Je dirais, en d’autres termes, que si, dans cette vie, je n’ai pas conscience d’avoir vécu auparavant et ailleurs ; d’être, sous une enveloppe corporelle différente, une nouvelle manifestation, une réapparition, d’un moi-même antérieur qui a vécu en d’autres circonstances et qui a repris présentement, dans ce nouveau décor, possession de ses anciens souvenir; si j’ai, au contraire, le sentiment que ma conscience actuelle de mon identité et mes souvenirs ne remontent pas au-delà de ma naissance en cette vie, je n’ai aucune raison de penser que, si je me réincarne de façon analogue dans un autre corps, pour vivre une autre vie, j’aurai alors le sentiment de me perpétuer, de retrouver, dans de nouvelles conditions, le personnage que j’ai conscience d’être ici et maintenant, avec ses souvenirs.