Voir. Savoir. Passer cette porte des nuages mouvants que le chamane huichol évoque dans sa longue pérégrination vers la terre sacrée du peyotl. « Nous devons aller et voir notre vie », dit-il. Là, retour à la demeure divine, à l’espace mythique, où la vision divinatoire est la lecture des signes du Temps Primordial, temps de l’origine de toutes choses. Sur la terre du Jicuri, le peyotl parle, chante et danse. La communauté entre dans l’orbite du « rêve les yeux ouverts ». Ouverture de la plante élue qui lève le voile de l’amnésie tissée par les sens. Ainsi les indiens Tukano prennent-ils du yage pour retourner à la matrice, au tréfonds de l’origine, ainsi les Zunis pénétrant dans le Royaume des plumes, ainsi la prêtresse de Delphes respirant la fumée des graines de jusquiame et prononçant l’oracle.
Zéno Bianu : L'esprit plante
