C’est dans cet hôpital d’Ismaïlia que je devais faire la connaissance du Docteur Godel dont je ne savais à cette époque que ce que savait tout le monde autour de moi, qu’il s’agissait d’un cardiologue réputé, d’un professeur vénéré par ses élèves, et de plus d’un humaniste estimé par ce que le pays comptait de véritables hellénisants. J’ignorais que, nonobstant ses nombreux voyages en Grèce d’abord, et ailleurs, sa curiosité en éveil l’avait incité à aller étudier, en Inde même, auprès de maîtres spirituels vivants, cette fameuse pensée millénaire, ou plutôt cette sagesse millénaire au-delà de toute pensée dont, quelques années auparavant j’avais eu le privilège d’approcher un des plus nobles représentants, je veux parler du Swami Siddheswaranda, grâce auquel, pour la première fois, la spiritualité indienne pour moi prenait chair. Sa rencontre préludait à une autre rencontre, celle de Roger Godel. Celui-ci, en effet, ayant appris l’intérêt que je portais à cette recherche, m’avait spontanément invité à venir le voir, et c’est de cette époque que date une amitié qui ne s’est jamais démentie depuis, et une connaissance que j’ai toujours aimé approfondir de l’homme et de son œuvre.
Catégorie : N-P
Jacques Oudot : Des rives de l'inconscient à la dérive des consciences
Mais le paradoxe est tel que si la notion d’inconscient nous conduit à plus d’humilité et de finesse dans nos réflexions sur la communication, l’église psychiatrique semble avoir développé la qualité inverse : l’orgueil démesuré de vouloir rendre conscient tout et tout, comme si la reconnaissance du secret nécessaire devait conduire à la connaissance de ce secret ! Est-ce à dire que l’essai de comprendre l’inconnaissable est toujours entreprise luciférienne ? Est-ce à dire que toute science est prométhéenne ?
Jean-Émile PIRON : Note sur la cosmologie de P. Lecomte du Noüy
Prenons mille billes de plomb que nous lâcherons dans l’air au même moment. Elles se dirigeront toutes vers un point idéal, situé à peu près au centre de la terre, en négligeant les causes de déviation. Or, si nous avions voulu considérer le problème abstraitement et indépendamment des forces de la pesanteur, nous aurions pu assigner comme directions possibles à nos billes toutes les directions de l’espace, en nombre infini. Qu’une bille suive ce que j’appelle la verticale, voilà un hasard, mais que mille, mais que toutes prennent la même direction, voilà un anti-hasard. Celui-ci ne paraît donc être guère autre chose que l’application d’une loi située à l’échelle supérieure de celle du phénomène étudié, pour l’esprit qui l’envisage. Si nous abstrayons de l’univers réel l’objet auquel nous apportons notre attention, il n’obéira plus qu’au calcul des probabilités, mais nous aurons négligé toutes les causes matérielles qui agissent sur lui et troublent ainsi les lois du hasard.
Jean-Émile Piron : Les paradis: Conte Bouddhique
C’est un songe incohérent : des hommes et des femmes cherchaient à tout prix à se distinguer les uns des autres par les mœurs, le langage et les vêtements. Comme c’était le souci de tous, personne n’y parvenait et c’était une fatigue sans nom que cette recherche obstinée…
M. Nicolai : La doctrine de la réincarnation Sa vraie signification
Toute doctrine présente un écueil pour le progrès humain. Elle a trop souvent le défaut de s’incruster dans la conscience qu’elle maîtrise. En général, elle y forme barrage à l’expansion normale de la vie, car celle-ci, sachons-le bien, doit s’exprimer pour remplir son rôle par les facultés agissantes d’esprit et de cœur de l’individu.
Salomon Lancri : H.P.B. Le sphinx du XIXe siècle
Il semble, comme l’a dit Platon, que l’histoire de l’Humanité soit scandée par des cycles périodiques. Tour à tour se succèdent des époques de fertilité spirituelle où la propagation des enseignements spirituels ne rencontre pas de grande résistance, les gens semblant affamés de Vérité et de Sagesse, et des époques de stérilité spirituelle où l’opposition à la propagation de ces enseignements s’accroît fortement, et où l’esprit est bafoué et ne peut influencer l’Humanité…
Jean-Charles Pichon: Il s’agit de renverser les croyances
Les dieux sumériens, les dieux tauriques ont tendu à une plus grande universalisation que les dieux géméliques et ils sont arrivés à l’universalisation par cette idée de création qui est quand même commune à tous les hommes ; Jehova, Brahman, et les dieux de justice ont tendu à aller plus loin dans la pénétration de l’humanité et ils y sont arrivés en restreignant la cité à la tribu, à la famille, au foyer. Les dieux d’amour ont encore tendu à une universalisation plus grande et ils y sont arrivés par une restriction de la tribu au couple. Actuellement, si l’on veut aller à une universalisation cosmique, on a l’impression qu’il faudra atteindre à l’individu. C’est l’individu qui doit être au niveau de l’univers, qui doit s’intégrer et se réaliser dans l’univers.
Mahatma Gandhi
Pendant 30 ans et plus, l’immense majorité des Occidentaux n’a vu en Gandhi qu’un original, un exalté, ou pour mieux dire qu’un fou. On riait de bon cœur quand on apprenait qu’il avait refusé de mettre des pantalons pour aller voir le roi d’Angleterre, qu’il passait son temps à filer la laine ou qu’il voyageait accompagné d’une chèvre dont il buvait le lait. Son action politique paraissait chimérique aux plus avisés, démente ou incompréhensible à la plupart. Vaincre le plus puissant empire colonial du monde par des paroles ironiques ou par des jeûnes ? Proclamer la non-coopération pour quelques jours après la contremander ? Provoquer bagarres et émeutes pour le plaisir d’aller puiser un seau d’eau dans la mer ? Risible, pour le moins. Quant à son attitude religieuse et morale, elle ne provoquait que soupçons ou vertueuses condamnations. Notre plus grand indianiste, Sylvain Lévi, avait déclaré au Collège de France, du haut de la chaire, que la religion de Gandhi, c’était le culte de la vache. On racontait avec un frisson, que malgré sa connaissance du christianisme, il ne reniait pas le culte de ces abominables idoles hindoues sur lesquelles nos dévoués missionnaires nous rapportaient tant d’horreurs. Et l’on s’indignait de ce qu’au moment d’une guerre mondiale où l’Angleterre, la France et leurs alliés étaient en péril, il se fût permis de mettre en doute la justesse absolue de notre cause et le droit que nous avions de la défendre en enfreignant systématiquement le commandement: Tu ne tueras point. Faire une conférence sur Gandhi, j’en fis souvent l’expérience entre 1932 et 1939, était s’exposer à bien des sarcasmes, pour ne pas dire plus.
Marie-Magdeleine Davy : Roger Godel, esquisse d'un portrait et d'une pensée
Un texte écrit par le Dr Godel — à propos du sage indien, libéré vivant (jivan mukta) — peut être repris à son propos: « N’espérons pas pouvoir donner de cet homme une définition exhaustive ni même adéquate. Ouvrons seulement sur lui une perspective: certain aspect se laisse déceler. Vis-à-vis de nous, c’est un évocateur d’effets catalytiques et de transmutations. A part cela, selon les apparences, un homme semblable à nous. Peut-être aussi un être bénéfique au travers duquel nous pouvons interroger notre plus profonde intériorité, miroir de vérité secrète. »
Dr Patrick Paul : Vers une médecine totale : la médecine alchimique voie de transformation de l'être
Si le rôle du thérapeute est essentiel, la participation active du malade ne l’est pas moins. Nul, même le Christ, ne peut guérir quelqu’un contre lui-même (Va, ta foi t’a sauvé). Asclépios, pour sa part, ne dispensait pas sa grâce au premier venu. Une inscription avisait le pèlerin : « Il faut être pur quand on pénètre dans le temple parfumé d’encens, et la pureté c’est de n’être animé que par des sentiments pieux ». Il faut, en effet, dans cette optique, que le malade soit prêt à recevoir un autre message et à en tenir compte. Pour ceux qui n’y sont pas préparés, la seule médecine des corps est possible, avec ses réussites, mais aussi ses limites, car séparer l’esprit du corps est religion de mort. Séparer et scinder, c’est descendre en la matière passagère ; c’est s’éloigner de la source animatrice du tout.