle cachée. L’influence et les emprunts à l’art Indou sont d’autant plus apparents que ce sont effectivement des hindouistes qui ont certainement achevé Borobudur après la brusque chute de la dynastie des Sailendra.

Michel Guillaume : L'importance spirituelle de l'art

L’Art véritable est une nourriture et un réconfort pour l’être intérieur de l’homme, qui ne trouve pas sa subsistance dans la vie telle que nous la menons. Cette vie nourrit notre corps et un peu notre esprit (et encore, parfois par de bien indigestes nourritures). Elle ne nourrit en rien ce qui est plus profond en nous, et crie famine – ou s’atrophie. Pourquoi la musique de Beethoven est-elle si émouvante ? Pourquoi frappe-t-elle si juste?

Michel Random : Peintures alchimiques : des fresques de Cimiez à Jean-Marie Pierret

Le secret alchimique réside dans la compréhension des propriétés de la matière. Pour l’alchimie la matière est le résultat d’un processus dont l’origine est le Mouvement lui-même. Montrer la qualité des énergies, ce qui les unit et ce qui les divise, comment les comprendre comme un seul corps vivant, et comment traiter avec ce corps vivant en respectant les lois d’harmonie voilà l’essence de l’alchimie. Si les physiciens sont nombreux aujourd’hui, l’alchimiste est rare. Et surtout l’alchimiste hermétique qui connaît et utilise les symboles à la fois comme modèles énergétiques, comme langage allégorique et comme réalité prophétique. Le vrai alchimiste est un homme de pouvoir, de savoir, et possède la divination intrinsèque : celle qui découle de la nature des choses. Ce sont les propriétés incluses dans les choses elles-mêmes qui nous disent ce qu’elles sont et en situent les effets dans ce que nous percevons comme l’espace-temps.

Jean-Louis Victor : L’étrange cas de Lesage

« Ce qui frappe tout d’abord le spectateur devant le tableau de Lesage, c’est la profusion, la richesse prodigieuse, l’originalité des ornements et la minutie presque acrobatique du détail. Mais il ne faut pas s’arrêter à cette habileté, et il suffit de se reculer un peu pour se rendre compte que la composition d’ensemble est impeccable, les coloris sont harmonieux et les masses s’équilibrent parfaitement. Ce chef-d’œuvre de patience, cette miniature d’une finesse unique en son genre se révèle à l’examen d’ensemble un grand tableau admirablement composé dont peu à peu le charme vous envahit, charme étrange, inquiétant, qui, si vous le laissez agir, fera paraître à vos yeux éblouis une immense et merveilleuse construction architecturale conçue dans on ne sait quelle lointaine planète ? C’est un temple avec ses voûtes, ses colonnades, le détail de ses galeries et de ses frises. C’est la façade d’un hallucinant palais des Mille et une Nuits qu’on aurait entièrement terminée et posée sur le sol et qui, peu à peu et d’un seul bloc, s’élèverait lentement vers le ciel ! Où est l’auteur mystérieux de cet angoissant palais, quel est le génial architecte de ce temple inconnu ? »

Michel Random : De la vision alchimique des fresques de Schifanoïa à la vision contemporaine de Ljuba

Il n’a aucune idée a priori, il n’a pas envie de peindre un sujet bien défini. La toile blanche est un monde ouvert devant lui, comme le Vide nous entoure, le blanc entoure Ljuba. Il se tient devant sa toile comme un méditant devant Bouddha. Il approche timidement une première touche de couleur. Il affronte son vide. Est-il présent à lui-même ? Si oui, alors touche après touche la première couche de couleurs apparaît, sinon il efface et attend le moment propice. Sur cette première couche de couleurs vibrées, une deuxième, puis une troisième couche déterminent à la fois une lumière, une couleur, et de ces transparences successives voici que se dessinent les formes et les visages, les paysages et les objets fantastiques qui émergent, venus des profondeurs, de ce blanc sous-jacent à toutes choses qui s’est progressivement organisé.

Alain Brêthes : Des musiques pour communiquer avec soi-même

La plupart de ces musiciens développent un type de musique susceptible de cicatriser les plaies occasionnées par les bruits discordants de notre société, la course effrénée vers un idéal douteux, le matérialisme et l’intellectualisme outranciers, signes évidents d’une société malade en totale disharmonie avec les lois naturelles de l’univers.