Vimala Thakar : Le temps, le langage et le silence

Rencontre du 3 août 1989 Avec votre coopération, nous traiterons environ dix questions cet après-midi. Question: « Pourquoi appelez-vous « êtres » les montagnes, les rivières et les arbres ? Qu’est-ce qu’un être ? « demande un participant. Vous savez ce qu’est une chose: c’est ce qui est construit par la main de l’homme, construit par la pensée de […]

Vimala Thakar : Questions autour du silence

Rencontre du 2 Août 1989 Chaque question remise par les participants arrive à Vimala et il n’y a pas de comité de sélection. Il semble que cinquante personnes assistent à ces rencontres pour la première fois, et quelqu’un a imaginé qu’il y avait un comité de sélection, choisissant certaines questions, en rejetant d’autres. Mais nous […]

Vimala Thakar : Le silence

Rencontre du 1er Août 1989 Trois participants ont demandé la signification du silence. « Qu’est-ce que le silence ? » me demandent-ils. Et quelle est la qualité du silence qui permettrait de stimuler l’aptitude à percevoir ? J’espère bien que les questions naissent d’un état de non-connaissance. Et qu’elles ne naissent pas du désir de […]

Marc De Smedt : Sotie sur la peur

D’abord, le silence peut cacher la crainte, quelle qu’elle soit. Et en la dissimulant aux yeux du monde, il couvre divers états qui ont pour nom : faiblesse, appréhension, affolement, effroi, voire panique… Les expressions populaires ne disent-elles pas qu’on peut se retrouver muet de terreur, sans voix, plus mort que vif, avec le souffle coupé ? Mais, silence gardé n’empêche ni l’émotion ni ses signes divers : boule dans l’estomac, jambes flageolantes, sueurs froides, yeux égarés, blêmissement très net… sans oublier les fameux cheveux qui se dressent sur la tête et les poils du corps qui se hérissent. Tout cela pouvant mener soit à l’évanouissement chez des natures chichiteuses, donc à un silence total, soit à la fuite, silence poltron, soit à une réaction de défense plus ou moins contrôlée, auquel cas le silence se mue en paroles plus ou moins criardes et, parfois, en coups et glapissements divers.

Jean Klein : L'ineffable béatitude

Explorer à mon sens, signifie prendre note, discerner l’effet des choses sans passer par l’affirmation, la manipulation, l’organisation. Il est donc nécessaire d’occu­per un poste d’observation non pollué par la pensée, la mémoire avec un lâcher-prise total vis-à-vis du connu. Cela correspond un peu, je crois, à un état d’admiration : nous sommes ouverts, réceptifs, accueillants. Maintenant, comment devenir conscient de notre mode de fonctionnement, dans notre investigation ? Nous constatons facilement notre distraction. De plus, nous sommes super­ficiels, peu tenaces dans nos résolutions et nous anticipons, évaluons, comparons, jugeons, concluons constamment. Au fond, nous ne connaissons pas beaucoup l’objet que nous étudions. En d’autres mots, nous avons quitté l’ouverture, l’état d’admiration. Lorsque vous aurez compris combien ce processus est illusoire, vous serez spontanément dégagé de tout schéma, renvoyé à vous-même. Au cours de ces quelques instants pendant lesquels votre mémoire n’est pas intervenue, vous étiez libre, parfaitement présent.

Jean Klein : Qui connaît la personna­lité ?

Le moins ne peut discerner le plus, la personne est dans l’impossibilité de comprendre étant elle-même une perception. Je me demanderais à votre place : Qui connaît la personna­lité ? Elle est en grande partie composée d’éléments qui assu­rent la survie en tant qu’individu, de choses apprises, d’édu­cation, d’expériences. C’est un produit de la société avec lequel vous vous identifiez. Je poserais plutôt la question d’une autre manière : Quelle est la lumière qui l’éclaire, qui est derrière toute représentation ? Vous ne trouverez jamais la réponse, mais vous serez saisi par un silence, présence ultime qui se suffit à elle-même.

Jean Klein : Écoutez sans interpréter

En tout cas, dans l’enseignement qui vous est ici transmis, les mots sont seulement une image, écoutez-les sans les inter­préter, afin de sentir ce qui est derrière, ce qui passe par leur intermédiaire. Laissez vivre la formulation sans intervenir, sinon, ce que l’on a entendu devient intellectuel, on cherche à s’en souvenir ; or, ces phrases sont déjà mortes, la mémoire est un cimetière.

Jean Klein : L'état méditatif

L’état méditatif, notre vraie nature, n’est pas à proprement parler un état, il est la substance, le support même de tout état, d’où rien ne s’anticipe, rien ne se projette, où il n’existe aucun dynamisme tendu vers un but, un résultat. Toute Présence silencieuse, il n’est ni intérieur, ni extérieur, il est non localisé physiquement ou psychiquement, hors de l’espace et du temps, il est Être.

Jean Klein : La vraie réponse

L’univers n’a pas d’existence, à part vos sensations : vision, audi­tion, toucher, etc. Il n’est que cela, donc rien d’autre qu’une pensée née de la conscience. Ce qui surgit d’elle et meurt en elle n’est forcé­ment rien d’autre qu’elle. Ainsi, l’univers n’est rien d’autre qu’une pro­longation de cette conscience. Si cette démarche se déroule dans une très grande intimité avec vous-même, qu’une pensée se perde dans la suivante sans que ce soit vous qui provoquiez ce déroulement, qui l’actionniez, vous aboutirez à l’Être qui, bien entendu, n’est ni une expé­rience, dans le sens que nous lui donnons généralement, ni un sentiment.

Sharifa Goodenough : Action et repos

En Occident,on aime surtout l’action, l’activité qui semble à la plupart des Occidentaux le don d’être de l’existence, car si ce n’est pour être actif, à quoi bon vivre ? En Orient, on aime surtout l’immobilité. Si un Occidental va en Orient, s’il s’approche des sages, des mystiques de l’Inde et s’il a recueilli quelque chose de leur sagesse, on peut être sûr que dans la plupart des cas il voudra l’employer pour mieux conduire l’activité de sa vie. Il se dit, il dit aux autres : « Pourquoi tout cela ? Tout ce que j’ai appris je veux l’employer pour l’action pour que nous puissions mieux agir. L’Oriental, au contraire quand il voit toute l’activité du monde dit : « Illusion, jeu d’enfants ! Ce qui compte, c’est la vie elle-même, c’est la vie immobile silencieuse ».