Micheline Flak : Vivre avec le bruit

« Pratyahara » est un terme qui signifie littéralement « retrait des sens vers l’intérieur ». Nous opérons un retrait de ce genre chaque fois que nous oublions le monde extérieur pour nous concentrer sur une tâche qui nous passionne, ou bien lorsque nous sommes sollicités par quelque fonction naturelle comme l’endormissement qui réclame le retour de la conscience en nous-mêmes. Un tel repli s’opère automatiquement chaque fois que nous basculons de la veille au sommeil. La nature nous a dotés d’une capacité d’isolement sensoriel qui a sa contrepartie dans la physiologie du système nerveux. Sans la faculté de s’abstraire, un être humain ne connaîtrait jamais, ni l’inspiration artistique, ni le repos mental. Car c’est la porte ouverte à la création aussi bien qu’à la ré-création. Par un « décrochement » spontané ou appris, on modifie ses ondes cérébrales. Le Pratyahara se signale sur le tracé encéphalographique par le passage des ondes Bêta rapides aux ondes Bêta lentes, puis aux ondes Alpha.

Maud Forget : La colonne vertébrale, arbre de vie

La colonne vertébrale est bien l’arbre de vie dont parle la Genèse et qui évoque l’arbre séphirotique de la Kabbale juive. Dans les textes les plus anciens du monde, les Védas, la colonne vertébrale est appelée MERU. MERU est l’axe du monde. Il traverse la terre, son sommet est une montagne.

Micheline Flak : Éduquez votre regard

Nous avons tous l’expérience d’avoir un jour été en face de quelque chose dont le souvenir nous échappe. Où avions-nous la tête ? Nous avions les yeux ouverts, pourtant ! La même chose se produit pour l’écoute tant il est vrai que la présence d’esprit est nécessaire si l’on veut stimuler la mémoire. L’une des plus anciennes Upanishads de l’Inde dit cela très clairement : « Mon mental n’était pas là. Par conséquent, je n’ai rien entendu ».

Gabriel Monod-Herzen : Instruction et éducation

Le rôle d’un véritable éducateur, ce n’est pas d’instruire l’enfant en versant dans la bouteille quelque chose de plus, mais c’est d’aider l’enfant à développer ce qu’il a en lui et qui doit se manifester. De deviner, grâce à son expérience, par de tout petits faits, dans quelle direction l’élève va pouvoir développer son intuition, quelles sont les tendances qui pourraient l’y amener. Cela peut être le sport, la musique ou tout autre chose, car il ne faut pas perdre de vue que l’enfant deviendra adulte, c’est-à-dire que le problème va changer et qu’il devra passer par différentes périodes.

Jean-Claude Frère : Le mythe de Faust et la genèse du surhomme

Faust est une histoire à jamais inachevée ; d’époque en époque, des hommes de talent, de génie, les seuls qui innovent vraiment, se consacrent à une « réécriture » de Faust. Pourquoi ? Que ce soit Faust ou Don Juan en Europe moderne, Œdipe ou Oreste dans la Grèce antique, ces thèmes ne sont plus seulement des motifs littéraires ; ce sont des réalités fondamentales, des archétypes exprimant au plus haut niveau les tensions les plus complexes et les plus profondes de l’être. C’est, au sens propre, l’âme même de la race.

Questions à Raymond Abellio sur sa vision de l'occident

Ma propre certitude, à certains moments de ma vie, a été totale, immédiate, fulgurante. C’est ainsi que je puis vous dire, et de façon très précise, que j’ai reçu la révélation de ma clef numérique de la Kabbale le 5 avril 1946 à dix heures du matin, le Vendredi saint de cette année-là. La liste des valeurs ésotériques des nombres m’est venue globalement, sans nuance. Elle m’est tombée dessus comme un coup de tonnerre, à tel point que, pendant trois heures, je suis resté paralysé, dans un état d’immobilité absolue. Je brûlais et j’avais l’impression que ma tête allait éclater. Quand j’ai enfin pu me déplacer, je suis allé me coucher sous une tente qui était au fond du jardin. Pendant ce repos, chaque fois que j’essayais de deviner le sens précis de ma révélation, j’avais l’impression que tout pouvait sauter en moi.

Madame Freudenberg : La chirologie d'après Julius Spier

La méthode de psycho-chirologie établie par Julius Spier trouve son application dans beaucoup de domaines et surtout dans la recherche caractérielle et de tempérament :
Au cours de ses études après la première guerre mondiale auprès des soldats mutilés de leur main gauche, Spier a constaté que la main droite de l’homme révèle ses dispositions héréditaires et que l’on peut donc, de cette main droite, tirer de nombreuses conclusions concernant les raisons des difficultés, des troubles, des hésitations, impressions et disposition des maladies, apparentes dans la main gauche qui était toujours significative pour l’individu lui-même, chez des mutilés de la main droite.

Interview d'Edouard-Salim Michaël

Si l’on ne s’attache qu’à étudier le fonctionnement des constituants de notre personnalité ordinaire, autrement dit de l’ego impermanent et imparfait, on manque le but d’une pratique spirituelle et on ne pourra jamais atteindre l’aspect supérieur que l’on porte en soi et qui n’est que Être, Conscience et Félicité. D’un autre côté; si on ne veut que rechercher ardemment cet aspect supérieur en négligeant l’étude de soi et de ses tendances indésirables, on ne pourra aller bien loin et l’on sera toujours appesanti par tout ce qui est non transformé en soi-même.

Paul Ehrlich – Coévolution et biologie des populations

Le système prédateur-proie est un système en coévolution homologue au système plante-herbivore. Comme ce dernier c’est essentiellement une course de sélection basée chez la proie sur l’aptitude à échapper au prédateur, et chez celui-ci sur l’habilité à capturer la proie. Ce système nous est beaucoup plus familier que le système plante-herbivore; pour quelque raison étrange, beaucoup de biologistes paraissent considérer que les plantes se contentent d’être là, sans défense, en attendant d’être dévorées! Pourtant, tous connaissent les sens aiguisés et la vitesse de l’antilope, les crocs du tigre, les épines du porc-épic, et les yeux et les serres du faucon. Je ne vais pas m’étendre ici sur la vaste littérature consacrée à ce sujet, mais je tiens à faire remarquer que la relation prédateur-proie est trop souvent considérée comme statique, en dépit des travaux effectués sur certains reptiles et sur les assemblages mimétiques. Il y a tout lieu de croire que la plupart des espèces sont en perpétuelle évolution pour échapper à leurs prédateurs, et que les prédateurs sont toujours en train d’essayer de rattraper leur retard ou de prendre de l’avance. L’extinction de l’une ou l’autre espèce peut être très souvent le résultat d’une « victoire » de l’un ou l’autre camp.

Patrick Blandin : Evolution, coévolution et approche systémique

Quand on étudie les relations plantes-papillons ou les complexes mimétiques on en arrive à se demander si c’est l’ensemble qui évolue en étant soumis à une sorte de sélection globale. Il y a un saut à faire ou à ne pas faire. Notre idée de stratégie cénotique se situe dans cette ligne; les écosystèmes ont-ils éventuellement une sorte de comportement d’ensemble face aux problèmes d’adaptation?