La question « Où les savants mènent-ils le monde ? » est extrêmement complexe. Nous sommes ici trois scientifiques : un médecin, un biologiste et un physicien. Certainement, la question évoque des thèmes, des réponses très différents. Il est naturel qu’il en soit ainsi, car il n’y a pas de science dans un sens unitaire. Il y a des éclairages multiples du monde, dans lequel nous vivons, qui, quelquefois, demande une certaine spécialisation, comme le Droit demande un langage particulier, comme la Philosophie en demande un. Ce sont des disciplines différentes.
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George Magloire : L'unité de la vie
Le dynamisme qui soulève la matière est l’Amour. L’univers dès lors n’est pas une énormité angoissante. Il n’est pas absurde. Il est une montée vers l’esprit, une Noogenèse, une histoire qui possède un sens et nous dirons avec le chrétien Pierre Teilhard de Chardin, une histoire qui possède un visage et un cœur.
Rémy Chauvin : Les chemins de la science et de la foi
L’admirable instrument de la science expérimentale, le plus merveilleux peut-être qu’aient jamais forgé les hommes, peut nous servir à tout si nous l’employons sans aucun préjugé. A vrai dire, il n’est pas d’un usage facile : il faut que l’homme de science allie l’imagination la plus débridée à la méthode la plus rigoureuse ; or, trop souvent, il ne possède que la seconde de ces qualités. Beaucoup d’entre nous, hélas, ne sont rien d’autre que d’admirables ouvriers, mais des ouvriers seulement, qui savent superbement effectuer une opération très délicate, et leur habileté confond l’esprit. Ils en sont très fiers d’ailleurs. Et c’est pourquoi ils passeront toute leur vie à tourner le même bouton…
le Dr Paul Chauchard : De l'animal à l'homme
Dès le départ, avant même le système nerveux, la sensibilité et la réactivité du vivant sont source de psychisme individualisé, donc de conscience, une bioconscience inconsciente au plein sens humain qu’on peut qualifier de préconscience et de préspiritualité. Tout ce qui s’épanouira au plan supérieur chez l’homme a une base biologique et existe en germe dès le niveau le plus élémentaire du vivant en dehors de tout anthropomorphisme. Et ce niveau élémentaire se retrouve chez l’homme où il est la base élémentaire et inconsciente de sa conscience.
Roland de Miller : Le Sentiment de la Nature
Les techniques du mieux-être ou de plus-être (concernant la santé physique et psychique) existent, relativement codifiées et transmissibles, mais le changement intérieur, au-delà des régimes alimentaires ou des recettes techniques, les qualités de cœur, l’ouverture spirituelle, ne sont pas facilement accessibles à un grand nombre d’individus. Les obstacles n’en soit pas politiques ni sociaux, mais idéologiques, psychologiques, spirituels. Tant que les scientifiques rejetteront dédaigneusement les « mystiques » et toute approche de type spirituel, on n’aura pas fait la rupture fondamentale avec l’idéologie de la société industrielle qui est le matérialisme. Celui-ci est le piège véritable de la technostructure toute puissante, l’atmosphère et la condition culturelle du totalitarisme technicien. Comme l’écrit d’une manière imagée et expressive Fritjof Capra dans Le Tao de la Physique : « Les mystiques comprennent les racines du monde mais non ses branches; les scientifiques analysent ses branches mais ignorent ses racines. La science n’a pas besoin d’une vision mystique et le mysticisme se passe de la science; mais l’homme a besoin des deux ».
Thérèse Brosse : Roger Godel et la science de l'essentiel
Magnifiquement et continûment inspirée par Socrate, cette carrière médicale qui force l’admiration et le respect, fut à cet égard un véritable « accomplissement » : Le sage affirme en effet que la vie professionnelle, remplie avec amour, facilite l’acheminement vers la « vérité » ; elle devient la voie de la « connaissance », mais d’une connaissance qui transcende les acquisitions de l’intellect, une connaissance qui existe potentiellement en tout homme et dont l’influence du maître stimule l’éveil chez le disciple. Elle n’est rien de moins que la « connaissance de soi », la cinglante injonction de l’oracle de Delphes.
Albert Jacquard : Les pièges du nombre
L’exemple le plus flagrant de ce contresens est lié à la constatation que les hommes sont différents : génétiquement cela est une évidence. Le nombre de combinaisons des divers couples de gènes dont nous sommes dotés est si grand, que la probabilité de rencontrer deux individus génétiquement identiques est nulle (les jumeaux monozygotes exceptés) ; à cette différence génétique s’ajoutent tous les écarts dus aux aventures vécues par chacun. Quels que soient les critères que nous retenons, deux hommes ne sont donc jamais « égaux ». Cette constatation d’évidence amène la plupart des esprits, souvent même des esprits présentés comme brillants, à en déduire que certains hommes sont « supérieurs », d’autres « inférieurs ».
Paul Chauchard : Du cerveau à la neuropédagogie
Je suis en désaccord avec Descartes qui disait : « Je pense donc je suis », aussi
avec Sartre qui a écrit dans Les mots que, depuis son enfance, il avait horreur de la nature
et qu’il s’enfermait dans une bibliothèque pour lire, penser et écrire. Pour la
neuropédagogie : Je sens donc je suis, j’agis donc je suis, j’imagine donc je suis, je désire
donc je suis ; et le « je » qui apparaît dans ces phrases implique le contrôle cérébral de
tout cela. Et, en vérité, contrôle cérébral signifie volonté. Mais on n’ose plus parler de
« volonté », car nous avons changé la volonté en « volontarisme » qui est une sorte de
force spirituelle pour mater la chair. Comme la volonté est donc une fonction cérébrale, il
s’agit de faire le calme en soi.
Rémy Chauvin : Roger Godel et la biologie
Mais subsiste la grande, l’éternelle question : qu’est-ce que la vie ? Godel me paraît ici tout à fait proche de Teilhard de Chardin en insistant comme il le fait sur l’importance de la conscience. Puisque d’habiles exorcismes nous permettent maintenant d’employer ce mot sans blasphémer contre la science, nous irons plus loin encore. Nous nous demanderons s’il ne s’agit pas d’un phénomène fondamental, et si la vie n’a pas deux aspects aussi importants l’un que l’autre.
Aimé Michel : La prophétie fossile, méditation
Ce fait, appelé « évolution », peut être exprimé ainsi : tous les êtres vivants sont apparus suivant un ordre, celui de la complexité croissante. Ou encore : à mesure que la terre a vieilli, des êtres de plus en plus complexes sont apparus à sa surface. Il existe des « théories de l’évolution » : lamarckisme, darwinisme, néo-darwinisme. Ce sont des théories. Elles essaient d’expliquer l’évolution. Mais l’évolution elle-même n’est pas une théorie. C’est l’ordre dans lequel on découvre les fossiles quand on creuse le sol. Aucune théorie nouvelle, aucune découverte ne peut rien changer à cet ordre-là, qui est celui dans lequel sont empilés les uns sur les autres les fossiles que vous trouveriez en creusant sous le fauteuil où vous lisez ces lignes.