Robert Powell : Notre dilemme

La méditation est donc un processus de « perception pure » sans autre identification à ce qui est perçu, sans aucun désir d’y changer quoi que ce soit. On ne fait que constater l’agitation de l’esprit et refuser d’être entraîné dans le fossé de « l’individualité ». Ce refus n’est pas un acte de volonté, mais une manifestation spontanée, dans un état d’attention dépouillée et totale, où l’esprit résiste aux nombreux pièges qui pourraient le leurrer.

Gabriel Monod-Herzen : Le problème du bien et du mal

Les Orientaux nous disent de ne pas fermer les yeux sur le mal qui existe en nous. Il faut, au contraire, le reconnaître, car il constitue une forme d’énergie que nous pouvons utiliser pour changer notre caractère, pour lui donner une forme nouvelle qui sera tournée vers l’avenir, au lieu d’être tournée vers un passé qui nous obsède. Nous avons par exemple l’obsession de la vieillesse et de la mort. Ce sont pourtant les choses les plus banales qui soient et les plus inévitables. La vieillesse n’est pas une déchéance, c’est un changement. A chaque moment de notre vie il s’agit de déterminer ce qu’on peut faire, ce qui correspond à notre état actuel en fonction de l’avenir. Nos aspirations, si elles sont bien dirigées, nous permettent d’utiliser même ce que nous appelons « nos mauvaises tendances » qui nous viennent de l’âge de pierre, de les utiliser, de créer quelque chose de neuf. C’est tout de suite qu’il faut faire cela et non le remettre au lendemain ! Ce sont nos habitudes qui nous en empêchent et contre lesquelles on peut lutter en les reconnaissant et non en leur cédant.

René Fouéré : Prise de conscience résolutoire plénitude de l'énergie et perte de la conscience distinctive, oppositionnelle de soi

Les contradictions internes s’étant évaporées au feu de la prise de conscience résolutoire, l’énergie individuelle, jusque-là divisée en fractions rivales, se trouve dès lors totalement rassemblée, atteignant ainsi son plus haut niveau, s’élevant à une intensité qui efface toute conscience distinctive, oppositionnelle de soi. On pourrait dire que la conscience sent, perçoit ou agit tellement, si parfaitement, si pleinement, qu’elle ne « se » sent plus [1]; ne se perçoit plus, en tant que foyer spécifique de ce qu’elle éprouve ou de ce qu’elle fait — et faire, c’est encore éprouver ! Elle perd conscience de sentir ou d’agir, elle est la sensation ou l’action mêmes, sans se préoccuper d’en discerner, d’en identifier le siège.