Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka-Upanishad: Lumière et libération

Certains rêves de grande paix baignent dans une béatitude inexprimable, laquelle subsiste quelquefois alors que les formes du rêve proprement dit se sont effacées. Dans cet état, le rêveur ne participe à nulle fantaisie onirique; il vit intensément une satisfaction. Yâjnavalkya y voit la « jonction » avec le sommeil profond qui vient l’effacer.

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad -Aranyaka-Upanishad: Débat sur le Brahman

L’Inde ancienne appréciait les joutes philosophiques, disputées en public par plusieurs maîtres de la pensée, ou, pour mieux dire, de la révélation. Il était coutumier qu’intervînt dès l’abord une convention, selon laquelle le perdant abandonne sa propre position, adhère à celle du vainqueur et se fasse désormais son disciple. La supériorité reconnue n’était pas alors celle de la pure dialectique, mais celle d’une saisie plus profonde portant sur les problèmes spirituels. Qui les résout le mieux de par sa pénétration due à son expérience est par là même qualifié pour conduire autrui sur la voie.

Thayumanavar : Le mystère de l'acheminement vers la pure conscience

Au gré du hasard d’innombrables difficultés nous assaillent sans cesse. Comment les déraciner et les détruire une fois pour toutes tel un morceau de camphre qui flambe dans un grand feu et se consume sans laisser de résidu ? Pour accomplir ce miracle et pour m’éclairer, la Grâce a pris forme. Elle parut, Guru silencieux, pareil à moi en tout (il mangeait, dormait, souffrait et jouissait, il avait un nom et était né quelque part), tel un cerf dont le chasseur fait un appât pour capturer un autre de sa race, tel apparut le Guru.

L'œuvre poétique de Maître Yâmuna Paul Martin-Dubost

Grand philosophe et poète du sud de l’Inde, Yâmunâcharya, le Maître Yâmuna vécut, selon la tradition de 918 à 1038. Il est le véritable fondateur du système du non-dualisme qualifié (vishistâdvaita) qui trouvera, au XIe siècle, en la personne de Râmânuja, son plus fervent prosélyte. Son nom même de Yâmuna lui aurait été donné par sa mère qui le mit au monde lors d’un pèlerinage dans le nord de l’Inde, sur les rives du fleuve Yamunâ. Au pays tamoul, on le connaît aussi sous le nom d’Alavandâr, le Vainqueur, car très jeune et déjà puissamment doué, il aurait défait au cours d’une joute philosophique un lettré shivaïte de la cour du roi Chola de Tanjâvûr.

Devarao Kulkarni : Différents aspects des trois états suivant le vedanta

L’on croit communément être né dans ce monde en tel lieu, tel jour de telle année, qu’on a grandi dans un environnement spécifique. Le monde, ou univers, est dit exister depuis des temps immémoriaux et, pense-t-on, continuera d’exister à jamais. Toutes les créatures naissent puis meurent, et chacun de nous est destiné à mourir un jour ou l’autre. Nous possédons un corps, des organes sensoriels, un mental, etc. Nous sommes assoiffés de connaître les bienfaits que nous offre le monde extérieur, mais voulons échapper aux choses et aux circonstances indésirées de l’existence…

Maud Forget : OM = AUM, le son primordial

AUM est formé de trois lettres qui selon les lois de la phonétique sanscrite se fondent en une seule : O prolongée par un point d’orgue noté M. OM se prononce en une seule émission de voix. Ces trois lettres sont secrètement associées à tout ce que les conceptions hindoues comptent de trinités dans les domaines les plus divers. Il est dit dans la Mandukyopanishad, Sloka 27 : « OM est en vérité le commencement, le milieu et la fin de toute chose. »

Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Aranyaka - Upanishad: Le sage et son épouse

O bien-aimée, l’époux n’est pas aimé pour lui-même mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, l’épouse n’est pas aimée pour elle-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les fils ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, la richesse n’est pas aimée pour elle-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, le brahmine n’est pas aimé pour lui-même, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimé, les mondes ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les Dieux ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, les êtres ne sont pas aimés pour eux-mêmes, mais pour l’amour du Soi. O bien-aimée, il n’est rien qui soit aimé pour soi-même, c’est pour l’amour du Soi qu’on l’aime.

Shankaracharya : Le saint dédain du non-soi (anatma-shri-vigarhanam)

On acquiert un savoir honoré par le roi, et après ? On devient riche et influent, et après ? On se divertit avec une jolie femme, et après ? Certes, ce n’est pas ainsi que le Soi est perçu. On se pare de bracelets et autres joyaux, et après ? On revêt des habits de soie, et après ? On se régale avec des mets exquis, et après ? Certes, ce n’est pas ainsi que le Soi est perçu.

Jean Varenne : L'hindouisme : des renaissances successives

Brièvement exposée, la doctrine hindoue de la transmigration enseigne que tout être vivant est formé d’une âme (en sanskrit : âtman) et d’un corps. Ce dernier n’est qu’une dépouille mortelle cependant que l’âtman est impérissable. Emanant, au commencement du monde, de la source unique de toute vie, le « brahman », l’âme, entreprend un long voyage, pour retourner à l’Absolu. Il faut admettre que la première étape est tout au bas de l’échelle des êtres, parmi les formes les plus élémentaires de la vie cosmique. Progressivement, cette entité migrante qu’est l’âtman gravit les échelons et se réincarne dans des corps de plus en plus complexes : animaux supérieurs, hommes.