Dominique de Wespin : Naître à soi

Dans une telle expédition, les bagages sont interdits. Les mains doivent rester libres afin de pouvoir s’agripper. D’ailleurs, rapidement les grimpeurs ont constaté, — sur l’un des versants et sur l’autre, — que les sentiers empruntés étaient comparables à une lame de rasoir, étroits à l’excès comme le sont toujours les chemins de crête. Et même ils se sont aperçus qu’il leur fallait user d’un piolet sur certaines parois rocheuses.

Marie-Madeleine Davy : Habiter avec soi-même

Dans mon extériorité, on peut me voler, m’aliéner, briser mon honneur, souiller en quelque sorte mon existence. Dans mon intériorité, personne n’a accès. Si je vis en plénitude dans mon intériorité, j’aurai un impact sur l’univers entier, sur le soleil, la lune, les étoiles, les pierres, les fleurs, les animaux, les hommes. Mon unité, mon renoncement se couvriront d’espace. L’espace sera ma demeure. Je serai l’espace. Je serai, en quelque sorte, non pas un citoyen du monde extérieur, mais l’éternel voyageur, ne cessant plus de parcourir l’immensité du dedans, le passionné de l’Infini.

Estelle Goldstein : Combat familiers contre nos démons

Comment décrire cette angoisse, cette inquiétude qui nous pousse d’un extrême à l’autre, qui consume et illumine, en même temps ? Comment dépeindre le désespoir, la plus noire mélancolie, le feu intérieur qui dévore et s’étend sur tout l’être ? Parfois l’adversité, la maladie suscitent cet état d’âme mais il se trouve aussi que l’infortune soit purement imaginaire.

Serge Brisy : Quelques réflexions sur la vie intérieure

La vie intérieure est celle qui donne. La vie extérieure est celle qui reçoit. Comme le fait de donner implique l’échange; celui qui donne ne peut manquer de recevoir aussi. Pourtant, il ne demande rien. Et c’est en cela que réside la différence entre celui qui donne librement de lui-même et celui qui, sans cesse, attend le don. Se tourner vers l’intérieur, c’est remonter à la source de la vie. Et la source de la vie ne cesse de jaillir, alimentant tout ce qui existe de ses eaux limpides.

Marie-Madeleine Davy : Guides et méthodes de la vie intérieure chrétienne

Toute démarche concernant la vie intérieure commence et se poursuit par l’ascèse. Sans ascèse, l’homme intérieur est condamné à l’inauthenticité. Elle n’est pas un but, mais un moyen. Se contenter d’une ascèse extérieure concernant seulement le corps est insuffisant. A quoi bon se priver d’aliments si le cœur ne jeûne pas, si les pensées multiples dans leur mobilité dissipent l’esprit ? L’ascèse tend à trancher les racines du narcissisme, ou mieux à les déraciner et cela perpétuellement car telle l’hydre à sept têtes dès que l’une est coupée, une autre repousse. Les « moi » sont nombreux : quand l’un d’eux semble mort, un autre surgit.

Boris Paque : Homme sois toi-même

Notre existence toute entière comporte en soi une certaine dualité, fait contrôlé et acquis par la science ; comme vous le savez, elle comprend d’une part tous les phénomènes conscients ou « volontaires » et d’autre part, les faits « subconscients », c’est-à-dire ceux indépendants de tout contrôle direct ; ces derniers doivent être considérés comme les faits supérieurs, et de loin les plus importants, parce qu’ils comprennent ceux présidant à nos fonctions vitales : la respiration, la digestion, la circulation ; ils président mentalement à tous nos réflexes, à nos habitudes, à notre santé et ce sont eux encore qui commandent notre caractère et notre tempérament.

Paule Martin : Lanza Del Vasto

Mais le moi est un objet qui n’est jamais : objet, qui n’est jamais devant mes yeux, mais qui se trouve derrière, derrière mes yeux. Chaque fois que je me fais une image ou un concept de moi, je dois savoir que ce n’est pas moi, que cet objet n’est qu’un objet de remplacement, une indication. Le moi ne peut pas se découvrir par observation ou calcul, et pour définir le moi, nous dirons : « c’est ce qui, en moi, ne peut être connu que par moi ». C’est cela que je dois connaître. Ce moi est un objet qui s’oppose à tous les autres, à tous les autres objets et les autres personnes, même à tout ce qui en moi est objet. Mon corps est un objet qui peut être connu par un autre, mieux que par moi. Mon corps fait partie de moi, mais n’est pas moi, car je suis une unité qui n’est pas la somme des parties, une unité intérieure et vivante, indivisible. Mais il y a une sensation de mon corps qui ne peut être connue que par moi. Cette sensation-là n’est étudiée par aucune science physiologique, psychologique ou autre. C’est mon corps intérieur. Il en est de même de mon personnage, c’est une façade, un masque que les autres connaissent…

le Professeur Gabriel Monod-Herzen : Morphologie

Nos ancêtres parlaient des « humeurs » et distinguaient aussi plusieurs espèces d’individus. Les médecins de l’époque s’en servaient très bien. La chose a été oubliée, puis réétudiée. M’étant toujours intéressé à la psychologie, j’ai vu qu’il y avait un rapport entre la psychologie et la forme, c’est-à-dire que la forme que nous avons, correspond plus ou moins bien à certains modes d’expression.

Frédéric Lionel : La liberté principe

Aussi longtemps que le mécanisme de la pensée n’est pas exploré et que ne sont pas perçus les impulsions, aspirations ou réflexes, tant instinctifs que psychologiques ou spirituels, l’homme est manié par sa pensée qui détermine son action, au lieu de la manier en toute connaissance de cause. Inconscient d’une dépendance qu’engendre la mécanique de la pensée, laquelle se manifeste par des réactions aux diverses sollicitations, il ignore qu’il n’est pas libre. Or, la Liberté Principe est non seulement l’essence de toute chose, mais encore l’indispensable assise d’une expression juste, physique, psychologique ou spirituelle.

Madeleine Groffier : Le visage béni de l'épreuve

Ce continuel arrachement aux illusions dont il s’éprend amène l’homme en face des grands problèmes et, lorsqu’enfin il se rend compte que cette poursuite du désir dans le manifeste ne crée en lui que vide, écœurement et souffrance, il commence peu à peu à aspirer vers autre chose, vers une autre forme de bonheur et à chercher, derrière l’apparence des épreuves et des joies passagères, un objet digne de son désir.