Robert Linssen : De l'angoisse à la joie

Qu’ils en soient conscients ou non, la plupart des êtres humains vivent sous le signe de l’angoisse et de la violence. Peu le reconnaissent. Et ceux qui le reconnaissent s’avouent plus facilement angoissés que violents. L’angoisse et la violence sont intimement liées. Des penseurs et des psychologues de plus en plus nombreux se consacrent à l’étude de ce problème fondamental.

Robert Linssen : Comment et pourquoi pensons-nous ? Qui pense ?

Les progrès de la psychologie nous ont permis de nous rendre compte de l’imprécision de nos réponses à la question la plus simple de toutes : « Que pensons-nous ? » Nous savons que la partie consciente de nous-mêmes — celle que nous connaissons avec une relative clarté — ne constitue qu’un infime fragment de notre moi total. Au delà de ce conscient périphérique et super­ficiel demeurent les séries de couches profondes formant l’incons­cient. Cet inconscient est beaucoup plus important que le cons­cient. Son rôle est prédominant.

Robert Linssen : La Voie Abrupte de Chen-Houei (668-760) et Tetsugen (1630-1682)

La vérité, disait Carlo Suarès, est une chose que l’on voit complètement d’un seul coup, ou bien que l’on ne voit pas du tout. Il n’y a pas de demi-mesure entre le dualisme et le non-dualisme. Pour Chen-Houei, l’illumination véritable et définitive ne peut être que subite. Il la désigne en chinois par le terme « touen wou », ce qui signifie une conversion totale et instan­tanée, un bouleversement complet de la conscience, une réalisation abrupte, non préfigurée, soudaine et totale.

Robert Linssen : Bouddhisme et christianisme

Tout effort d’unification, d’apaisement est certes louable et des rencontres interreligieuses semblables à celles qui se sont tenues à Paris sont du plus haut intérêt par le climat de haute spiritualité qui s’en dégage. Mais là où les choses se gâtent, c’est au moment où, sous prétexte d’œcuménisme, des orateurs travestissent la pureté première d’enseignements et tentent de démontrer publiquement les prétendues similitudes entre le bouddhisme et la pensée chrétienne.

Robert Linssen : Au-delà de la Vie et la Mort

Chaque instant comporte quelque chose d’unique, de tota­lement neuf, d’irremplaçable. Ce n’est que dans cette optique, extraordinairement souple, dynamique, adéquate, que la Forme parvient à nous signifier le langage étrange et merveilleux qu’elle nous destine.

Robert Linssen : Amitié, confidence et extraversion

L’amitié véritable est rare. Son authenticité dépend de certaines qualités de désintéressement, d’honnêteté, de gratuité, de pure affectivité qui lui donnent tout son charme et sa beauté. Un mode et une qualité de relation d’une exceptionnelle richesse peuvent s’établir entre des amis véritables.

Henri Methorst : Krishnamurti

A mon avis, Krishnamurti est le seul à avoir tenté d’établir ce contact intime entre la complexité subtile et illogique de la psychologie humaine avec ses frustrations d’une part, et la flamme d’un amour intelligent et perceptif de l’autre et d’avoir réussi à communiquer ce qui est incommunicable grâce à sa façon éducative et psychologique de procéder. Je suppose que plusieurs grands esprits dont nous ne possédons plus exactement les paroles ont été inspirés de la même mentalité. Mais son « message » est en cela différent de toutes les méthodes, de tous les enseignements qui exhortent et encouragent et se servent de systèmes par le fait que lui abolit radicalement la distance, l’« aliénation » qui existe entre l’homme et son propre esprit, entre l’homme et les buts qu’il poursuit. Car tout ce qui n’est pas authentique, qui n’est pas immédiat, dont on se laisse persuader et par lequel on est conditionné, est une auto-aliénation et n’est pas « créateur » (terme dangereux) — dans un sens comparable à celui que donne Erich Fromm à l’aliénation et le danger créé par la société d’abondance et du succès.

Jacques Kalmar : L'in~formation du moi

Le dépassement du Moi, le franchissement des remparts de la citadelle du Moi, le libre épanouissement hors des limitations de l’ego est un chapitre important de l’enseignement nécessaire à la complète réalisation de l’homme. Avec la « dissolution du Moi » se produit, en effet, une transformation dans l’être qui lui assure la vision et la compréhension de l’Unicité de tout ce qui est.

Jacques Kalmar : Acupuncture chinoise

L’Acupuncture chinoise, en tant que discipline thérapeutique, est de prime abord assez déconcertante aussi bien par ses principes de base que par ses méthodes particulières d’examen des malades. N’usant pour agir contre les maladies — nous dirons de préférence les dérythmies — d’aucune substance médicamenteuse, l’Acupuncture s’écarte délibérément des voies tracées par la Médecine allopathique que l’Occident a la simplicité de déclarer universelle et seule véritable.

Robert Linssen : Yogas, concentration et libération spirituelle

Toute discipline spirituelle, tout effort mental divise et renforce considérablement le « moi » en le scindant en deux parties opposées entre lesquelles se développe une tension croissante. Ainsi se créent la partie qui inflige la discipline d’abord et celle qui la subit ensuite. La situation dualistique du « moi », origine de toutes nos servitudes, loin d’être résolue s’affirme, au contraire, dans sa toute-puissance. La libération spirituelle n’est possible que dans l’intégration moniste.