Pour Krishnamurti et Jung, le conscient ne constitue qu’un infime fragment de notre « moi total ». Krishnamurti nous enseigne que la partie de nous-mêmes que nous connaissons avec une relative clarté ne constitue qu’une couche superficielle et fragmentaire de notre structure psychique. Celle-ci est extraordinairement complexe et se trouve formée de couches innombrables portant au plus profond d’elles-mêmes les mémoires obscures d’événements se perdant dans la nuit des temps.
La condition « sine-qua-non » de la découverte de la Vérité est l’affranchissement des conditionnements qui paralysent l’esprit. Parmi les conditionnements les plus lourds et les plus profonds se situent précisément ces créations de l’inconscient collectif exerçant sur l’âme humaine une emprise considérable.
S’il est vain de spéculer sur l’Eternel Présent, il est plus utile de découvrir les obstacles qui s’opposent en nous à son expérience directe. Le plus puissant de ces obstacles est formé par les AUTOMATISMES de la MEMOIRE. Ces associations mémorielles constituent le conditionnement à la loi le plus subtil et le plus accablant de l’esprit humain. Ainsi que l’exprime le professeur Ellenberger (Genève), « la plénitude de la conscience ne peut être que dans le Présent ».
J’ai tenté d’exposer au cours de mes « Essais sur le Bouddhisme Zen », le rôle négatif et destructeur de nos habitudes mentales. Certaines lacunes existant dans mes trois volumes de l’édition française, j’ai jugé utile d’ajouter différentes notes complémentaires qui sont publiées dans la récente édition anglaise dont je reproduis ici un extrait.
Le refus de considérer l’unité du psychique et du physique, et les rapports existant entre le microphysique et la métaphysique, provient en ordre principal d’une tendance qui s’est dessinée au XVIe siècle, lorsque la science devint expérimentale et se libéra de toute obédience religieuse.
La complexité des enregistrements mémoriels humains, les jeux inouïs que permettent les accords de leurs différents registres et leur nature infiniment plus fluide, nous empêchent de prendre immédiatement conscience de leur caractère fondamentalement répétitif, habituel.
La définition du maître telle que Ramakrishna l’entend diffère un peu de l’image traditionnelle que l’on en a : il insiste sur le fait que le guru n’apporte rien à son disciple qui ne soit déjà en ce dernier. Le guru renvoie juste au disciple une lumière qu’il ne peut voir, mais qui lui est intérieure. Elle est donc sienne, mais il n’a pas encore appris à se connaître. Les présents commentaires sur la nature des rapports entre Maître et disciple dans l’enseignement de Krishnamurti ne concernent évidemment que la période située entre 1929 et sa mort, en 1986.
Il est utile de temps à autre de faire appel au sens critique de chacun et de rappeler que le « mot n’est pas la chose ». Le spécialiste de sémantique générale Korzybsky a insisté sur ce point. « La carte n’est pas le territoire », le « mot n’est pas la chose ». Mais en dépit du fait que chacun donne son adhésion intellectuelle à un tel énoncé, chacun se laisse duper par la magie des mots. Chacun sait que le mot « Dieu » n’est pas Dieu, que le mot « amour » n’est pas l’amour, que le mot « méditation transcendantale » n’est pas la chose mais en dépit de cela, tous ces mots provoquent une réaction nerveuse, émotionnelle et mentale.
L’intelligence pure n’a rien de commun avec les ruses de l’esprit qui nous donnent l’étonnante capacité de répondre rapidement à la plupart des problèmes. Elle est étrangère aux dispositions qui nous permettraient de résoudre aisément des équations de mathématique transcendantale. Car disons-la une fois pour toute, l’Intelligence Pure n’est pas une chose qui se conquiert par le « moi », ni par l’accumulation d’informations. N’importe quel cerveau électronique peut en faire autant, et peut-être bien mieux. Ceci est d’ailleurs démontré.
Du point de vue psychologique, l’humanité actuelle est victime d’une pseudo-civilisation qui a déifié la pensée, la technique, les conquêtes de l’espace et du temps. L’égoïsme règne en maître et l’homme exploite l’homme. Les êtres humains sont engloutis dans le mirage de l’ego, de ses ambitions démesurées, de sa soif de pouvoirs, de son désir de possession. L’homme moderne a coupé les liens qui le relient aux équilibres profonds de la Nature. Le culte du mental, l’affirmation de l’ego ont entraîné l’être humain dans une situation d’exil et d’isolement. Les sciences ont, jusqu’au début du XXe siècle conduit l’homme dans un « anthropocentrisme » qui se révèle de plus en plus ridicule et absurde. Pour beaucoup d’êtres, l’horizon intérieur des préoccupations prédominantes se limite au compte en banque, aux plaisirs alimentaires ou sexuels, au club de football, à la conquête du pouvoir.
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