6 Questions à Edgar Morin

Un système est un ensemble d’interactions entre parties (éléments, ou individus, ou être) où ces interactions sont constitutives d’un tout qui lui-même rétroagit sur les parties. Or on peut constater que l’organisation d’un tout produit des qualités ou propriétés émergentes, c’est-à-dire qui n’existent pas au niveau des parties prises isolément, et ces qualités apparaissent non seulement au niveau du tout en tant que tout, mais aussi au niveau des parties en tant que parties (ainsi, si une société naît à partir des interactions entre individus, sans lesquelles elle n’existerait pas, elle dispose des qualités propres qui, rétroagissant sur les individus, leur fournissent la culture, l’éducation, le savoir, etc., qui leur permettent de développer leurs aptitudes individuelles, lesquelles ne seraient pas apparues s’ils étaient seuls dans la nature (comme le montre l’exemple des « enfants-loups »). En même temps, l’organisation d’un « tout » impose des contraintes sur les parties qui perdent ainsi un certain nombre de leurs qualités ou propriétés. D’où l’idée que le système est à la fois plus et moins que la somme des parties, plus et moins que ses constituants ; il est la somme de ses constituants et en même temps autre chose.

Stéphane Lupasco : La systémologie et la structurologie

Pour qu’il se forme un système quel qu’il soit, naturellement ou de par votre intention et votre volonté, il est indispensable que ces éléments, ces constituants d’un système soient rassemblés et liés entre eux par quelque dispositif, par quelques rapports. Et c’est ici qu’interviennent la systémologie et la structurologie.

Stéphane Lupasco : La connaissance de la connaissance ou mon cerveau comme laboratoire

Quand je dis que mon cerveau est un laboratoire, je précise qu’il s’agit pareillement de phénomènes qui se déroulent dans ma tête à partir de l’expérience que celle-ci a enregistré, sans que pour autant les hommes de science dans les divers secteurs de la recherche aient aperçu leurs propriétés fondamentales, comme la logique qui les engendre, les organise et en constitue comme le moteur.

Stélios Castanos de Medicis : Le Complexe de Prométhée

Un « complexe », en effet, n’est point toujours nécessairement morbide. Le complexe, à titre général, serait une constellation de contenus psychiques chargés d’énergie affective. Par « contenus psychiques », l’on ne veut pas dire obligatoirement « contenus refoulés » ou « inconscients ». Il existe des complexes qui, tout en étant inconscients, ne sont pas refoulés, mais simplement ignorés par l’état actuel de la conscience: ce sont les virtualités de la personnalité, et ses possibilités futures n’ayant pas encore atteint le seuil du connu. Il est aussi des complexes conscients, nullement pathologiques: à cet égard, l’on peut considérer le centre même du conscient, c’est-à-dire le moi, comme un complexe psychique, si l’on veut bien y voir là une constellation d’énergies affectives, groupées autour d’un certain noyau qui agit comme centre de gravité…

Henri Tracol : Homme, ciel, terre

Dans ce désordre, à quoi faire confiance ? Sensations, pensées, humeurs du moment nous entraînent dans leur tourbillon. Derrière leurs formes éphémères je pressens bien une réalité plus essentielle et plus durable, mais la seule constatation honnête est celle de mon incapacité à saisir d’emblée le jeu de forces qui la détermine.

La logique de l'énergie entretien avec Stéphane Lupasco

Donc j’ai créé une logique à trois termes qui tient compte des phénomènes énergétiques. C’est la logique-même de l’énergie. Le premier terme de ma logique est notre logique classique sur laquelle nous vivons encore et où nous avons une actualisation de l’identité, du non contradictoire. Mais cette actualisation n’est pas rigoureuse. A est actualisé et non-A est potentialisé sans qu’il soit réduit complètement. Le deuxième terme est une logique inverse, où s’actualise progressivement le non-A, c’est-à-dire l’hétérogène et se potentialise l’homogène : c’est la matière vivante. Nous avons enfin un troisième terme où nous assistons à une semi-potentialisation et une semi-actualisation de deux termes contradictoires et antagonistes c’est le psychique et le microphysique à la fois.