Joël Thomas : Sénèque et la Bhagavad Gita

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[…] il est sans doute plus intéressant de remarquer que les convergences entre les deux messages sont tout à fait étonnantes. Dans un cas comme dans l’autre, nous avons affaire à une approche fondamentale, sur le plan métaphysique et ontologique, et la comparaison des deux œuvres se révèle, sur ce plan, en elle-même heuristique : elle leur permet de vivifier mutuellement leur contenu spirituel. Il n’est plus question de mettre en évidence une influence directe. Sénèque et la Bhagavad Gita en arrivent à une introspection si poussée, un regard si dessillant dans l’analyse de l’être et de son devenir, que leurs démarches se rencontrent, non parce que l’un imite l’autre, mais parce que, dans le cadre de cette « logique » métaphysique, il ne pouvait pas en être autrement. On voit ce que le rapprochement peut avoir d’important, en particulier pour la pensée de Sénèque, « encombrée », comme nous le voyions, de tout un poids de perceptions affectives, de particularismes liés à son psychisme, par rapport à la Bhagavad Gita, anonyme, et donc plus « éthérée ».


Simonne Fabien : Pour que l’enfant reste uni à son «moi»

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« Si vous ne changez pas et ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas au Royaume des cieux », enseignait le Christ. Qui tient encore compte de cette parole ? Allègre­ment, nous saccageons la perception qu’ont les petits enfants du « sens caché des choses » (si nous admettons qu’ils voient « le roi nu », l’idée ne nous vient pas de tenter de discerner comment nous y prendre pour qu’ils soient capables de toujours et encore le voir nu), ce sens qui les unit à la Connaissance, à une Connaissance immédiate et globale de la Réalité derrière les réalités.


Jean Biès : À l'ombre d'arbres purs...

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L’opportunité, au niveau poétique, d’un élargissement des dimensions et d’un approfondissement des messages s’est très vite révélée à nous comme corrélative d’une époque qui est témoin, à la fois, d’un désir de renouvellement, d’une culture planétaire et d’une gnose dévoilée. Il nous est apparu qu’à la suite du classicisme et du romantisme puisant leurs lois et leurs principes, l’un, dans les littératures gréco-latines, l’autre, dans les littératures anglo-germaniques, les temps présents autorisaient une démarche de même nature à partir de l’aire asiatique, et qu’en réponse aux sécheresses et aux épuisements de l’heure, était devenu nécessaire l’arpentage systématique, quoique toujours incomplet, de ce vaste domaine.


Hazrat Inayat Khan et son œuvre

| Catégories : Goodenough Sharifa, Guillaume Michel, Hazrat Inayat Khan, Portrait

Une grande partie de l’enseignement Inayatien, quand on le regarde dans son ensemble, vise à cultiver la pensée. Mais non pas la pensée dans le sens habituel du terme. Non pas cette culture que l’on pratique dans les Écoles et les Universités où l’on apprend à approfondir tel ou tel sujet limité, où l’on s’entraîne à une certaine méthode d’investigation. Cela n’est pas inutile, mais ne peut mener, là aussi, qu’à un but limité, duquel l’esprit devient pour ainsi dire captif. Une pensée ainsi prise au piège ne peut remplir le grand dessein de la vie humaine. Cultiver la pensée à la manière Soufie veut dire la libérer des conditionnements qui la tiennent entravée. Ces conditionnements sont de deux sortes : les émotions qui proviennent de notre ego, et les habitudes anciennes de penser que nous avons acquises au cours de notre vie. Cette libération est essentielle, parce que c’est seulement une pensée libérée qui peut nous per­mettre de toucher cette Vérité qui est Dieu, qui est la Spiritualité, qui est le Bonheur et la Paix.


François Reingold : Pour une pédagogie du non-savoir

| Catégories : Education | Mots-clés : , , ,

Au même moment en effet, les systèmes techniques, économiques, scientifiques abandonnent progressivement aux machines programmées l’exercice du raisonnement binaire dans leurs opérations les plus com­plexes : analyses complètes des données, synthèses, critiques, corrections, auto-reprogrammations. L’esprit humain se voit confronté dans tous les domaines à l’obligation d’une pensée ternaire qui consiste pour l’essentiel à intégrer aux éléments d’un raisonnement binaire la donnée complémen­taire et extérieure d’un concept ou d’un système englobant.


Carlo Suarès : Qu'est-ce que c'est que l'humain ?

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Voilà pourquoi nous devons chercher à com­prendre ce qu’est l’humain, et ce que sont ces individus dont toutes les manifestations sont si intimement liées à ce nœud psychologique qu’est le moi. Notre étude assume donc un double aspect : l’homme en tant qu’organisme physiologique, et l’homme en tant qu’entité psychique. Ces deux aspects nous feront comprendre en quoi consiste ce que communément on appelle la nature humaine. Ils nous montreront que cette nature est essentiellement changeante, et qu’elle doit l’être. Ils nous feront enfin comprendre qu’à certaines étapes de son évolution, la nature humaine procède par « bonds », comme tout ce qui, dans la nature, subit des modifications brusques, à la suite de poussées intérieures. Enfin, ils nous expliqueront pourquoi nous sommes parvenus à un moment historique où une telle rupture se produit : en quoi consiste cette rupture; et comment nous devons nous adapter, afin de nous soumettre à cette nouvelle exigence de la dialectique universelle.


Michel Paillou : Qu'est-ce donc la pédagogie ?

| Catégories : Education

Cette pédagogie, dans laquelle on parlerait « d’attracteurs », d’« é­tats », d’« espace d’état », de « processus de concrétisation », de « synergie fonctionnelle », de « progrès mineur continu » ou « progrès majeur discontinu », prendrait une curieuse allure. Elle deviendrait une nouvelle science. Se pourrait-il qu’on la démontre, un jour, pédago-dynamique quantique ou quelque chose d’analogue ? Conserverait-elle, ainsi que cela s’est passé en physique, la pédagogie actuelle voire même ancienne à titre de « cas particuliers » ? Cela permettrait-il à chacun de sortir de la dualité plus ou moins, inférieur ou supérieur, et de se reconnaître enfin complémentaire ? Cette pédagogie permettrait-elle d’établir des sous-systèmes plus simples et efficaces, pouvant être appliqués avec profit dans les pays du tiers monde ? Saurions-nous enfin ce que nous faisons et où nous allons en pédagogie ?


Le Vadan de Hazrat Inayat Khan

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Dans ces méditations, la Nature vient donc en aide à la démarche in­térieure, à condition, bien entendu, de ne pas faire ces méditations n’importe comment, sur n’importe quoi et n’importe quand ; faute de quoi elles seraient dépourvues de sens et d’efficacité. C’est ici que les conseils d’un être avisé, ou à défaut le discernement, la prudence et un certain degré d’intuition de notre part concernant l’imperfection à corriger en nous et le remède correspondant, sont nécessaires.


le Professeur Robert Tocquet : Camille Flammarion 1842-1925 pionnier de la métapsychique

| Catégories : Parapsychologie / Phénomènes, Portrait, Tocquet Robert

Camille Flammarion, qui est surtout connu comme astronome, consacra néanmoins une grande partie de son activité aux études psy­chiques. Dans ses Mémoires biographiques et philosophiques d’un Astronome, il raconte son anxiété lorsque, âgé de 7 ans, il croisa un enterrement. Et il posa cette question à un camarade : « Est-ce que je mourrai aussi ? » Sur la réponse affirmative de son ami, il répliqua : « Ce n’est pas vrai, on ne doit pas mourir. » Et il rêva à cela plusieurs jours, plusieurs semaines, plu­sieurs mois. « La conviction que la mort n’existe pas, écrit-il, a continué de dominer mon esprit. C’est un mystère à résoudre et l’on n’y est guère plus avancé à soixante ans qu’à sept ans. Mais l’idée innée reste la même : Nous ne pouvons pas être détruits. »


Carlo Suarès : Le «quelque chose» et les objets

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Tout le drame humain réside dans la lutte des hommes contre leur propre essence, lorsqu’en tant qu’expressions de la vie, ils ne savent pas s’adapter à la vie. Cette lutte est la souffrance. La souffrance est le contraire de l’état naturel, car l’homme n’est pas comme un objet manufacturé qui ne peut se modifier lui-même, mais il possède en lui le moyen de s’adapter toujours à son essence, c’est-à-dire au sens positif de la vie. Ce moyen, il l’a grâce à un instrument, la conscience. La conscience, développée à son maximum, est l’instrument même au moyen duquel la vie se modifie elle-même, dans la race humaine. L’homme com­plètement conscient se modifie sans cesse, car au lieu de s’identifier à un objet — son entité — il s’identifie à la raison d’être de cet objet — la vie. Si à un moment donné il doit choisir entre la vie et lui (entre le poussin et la coquille) il optera pour la vie, sans qu’il lui en coûte, mais bien au contraire, parce qu’il y trouvera sa suprême joie. Son centre se déplacera et ira même jusqu’à voler en éclats. Cette identification constante avec la vie ne comporte pas, et ne peut pas comporter de souffrance. Un Dieu qui souffre n’est qu’un pauvre être inconscient, qui n’a pas su s’identifier à la vie. C’est un tel Dieu inca­pable, qu’adorent les Chrétiens…