Philippe Litzler : Isaac de l'Étoile et la connaissance de soi

La pureté à laquelle Isaac aspire procède en grande partie de « la purification des phantasmes qui sont absorbés par les sens, habitent au-dedans l’imagination et, comme de petits nuages intermédiaires, nous cachent la clarté du soleil. » Il nous faut ainsi « dépasser toute l’agitation des pensées par la vigilance de l’âme », nous élever au-dessus de « la foule intérieure » comme Jésus gravissant la montagne, car tant que nous sommes immergés dans cette foule il nous est impossible de la contempler lucidement : « il est difficile, dans la foule, de voir la foule ; il est inévitable, dans la foule, d’éprouver du trouble. Aussi doit-on laisser la foule pour voir la foule elle-même, pour juger de la foule même ». Cette prise de recul s’effectue extérieurement, par un retrait dans la solitude, et intérieurement. L’enseignement d’Isaac de l’Étoile ne sépare d’ailleurs jamais ces deux plans. Ce sont plutôt pour lui des sphères concentriques dont le centre est la Réalité une et immuable.

Bruno de Jesse : Bouddhisme et Vedanta : les deux faces du miroir

L’on oppose parfois l’une à l’autre la doctrine bouddhique et la pensée védantique; certains vont même jusqu’à les considérer comme des démarches fort éloignées l’une de l’autre. L’une comme l’autre cependant proviennent d’une détermination à « retrouver le chemin oublié », à rendre sa complétude à la conscience humaine; l’une comme l’autre sont, à l’origine, influencées par la sagesse de la forêt, la pensée upanishadique. Nous allons essayer de voir comment ces deux courants, dont l’étude est l’un des instruments majeurs que nous ayons à notre disposition pour notre éclairement, sont difficilement séparables.

Devarao Kulkarni : Différents aspects des trois états suivant le vedanta

L’on croit communément être né dans ce monde en tel lieu, tel jour de telle année, qu’on a grandi dans un environnement spécifique. Le monde, ou univers, est dit exister depuis des temps immémoriaux et, pense-t-on, continuera d’exister à jamais. Toutes les créatures naissent puis meurent, et chacun de nous est destiné à mourir un jour ou l’autre. Nous possédons un corps, des organes sensoriels, un mental, etc. Nous sommes assoiffés de connaître les bienfaits que nous offre le monde extérieur, mais voulons échapper aux choses et aux circonstances indésirées de l’existence…

le swami Ananyananda : Le Védantisme

Le Védanta est la religion éternelle de l’Inde. On le désigne généralement sous le nom d’hindouisme, mais cette expression n’est pas adéquate. Les termes « hindous » et « hindouisme » nous ont été donnés par des étrangers et ils nous sont restés. La religion principale de l’Inde devrait être simplement désignée par les termes de « védantisme » ou religion védique. Les hindous doivent être considérés comme les disciples de la religion et de la philosophie des Védas. Ceux-ci peuvent être considérés comme la plus ancienne littérature religieuse de l’Inde. Les Védas ont été transmis oralement de génération en génération. Pour les hindous l’autorité des Védas est suprême. Le terme védanta signifie la fois la fin et l’essence des Védas.

swami Hridayananda Sarasvati : Le corps Subtil

Le rêve est la seule chose qui puisse expliquer le point de vue du Védanta, car on ne peut pas accepter quoique ce soit qui ne satisfasse pas en une certaine mesure votre intelligence et votre raison. Selon le Védanta il n’y a ni création, ni dissolution, tout cela n’est qu’illusion. Illusion veut dire que les aspects extérieurs que l’on croit être la Création, ne sont qu’illusion. Ce n’est pas comme la corne d’une vache, une vache n’a pas de corne. Donc si l’on parle de la corne d’une vache c’est sans fondement. C’est dans les Écritures, dans le récit de la femme stérile. Tout ce que nous considérons comme irréel contient du réel, un peu de réel en soi. C’est pourquoi on dit que Maya ne peut pas être considérée comme réelle ou irréelle, parce qu’il y a de la réalité dans l’irréel. En effet, rien dans l’Univers ne peut exister par lui-même s’il n’a pas le Réel comme substratum.

Maud Forget : Vedanta, un message venu de l'orient

Vers l’an 2500-2000 avant J.C. (ou 1800 selon les exégètes) une rédaction des Véda fut entreprise en langue sanscrite. D’après les textes qui nous sont parvenus, le premier Véda a été perdu. Ensuite, le plus ancien en date, fut le Rig Véda, il est essentiellement composé d’invocations et de prières. Le second : le Yajur Véda, contient les formules sacrificielles. Le troisième, le Sama Véda est un recueil des mélodies. Quant au quatrième: l’Atharva Véda, c’est plutôt un traité de magie blanche ou noire. Certains ne le comptent pas dans la Sruti.

Patrick Lebail : L'illumination selon Mandukya Upanishad et Gaudpada

La pensée d’Extrême-Orient est parallèle à celle d’Orient, mais différente de celle-ci. Elle va plus loin. L’homme n’est pas déchu, mais asservi à la souffrance, au devenir, à la mort. En prendre conscience est déjà un pas vers la libération de la servitude. Si nous sommes asservis, c’est qu’il y a quelque chose qui nous manque, un dérèglement, un facteur de maladie, qui est à corriger. L’homme est malade, il doit se libérer en se réformant, en revenant à l’état d’adulte. Ce diagnostique n’est pas du pessimisme.