Raymond Ruyer : Des clercs prétentieux

(Extrait de Le Sceptique résolu 1979 ) Classement et hiérarchie des activités Sous les classes sociales, les castes, les hiérarchies, et leur statut, légal ou implicite, il y a un classement virtuel, à la fois rationnel et irrationnel, des activités humaines. Si l’on considère superficiellement les plaidoyers pro domo des différentes classes sociales, ou des […]

Raymond Ruyer : Des prêcheurs d'anomalies

(Extrait de Le Sceptique résolu 1979 ) Phil-entropie et Mis-entropie Si vous avez, dans votre jardin, un tas de sable à l’usage de vos enfants ou petits-enfants, vous avez tout ce qu’il faut pour comprendre, sinon tout ce que les physiciens entendent par l’entropie, du moins ce que les sociologues amateurs, et même professionnels, entendent […]

Raymond Ruyer : Des démagogues non professionnels

(Extrait de Le Sceptique résolu 1979 ) La France savante Aux XVIIIe et XIXe siècles, les Allemands paraissaient pédants aux Français. Et les Français émerveillaient souvent les autres peuples — à l’exception des Italiens, qui avaient encore plus de désinvolture — par leur légèreté, leur art de prendre les choses par leur côté amusant, et […]

Raymond Ruyer : Des immoralistes

La bêtise généralisée, l’égocentrisme, la courte vue, la tricherie stupide, l’avidité en court-circuit, la négligence, la corruption, le parasitisme, le trafic d’influences, l’habitude des pots-de-vin, l’intimidation et le terrorisme comme moyens de pouvoir et de contre-pouvoir – tout cela rend impossible le fonctionnement ordonné d’institutions que l’on croyait solides comme la nature. L’administration est paralysée, la culture se dégrade, puis la production économique, la vie urbaine, la circulation des marchandises et des hommes, et finalement, la sécurité matérielle et morale des familles et des individus.

Raymond Ruyer : Des raisonneurs de mauvaise foi

Au fond, les discours de tous les Saints de toutes les époques reviennent presque toujours à ceci : « Donnez-moi une situation sociale supérieure, donnez-moi de l’argent sonnant, et mieux encore, de l’autorité, pour que je puisse vous rééduquer. Laissez-vous faire docilement, car j’ai déjà un bon pied dans le nouveau Pouvoir. Sinon, il vous en cuira. » Quand un Saint se plaint de ce que les gens ne connaissent pas les choses qui contribuent à leur paix, il veut dire en réalité qu’ils ne se préoccupent pas assez des choses qui contribuent à sa paix à lui. Et quand aujourd’hui le nouveau Saint réclame la justice et une société juste, il veut dire qu’il aspire à une société qui lui rendra justice, à lui, à son génie, et qui le vénérera comme un prophète, comme un fondateur, comme un roi.

Raymond Ruyer : Le sceptique résolu

On parle souvent de « terrorisme intellectuel », ou de « matraquage », de publicité ou de propagande. Ces mots sont trop gros. « Discours intimidants » est plus juste. On pourrait même parler simplement d’esbroufe. Comme ces animaux qui se gonflent pour effrayer, comme ces papillons qui montrent tout à coup, en se retournant, des yeux de chouette aux oiseaux qui les attaquent, les « intimideurs » prennent des airs terribles et se déguisent en Juges et en Inquisiteurs. Ils ont au fond d’eux-mêmes une peur latente d’être un jour démasqués et d’être victimes d’une chasse aux sorcières qui ne serait pas imaginaire. Aussi, ils prennent les devants. Ils dénoncent les Pouvoirs et les Polices, leurs « entreprises fascistes », leurs Tribunaux, en essayant d’intimider le Pouvoir, la Police, la Justice, et en s’asseyant majestueusement sur les bancs d’un Contre-Pouvoir, celui de l’idéologie dominante, c’est-à-dire de l’idéologie de la subversion.

Raymond Ruyer : La grande Conscience et le futur de l’humanité

Dieu n’est pas politisé ni politisable. Surtout pas le vrai Dieu, c’est-à-dire la Grande Conscience, la Norme cosmique. Les Gnostiques ont l’air d’en faire un ennemi des progressistes et des rationalistes, d’en faire un disciple de Burke et de Chesterton. Mais ce qu’ils veulent montrer surtout, c’est qu’Il n’est pas emprisonnable dans les mots humains. Il n’est progressiste qu’à sa manière, rationaliste qu’à sa manière, conservateur qu’à sa manière. On peut dire de son Logos — ou de son Bios — ce que Lao-Tseu dit du Tao : « Celui que l’on peut nommer n’est pas le vrai. »

Raymond Ruyer : L'immortalité électronique

Jean Charon retombe dans un « réductionnisme » micro-matérialiste, transposé, et rebaptisé « spiritualiste ». Il retombe dans le système pseudo-spiritualiste d’Anaxagore, et dans ses « atomes qualitatifs », déjà réfuté par Socrate. Comme Anaxagore il proclame : « Comment le grain de blé pourrait-il sortir de la terre si la terre ne contenait déjà des atomes-grains de blé ? … Comment le sang des animaux pourrait-il se former si le blé — et par conséquent la terre nourricière — ne contenait pas des atomes de sang ? Comment du non-cheveu le cheveu proviendrait-il ?

Raymond Ruyer : L'Immortalité est inutile : avoir vécu suffit

Je crois qu’il est vain de penser à une survie, à une immortalité personnelle sous quelque forme que ce soit. Je ne finis pas de m’étonner que tant d’hommes, et tant de civilisations, appellent « espérance », la croyance en une survie personnelle, alors qu’ils devraient parler plutôt du cauchemar que promet une telle croyance. Cauchemar, le Scheol des Hébreux, d’où une sorcière, éventuellement, peut vous tirer, d’où elle peut vous faire monter pour quelques instants…

Aimé Michel : Raymond Ruyer: restons sceptiques!

Les antiparadoxes les plus féconds encadrent notre avenir d’espèces. Ils fondent la seule eschatologie possible, qui est scientifique, car Ruyer récuse toutes les ratiocinations idéologiques : il n’accepte que les vérités modestes et limitées de la science. Exemple d’antiparadoxe eschatologique : qui ne se reproduit pas disparaît de l’avenir. Evidemment ! Eh oui, évidemment, mais qu’en pensent les déviants de toutes sortes ? Les prédicants du célibat, du couple stérile ou homosexuel, de l’enfant unique, de la dissolution familiale ? Plus ils ont raison et plus ils seront prompts à disparaître puisqu’ils s’effacent eux-mêmes de ce monde avec un entrain fanatique