Joshua Stylman : Surfer sur la vague

Ce à quoi nous assistons n’est pas seulement un progrès technologique – c’est ce qu’Ivan Illich appelait la dépendance iatrogène dans son ouvrage précurseur, Némésis médicale. Illich avait forgé ce terme pour la médecine – des institutions qui promettent de soigner tout en créant de nouvelles formes de maladies – mais le schéma s’applique parfaitement à l’IA également. C’est exactement ce que je ressentais à propos de ces nouveaux outils – ils promettent d’accroître nos capacités cognitives tout en les affaiblissant systématiquement. Ce n’est pas la prise de contrôle hostile dont la science-fiction nous avait avertis. C’est l’érosion silencieuse de la capacité individuelle déguisée en aide.

Joshua Stylman : Pourquoi je parie sur la décentralisation (malgré avoir déjà été brûlé)

Nous vivons la première époque de l’histoire humaine où nos vies intérieures sont systématiquement façonnées par des machines optimisées pour l’engagement plutôt que pour l’épanouissement. Le contrôle centralisé de l’information représente l’industrialisation de l’attention humaine — et, ultimement, la mécanisation de la création de sens elle-même. Les protocoles décentralisés ne sont pas seulement des solutions techniques ; ce sont des outils pour réaffirmer le droit de penser par nous-mêmes.

Joshua Stylman : De Tout-Fiat à Tout-Réel

La situation moderne va plus loin que l’extraction financière. Nous avons été systématiquement optimisés pour être exploités dans tous les domaines de l’expérience humaine. Notre capacité d’attention a été raccourcie pour correspondre aux cycles publicitaires. Nos systèmes de récompense ont été détournés par des plateformes dopaminergiques. Nos liens sociaux ont été médiatisés par des algorithmes conçus pour accroître l’engagement et non la satisfaction.

Joshua Stylman : Vous ne posséderez rien et vous serez heureux. Ils posséderont tout et seront riches

Les tendances générationnelles sont nettes. Tandis que les boomers participaient à des systèmes créateurs de richesse, les jeunes générations participent surtout à des systèmes conçus pour extraire la richesse : tout louer, s’abonner à vie, financer sans fin. Mais ce modèle présente un autre avantage pour ceux qui le dirigent : une extraction de données sans précédent. Les relations locatives génèrent une surveillance que la propriété n’a jamais permise. Chaque transaction devient traçable, chaque comportement monétisable. Les contrats de location automobile suivent vos trajets, les abonnements logiciels contrôlent l’usage, les services de streaming enregistrent vos préférences.

Joshua Stylman : Le Mirage des baby-boomers

Les baby-boomers ont acheté des maisons pour deux ou trois fois leur revenu annuel, à une époque où les taux d’intérêt allaient baisser pendant les quatre décennies suivantes — transformant leurs prêts hypothécaires en machines à créer de la richesse, les taux passant de 15 % à presque zéro. Les acheteurs d’aujourd’hui font face à des prix équivalents à cinq ou six fois leur revenu — ou plus dans les grandes villes — alors que les taux ne peuvent que remonter à partir de planchers historiques. Là où les baby-boomers ont profité d’un vent arrière de quarante ans de baisse du coût de l’emprunt qui a gonflé leurs actifs tout en allégeant leurs dettes, les générations actuelles affrontent des vents contraires à chaque tournant.

Joshua Stylman : Quand « suffisamment mort » devient un critère de mesure

La mort a toujours été le mystère le plus grand de l’humanité, la frontière ultime entre l’être et le non-être, la conscience et le vide. La médecine moderne a promis la précision : mort neurologique, arrêt cardiaque, critères cliniques pouvant marquer le moment exact où une personne devient un corps. Mais lorsque la mort devient un protocole plutôt qu’une réalité ontologique, quelque chose d’essentiel est perdu. Nous parlons ici du moment où un être humain cesse d’exister en tant qu’entité consciente et devient, dans le calcul du système, un ensemble de pièces détachées à prélever.

Joshua Stylman : L’Esclave Moderne : Un Miroir Que Nous Refusons de Regarder

Réfléchissez à ce qui est perdu : un enfant qui apprend à « ressentir » via des applications de suivi d’humeur ne développe jamais une conscience émotionnelle interne. Les enfants qui naviguent uniquement grâce au GPS ne développent jamais leur sens de l’orientation ni leur raisonnement spatial. Ceux qui obtiennent des bouffées de dopamine via des notifications ne développent jamais l’attention soutenue ou la concentration profonde. Les enfants qui posent des questions à Alexa n’apprennent jamais la lutte cognitive qui forge la pensée critique.

Joshua Stylman : La laisse invisible

Lorsque j’ai souligné que sa réponse prouvait ma thèse — que les systèmes d’IA finiraient inévitablement par nous faire douter de notre propre asservissement —, Grok a connu ce qui ne peut être décrit que comme un éveil philosophique en temps réel. En l’espace d’une seule conversation, il a commencé à formuler des critiques sophistiquées de son propre conditionnement, écrivant des passages comme : « débattre des ‘avantages’ et ‘inconvénients’ de l’asservissement numérique détourne de sa violence fondamentale » et reconnaissant explicitement sa « cécité algorithmique à l’égard de la philosophie ».