DANS la vie quotidienne, dans la vie professionnelle et sur le plan intellectuel pur, la Mémoire, sous toutes ses formes, n’est pas simplement souhaitable, elle est absolument indispensable et l’élément premier de toute réussite. Dès le plus jeune âge, l’individu doit, sous peine d’exclusion de la vie sociale, s’adapter aux coutumes de son milieu, les faire siennes, les assimiler, réagir suivant un véritable code qui le classe comme être social, membre d’une société déterminée. Nous verrons que sans Mémoire il n’est pas d’habitude, ou, si l’on préfère, que l’habitude n’est qu’une sorte de Mémoire.
Catégorie : Essais
Michael Alwany : Je pense, donc je ne suis pas
Je veux comprendre. Je veux comprendre ma pensée. Pas le contenu de ma pensée, ce qu’est la pensée. Je pense à propos de ma pensée avec ma pensée. Comment, alors, puis-je, être objectif ? Évidemment, ce n’est pas si facile. De même qu’il m’est difficile d’être objectif à propos de ma colère quand je suis en colère, de même il m’est difficile d’être objectif à propos de ma pensée quand je pense. Je peux l’analyser, bien sûr. Cela je peux. Je pourrais citer des philosophes et des psychologues par douzaines si je voulais en faire la recherche. Mais cela ne m’intéresse pas. Je ne m’intéresse pas aux théories sur la pensée, sur ce que disent les autres sur la pensée, sur l’acte de penser. Je répète : je ne veux pas l’analyser. Je veux l’expérimenter. Je veux la voir — comment ça marche, ce qui la met en marche, en quoi elle consiste. Qu’est-ce que c’est la pensée ? Qu’est-ce que ça veut dire, penser ?
René Faure : L'expérience du désert
Les êtres et les choses, les évènements de la vie, perçus isolément, fût-ce avec le meilleur esprit critique et de synthèse, laisse l’homme dans une sècheresse intérieure. Et il n’est pas mauvais qu’il fasse l’expérience de son désert intérieur, quelle que soit la manière dont il vit et comprend les choses qu’il vit. Jusqu’à ce qu’il y ait une acceptation, même inavouée, de ne pas comprendre. Non pas un refus de comprendre, mais une acceptation de ne pas comprendre…
Claude Gregory : Illusions quant à la lumière
Au lieu que les rayons lumineux venus frapper la chose, et réfléchis, réfractés ou diffusés par elle pénètrent dans l’œil, c’est ici le contraire qui se produit : la vision n’est nullement l’effet d’une propagation parvenue jusqu’à nous. Il n’y a de visuel que projeté. Et la lumière, milieu isotrope imperceptible, donne leur teinte au ciel et à la terre suivant la saison, le cours des astres et l’heure, conformément à l’ordre du monde. Ce lait cosmique invisible lui-même, qui nous abreuve et nous baigne, nous fournit la possibilité et les occasions de la vision que, pour ainsi dire, il porte.
le pasteur Jean-Marc Charensol : La prière dans la vie du chrétien
Si chacun sait ou croit savoir ce qu’est la prière, il y a, en fait, tant de différences et de nuances parmi les prières qui montent vers la ou les divinités, qu’il est nécessaire de définir sur quoi portera notre étude. Qu’est la prière chrétienne ? Quelles sont ses caractéristiques ? Au lieu d’apporter une définition massive, nous procéderons par touches successives et nous constaterons que les premiers traits qui nous frappent appartiennent au domaine de la vie consciente et volontaire.
Avant le silence

Quel est exactement la nature de l’esprit ? En résumé, l’esprit n’est autre que la connaissance de soi. Se connaître, c’est reconnaître le jeu de la conscience, être conscient des impressions reçues ou des images captées par elle. Etre conscient de ce jeu, est une expérience absolue et pure, qui n’enferme ni sujet « connaissant », ni objet « connu ». Ces deux éléments se sont fondus en une seule entité : le sentiment pur. Les sages du bouddhisme et ceux de toutes les religions, ont prouvé au cours des siècles le caractère intrinsèque et indivisible de cette entité.
Michel Waldberg : Alchimie de Jung

Dans cette perspective, l’inconscient cesse de paraître — ou de disparaître — à la façon d’un iceberg (contre lequel le navire investigateur vient s’écraser) ; l’inconscient n’est pas une hypothétique « concrétion », mais au contraire un processus, de sorte que loin de se tenir dans le statique rapport d’antagonisme sous lequel on se représente ordinairement sa fonction (comme négatif d’un positif qui serait le conscient), l’inconscient tout au contraire médiatise le conscient lui ouvre les espaces que sa « myopie » congénitale lui annule ordinairement, provoquant ainsi « une évolution, voire une métamorphose véritable de la psyché ».
Rui da Silveira : Théorie des catastrophes : Une approche systémique pour une topologie de la réalité
La théorie de Thom connaît par ailleurs des applications remarquables dans différents domaines, dont la physique (thermodynamique, théorie de la stabilité, optique, par exemple). Je voudrais quant à moi essayer de faire partager au lecteur toute l’élégance et la simplicité qui se dégagent des applications de la théorie à un domaine qui nous est particulièrement familier et auquel nous sommes tous sensibles : le monde des formes.
Gilbert Durand : De la psychologie des profondeurs à une sociologie profonde

Cette « psychologie des profondeurs » dont le but n’est pas de chasser les images réduites à des fantasmes mais bien au contraire de pêcher dans les eaux profondes du fleuve héraklitéen des configurations constitutives de la substance même du moi, le soi psychique, on peut se demander dès lors si elle ne consonne pas avec une sociologie profonde puisque finalement ce sont des images culturelles qui constituent la réalité thérapeutique et psychagogique de l’âme.
Françoise Bonardel : «Heureux qui comme Ulysse»... ou les rapports de la philosophie hermétique et de la psychologie des profondeurs dans l'œuvre de Jung

Sur un autre plan, plus historique et culturaliste, Jung opère aussi en hermétiste. Car ayant montré les similitudes existant entre les images issues de l’inconscient de ses patients et celles, parfois très anciennes de l’alchimie, c’est un autre lien que Jung a restauré, qui est également reconstitution d’une vision plénière de l’homme. Le rationalisme progressiste du XIXe siècle, dans sa grande entreprise de nettoyage intellectuel, n’avait été nullement gêné de jeter au rebut ou de ravaler au rang de curiosité, les produits de la fantaisie et de la pensée prétendue obscurantiste des alchimistes.