Villy Scaff : A propos des origines du yoga

Leuba et d’autres auteurs ont considéré les états du yoga comme comparables à l’ivresse extatique provoquée par le peyotl ou le hachisch, tout en reconnaissant que le yoga classique n’enseigne pas l’emploi des stupéfiants. On peut leur objecter que dans l’ivresse des drogues, le sujet s’abandonne à des états de béatitude animale qui n’ont rien de commun avec la maîtrise absolue du corps et de l’esprit à laquelle s’entraine le yogin. L’exercice du yogin peut être couronné, il est vrai, par une félicité sans pareille, mais tous les états de félicité sont loin d’être assimilables les uns aux autres. D’ailleurs, le yoga vise bien moins à créer des jouissances qu’à gouverner le subconscient et à retrouver derrière son enveloppe l’Être absolu. Les fins de l’ivresse extatique et du yoga sont donc tout à fait distinctes.

swami Satyananda Sarasvati : Médecine moderne et yoga

Mon Guru Swami Sivananda était un grand médecin. Un jour je lui ai demandé : « Pourquoi avez-vous abandonné la médecine ? » Il m’a répondu : « Les maladies humaines sont au-delà du cadre médical. Les médicaments ne peuvent guérir les souffrances morales ni éloigner le chagrin. Les drogues ne peuvent aider l’être humain à dépasser leurs émotions. C’est pourquoi j’ai choisi le yoga à la place de la médecine. »

Micheline Flak : Devenez calme et attentif

L’attention et le calme sont tenus, et pas seulement par les étudiants de yoga, pour des accomplissements précieux. Cela se comprend : le jumelage de ces deux qualités entraîne une meilleure santé physique et mentale, et une efficacité accrue dans le travail journalier et la recherche intérieure. Tout le monde en conviendra aisément. Cependant un souci de réalisme nous oblige à avancer une réserve : l’agitation et la dispersion mentale ne sont pas l’apanage de notre époque ; elles font partie intégrante de la vie depuis que le monde est monde.

Swami Hridayananda Sarasvati : Enseignements 5 : Le mental

Ce qu’on appelle le mental individuel n’est en fait pas individuel du tout. Aucun d’entre nous a un esprit séparé, toutes nos facultés pensantes sont reliées les unes aux autres. Mais comme chacun ressent des sentiments, des émotions, des désirs différents, etc…, les vibrations de chacun n’étant pas semblables, elles créent des tourbillons différents. Si bien qu’on a l’impression que ces tourbillons n’ont rien de commun, de la même façon que lorsque vous voyez des tourbillons dans l’eau, vous avez l’impression que chacun est différent, mais en même temps il vous est impossible d’en prendre un en le séparant des autres. C’est l’eau elle-même qui est devenue tourbillon et il y a continuité de l’eau. Cependant, bien qu’il y ait continuité de l’eau, il nous est possible de compter les tourbillons comme s’ils étaient séparés.

Micheline Flak : Le yoga et la relation à l’autre

On a souvent confondu le dégoût de soi avec la charité, et l’amour du prochain avec le rejet de son propre bien-être. Nous nous apercevons aujourd’hui que c’est là une erreur grossière : comment peut-on apporter à autrui ce qu’on n’a pas soi-même ? Mon frère pleure, il a perdu ce qu’il aimait. Que puis-je faire pour lui si je souffre de même? Il me faut d’abord sortir de mon tunnel pour annoncer que la lumière est au bout ! « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».

Maud Forget : Les précurseurs de la médecine psychosomatique

L’Orient, qui a quelques millénaires d’avance sur nous dans son investigation psychosomatique, est une source d’informations à laquelle vont puiser maintenant les membres du corps médical occidental. Les anciens psychologues, pour faciliter leurs observations, avaient divisé l’homme en trois corps (trois sharira). Chacun de ces sharira est composé d’un certain nombre de kosha. Le mot kosha est évocateur, il se traduit par gaine, enveloppe, cosse.

Micheline Flak : Vivre avec le bruit

« Pratyahara » est un terme qui signifie littéralement « retrait des sens vers l’intérieur ». Nous opérons un retrait de ce genre chaque fois que nous oublions le monde extérieur pour nous concentrer sur une tâche qui nous passionne, ou bien lorsque nous sommes sollicités par quelque fonction naturelle comme l’endormissement qui réclame le retour de la conscience en nous-mêmes. Un tel repli s’opère automatiquement chaque fois que nous basculons de la veille au sommeil. La nature nous a dotés d’une capacité d’isolement sensoriel qui a sa contrepartie dans la physiologie du système nerveux. Sans la faculté de s’abstraire, un être humain ne connaîtrait jamais, ni l’inspiration artistique, ni le repos mental. Car c’est la porte ouverte à la création aussi bien qu’à la ré-création. Par un « décrochement » spontané ou appris, on modifie ses ondes cérébrales. Le Pratyahara se signale sur le tracé encéphalographique par le passage des ondes Bêta rapides aux ondes Bêta lentes, puis aux ondes Alpha.

Maud Forget : La colonne vertébrale, arbre de vie

La colonne vertébrale est bien l’arbre de vie dont parle la Genèse et qui évoque l’arbre séphirotique de la Kabbale juive. Dans les textes les plus anciens du monde, les Védas, la colonne vertébrale est appelée MERU. MERU est l’axe du monde. Il traverse la terre, son sommet est une montagne.

Swami Satyananda Sarasvati : Yoga et monde moderne

Le mental est un instrument puissant que la nature a placé dans le corps physique. Il est formé par les éléments les plus subtils de la nature, les trois GUNAS : Sattwa, Rajas, Tamas, c’est-à-dire, les trois états de l’Univers : Équilibre, Action, Inertie dont l’interaction influence chaque acte, chaque pensée, chaque événement. Lorsque Sattwa prédomine, le mental demeure calme et concentré. Il peut fonctionner sans être distrait. Lorsque Rajas prend l’avantage, l’énergie mentale est dispersée. C’est un état d’hyperactivité ou les passions l’emportent. Lorsque Tamas a le dessus, le mental est obscurci, inactif. La pensée est lente et lourde.

Micheline Flak : Éduquez votre regard

Nous avons tous l’expérience d’avoir un jour été en face de quelque chose dont le souvenir nous échappe. Où avions-nous la tête ? Nous avions les yeux ouverts, pourtant ! La même chose se produit pour l’écoute tant il est vrai que la présence d’esprit est nécessaire si l’on veut stimuler la mémoire. L’une des plus anciennes Upanishads de l’Inde dit cela très clairement : « Mon mental n’était pas là. Par conséquent, je n’ai rien entendu ».