XXX : Avec de gros sabots
Si la nature humaine n’était que l’apparence extérieure d’une réalité-source, la folie ayant consisté jusqu’alors à projeter l’intuition de cette nature-source soit à l’extérieur de soi-même et du monde en imaginant la divinité, soit sur les êtres et les choses en imaginant le sacré. Il suffit de s’installer comme gourou pour qu’en peu de temps des dévots vous canonisent ou, foin de cette limitation, ne fassent de vous un dieu vivant infaillible, c’est-à-dire une idole. Pourquoi projeter hors de soi ce qui se trouve en soi, à la source de soi. Pourquoi humilier jusqu’à l’autopunition sa nature humaine, comme si elle constituait l’unique obstacle à retrouver un paradis. Pourquoi, en sens opposé, glorifier celle-ci en lui supposant un destin à part parmi les diverses formes du vivant, comme si les hommes, ainsi que toutes les autres espèces n’étaient pas soumis à la mort ?