Wei Wu Wei : Beaucoup à enseigner : rien à apprendre
Quand je m’approche d’un miroir,
je, relativement absent, perçois un « moi-présent ».
Quand je me rase devant un miroir,
je, relativement absent, rase un « moi-présent ».
Quand je m’approche d’un miroir,
je, relativement absent, perçois un « moi-présent ».
Quand je me rase devant un miroir,
je, relativement absent, rase un « moi-présent ».
Mais je veux revenir sur l’immense sens de l’humain qu’on rencontre chez le philosophe mystique Gaston Bardet ou « Jean de la Joie » d’après sa définition charismatique et fonctionnelle. Sens de l’humain que, comme St François d’Assise, il a su élargir à la biosphère, voire au Cosmos, et je ne puis m’empêcher de reproduire la si belle et si touchante dédicace de « Demain, c’est l’an 2000 » : « A nos frères et sœurs cadets du Zoo et de la Pampa qui m’ont soufflé ce sain message à l’intention de leur Roi-Fou. Je les confie tous frères, fou et message à Marie Médiatrice Universelle ». Quelle magnifique complémentarité de la nature et de la surnature !
Au gré du hasard d’innombrables difficultés nous assaillent sans cesse. Comment les déraciner et les détruire une fois pour toutes tel un morceau de camphre qui flambe dans un grand feu et se consume sans laisser de résidu ? Pour accomplir ce miracle et pour m’éclairer, la Grâce a pris forme. Elle parut, Guru silencieux, pareil à moi en tout (il mangeait, dormait, souffrait et jouissait, il avait un nom et était né quelque part), tel un cerf dont le chasseur fait un appât pour capturer un autre de sa race, tel apparut le Guru.
Quand apparaît la certitude qu’il ne peut y avoir de réponse sur le plan intellectuel, verbal et émotionnel, qu’on ne peut plus se référer à quoi que ce soit de connu, l’énergie en tant que moi investigateur s’épuise, s’éteint et se résorbe dans sa source, dans une lucidité silencieuse qui est une réponse totale, une plénitude vécue, sans que le moi intervienne ni puisse intervenir, il y a réintégration et dissolution dans le Soi. Alors, il n’y a plus de question car la recherche et le chercheur disparaissent dans la conscience unitive qui s’avère être le trouvé, le cherché.
Un voyage peut, momentanément, briser cette dynamique aliénante et priver ses ressorts de leurs subsides. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire, à condition que nous nous sentions disponibles, d’accélérer le rythme du voyage comme on souffle le feu sur la forge ; de faire reculer les possibilités, d’épuiser les réserves, d’assécher les compensations : marcher jusqu’à l’épuisement, sauter de train en bus, se nourrir de peu…
Cette ascèse déstabilise le régime du mental, provoque la disparition des pensées.
Sous le ciel y a-t-il, oui ou non, un état de contentement parfait ? y a-t-il, oui ou non, un moyen de faire durer la vie du corps ? Pour arriver à cela, que faire, que ne pas faire ? de quoi faut-il user, de quoi faut-il s’abstenir ? — Le vulgaire cherche son contentement, dans les richesses, les dignités, la longévité et l’estime d’autrui; dans le repos, la bonne chère, les bons vêtements, la beauté, la musique, et le reste. Il redoute la pauvreté, l’obscurité, l’abréviation de la vie et la mésestime d’autrui; la privation de repos, de bons aliments, de bons vêtements, de beaux spectacles et de beaux sons. S’il n’obtient pas ces choses, il s’attriste et s’afflige… N’est-il pas insensé de rapporter ainsi tout au corps ?
Grand philosophe et poète du sud de l’Inde, Yâmunâcharya, le Maître Yâmuna vécut, selon la tradition de 918 à 1038. Il est le véritable fondateur du système du non-dualisme qualifié (vishistâdvaita) qui trouvera, au XIe siècle, en la personne de Râmânuja, son plus fervent prosélyte. Son nom même de Yâmuna lui aurait été donné par sa mère qui le mit au monde lors d’un pèlerinage dans le nord de l’Inde, sur les rives du fleuve Yamunâ. Au pays tamoul, on le connaît aussi sous le nom d’Alavandâr, le Vainqueur, car très jeune et déjà puissamment doué, il aurait défait au cours d’une joute philosophique un lettré shivaïte de la cour du roi Chola de Tanjâvûr.
Le premier point de vue, c’est celui de la définition signalétique. On détermine de quoi il s’agit en gros et cette définition conditionne la recherche.
Et puis, vient, secondement, la définition idéale. Elle est toujours à chercher. Léon Brunschvicg a montré que c’est une illusion de croire l’avoir trouvée. On ne pourrait, en effet, fournir une définition exhaustive d’une discipline que quand elle serait achevée. Or, toutes les disciplines sont en route
Prendre la pensée d’Eckhart telle qu’elle se donne c’est tenter d’en saisir le pouvoir transformateur pour notre conscience. Il s’agit après tout de toujours la faire naître cette conscience, de la porter au niveau transcendental qui la libère. C’est là un problème éternel, sans passé ni futur, même s’il s’inscrit dans une histoire. Et le Thuringien le place au cœur des thèmes traités en ses sermons, sans cesse il revient à cette mutation de la conscience qu’il nomme naissance du Fils en nous.
Une question s’est toujours posée à mon esprit avec une grande acuité : celle de la mort. Qu’est-ce que la mort ? et, par voie de conséquence, qu’est-ce que la vie ? QUI SUIS-JE ? Un intense besoin de comprendre me poussa irrésistiblement à tenter l’effort insolite et dangereux de me séparer de mon corps, afin de savoir par moi-même si la vie cessait hors de lui. Je réussis après treize mois d’efforts quotidiens à le quitter sans que ma conscience d’exister soit interrompue.