J’ai parlé tout à l’heure d’une exigence de réalité et d’une exigence de rationalité. Cette double exigence, qui détruit la réalité de surface, manifeste en elle la réalité absolue. Elle ne trouve pas son origine en l’homme, être pensant ; elle est dans la réalité, elle est la réalité même. En son essence, elle est impersonnelle, universelle. Elle parvient à son exaltation dans la connaissance de l’absolu, adéquate et homogène à son objet, et qui pourrait se définir : connaissance rationnelle abolie adéquate à un réel annulé. Double à son point de départ relatif, l’exigence est une à son terme : le réel et le rationnel fusionnent en s’effaçant, en « s’arrêtant », dit le sanscrit. C’est ainsi que le Mâdhyamika souscrirait, à sa manière, à l’axiome hégélien : « tout ce qui est rationnel est réel, et tout ce qui est réel est rationnel ».
Catégorie : T-U
Shankaracharya - La méditation du matin
Le matin je vénère Ce qui dépasse toutes les paroles et toutes les pensées, mais par la grâce de quoi sont manifestées toutes les paroles, Celui que l’on appelle le dieu des dieux, le sans-naissance, l’immuable, le premier, Ce que les Védas ont désigné par les mots : « pas ceci », « pas cela ».
Seng-Ts'an : Sin-sin-ming
Invulnérables à leurs atteintes, pour nous elles sont comme si elles n’existaient pas.
L’esprit immobile, où est l’esprit ?
Le sujet sans désir, où est l’objet ?
L’objet inexistant, l’esprit est inexistant.
Micheline Flak : Le Yoga à l'école pour développer l'attention

Sous couvert de vitesse et de consommation passive les jeunes se sont laissés dépouiller du temps du rêve et de l’aptitude à inventer. Les enseignants ont beau faire : ils affrontent des enfants qui ne peuvent plus tenir en place et qui rappellent immanquablement l’image symbolique du singe ivre, évoquée dans les textes tibétains comme parangon du mental débridé. La sagesse traditionnelle, comme nous le verrons, a toujours insisté sur la nécessité de reconditionner l’attention avant de songer à restructurer les couches profondes de la personnalité.
Jacques Rauffet : Les remèdes floraux du docteur Edward Bach

Freud, certes, Jung surtout ou – mieux –, et les « entités viscérales » de la médecine chinoise nous ont familiarisés avec l’idée que nos troubles de santé tout physiologiques qu’ils soient, insomnie, asthme, ulcère d’estomac, etc., ont une cause réelle profonde non dans les seules agressions physiques, matérielles, volontaires ou non, qui assaillent notre organisme mais dans notre esprit, depuis l’énervement fortuit, mais violent, qui bloque la digestion d’un repas jusqu’au conflit « complexe » ancien et profond qui ravage notre mental conscient, en l’obsédant, ou notre inconscient, en y drainant le plus clair de nos énergies. E. Bach fera rendre à cette vérité un son d’une étonnante générosité illuminée par un authentique mysticisme : pour être bien portant, l’homme doit être heureux, ou plus exactement, ceci ayant pour effet cela, de « bonne » humeur, de cette humeur irradiante de Joie et pleine de notre appartenance, même par un fil ténu, au Divin. E. Bach déchiffrera un vieux secret alchimique : recouvrer, ou affermir, la santé par une modification subtile de nos « humeurs ».
Michel Random : Mawlana Shams de Tabriz, les «gens du blâme» et Gurdjieff

De fait, Shams, dont le nom signifie « Soleil », est comme le feu. Il est celui par qui les choses arrivent, par qui l’être se consume, meurt et renaît. C’est le sens des paroles suivantes, rapportées par Aflaki et attribuées à Shams, alors qu’il parlait un jour dans le collège de Mawlana : « On lui demanda : « Qu’est-ce que la gnose ? » « C’est la vie du cœur par Dieu (qu’il soit exalté !), répondit-il ; ce qui est vivant, fais-le mourir : c’est ton corps que je veux dire ; ce qui est mort, vivifie-le ; c’est ton cœur que j’ai en vue ; ce qui est présent, cache-le : c’est le monde d’ici-bas ; ce qui est absent, fais-le venir : c’est le monde de la vie future, ce qui existe, anéantis-le : c’est la passion ; ce qui n’existe pas, produis-le : c’est l’intention. La véritable connaissance est dans le cœur »
Maître Yin De La Passe II
La possession du souffle vital, la détention de la forme corporelle, c’est le comble de l’Illusion. Le point initial d’une mutation productrice, le point de permutation cyclique du yin et du yang : c’est ce qu’on appelle naissance, c’est ce qu’on appelle mort. L’épuisement du compte et l’accomplissement de la permutation cyclique, l’enveloppe corporelle se déplaçant et mutant : c’est ce qu’on appelle transformations4, c’est ce qu’on appelle Illusion. Le Producteur des êtres, son savoir-faire est mystérieux, son œuvre est profonde ; il est difficile de le cerner, difficile de l’épuiser complètement.
Saint Denys l'aréopagite : De l’unité
Et cette unité, principe des êtres, n’est pas portion d’un tout ; mais, antérieure à toute universalité et multitude, elle a déterminé elle-même toute multitude et universalité. Car il n’y a pas de pluralité qui ne soit une par quelque endroit ; ce qui est multiple en ses parties, est un dans sa totalité ; ce qui est multiple en ses accidents est un dans sa substance ; ce qui est multiple en nombre, ou par les facultés, est un par l’espèce ; ce qui est multiple en ses espèces, est un par le genre ; ce qui est multiple comme production, est un dans son principe.
Patrick Lebail : Lumière de la Brihad-Âranyaka-Upanishad : Les contemplations rectifiées
Selon les Upanishads, les fonctions sensorielles — en tant que distinctes des organes anatomiques leurs supports, dont elles prennent le nom — sont des aspects d’une même énergie vitale, le prâna. Durant le sommeil, elles se résorbent dans l’unité psychique, d’où elles se différencient à nouveau lors du rêve. Cette unité psychique, analogue à l’espace (âkâsha) en ce sens qu’elle n’a pas de dimensions et qu’en elle apparaissent toutes choses, est localisée dans le cœur du point de vue de l’homme éveillé (le « cœur » n’est pas ici l’organe corporel, mais un point que découvre la méditation, ce qui de nos jours encore fut enseigné par Ramana Maharshi).
Jean During : L'ascension du Prophète

Le mi’râj, voyage céleste de Mohammad, est un des événements les plus marquants de sa mission prophétique, ou de ses miracles. De cette (ou ces) expérience intérieure il ne parla guère, car rares étaient ceux qui pouvaient en saisir la nature réelle. Ainsi, on débattit vainement pour savoir si ce voyage eut lieu physiquement ou seulement en esprit. Ceux qui voulaient croire à un voyage physique ne comprenaient pas que le mi’râj était une vision, non un rêve, donc une expérience beaucoup plus forte que toute expérience sensible, comme le suggère la parole : « Les hommes sommeillent, quand ils meurent, ils s’éveillent. » Il aurait dit aussi qu’il stationnait entre le sommeil et l’état de veille lorsque l’ange vint le trouver. ‘Aysha, sa femme, affirmait que son corps était resté sur place, mais en admettant l’existence d’un ou plusieurs corps subtils d’autres interprétations seraient possibles.