La science a imposé une image quasi mécanique de l’univers. De nos jours cette image est devenue si abstraite que l’homme ne sent plus sa place dans le cosmos, parce qu’il se perçoit lui-même comme une réalité concrète, organique, vivante. Il ne reconnaît plus sa place dans un ensemble dévitalisé, le ciel de Copernic ou celui des physiciens contemporains. Un signe de cette angoisse est l’intérêt surprenant que portent nos contemporains à la pluralité des mondes habités. Le goût des OVNI, des extra-terrestres, les mythes littéraires de la science-fiction constituent un document impressionnant. Ce dossier est celui d’un effort incroyable pour pallier le mal éternel qui est aussi celui du siècle : la peur.
Catégorie : C
Jean Chevalier : Déchiffrer les nouveaux philosophes
Ce pessimisme historique conduirait au nihilisme s’il n’était contrebalancé par une éthique, née de ce pessimisme même, qui ne se contente pas de rejeter le pouvoir, mais le dénonce, le débusque, le combat par la parole. Ce n’est pas non plus anarchie. C’est l’instauration d’une parole libératrice au cœur des citadelles de l’autorité, une dissonance criante dans la fausse harmonie des contraintes. Le logos stoïcien était un principe d’ordre dans un monde chaotique, le logos de la nouvelle philosophie est un principe de contestation dans un monde trop ordonné.
Monique Couderc : Guérir du cancer
Il me semblait que la médecine était avant tout une médecine symptomatique, une médecine qui supprime les symptômes et qui ne croit pas aux forces de la vie. Nous avons cette force en nous, nous avons ce pouvoir de régénération en nous. Cette médecine est traumatisante, ses effets dépassent souvent le mal lui-même.
Jean Chevalier : L'Europe a-t-elle une âme ?
On se demande aujourd’hui si l’Europe a jamais existé ou si, présumée existante, elle pourrait subsister. Son caractère spécifique est remis en question. Alors, que veut-on dire quand on parle de l’Europe ? Quel type d’unité est affublé de ce nom? Sur quoi se fonde-t-elle ? Mythe ou réalité, ou les deux à la fois, oscillant entre des périodes d’essor et de décadence ?
Yves Christen : Le cerveau humain peut-il comprendre le cerveau humain
L’étude du cerveau pose le même type de problème tant il est vrai qu’on a facilement l’impression qu’une sorte de personnage regarde, et interprète le monde dans notre tête. Le fait d’avoir vu décrit un peu partout dans les livres d’école l’œil comme un appareil photo ou une caméra a grandement facilité cette déviation intellectuelle. Le biologiste Francis Crick a, en termes fort simples, démontré pourquoi une telle explication ne pouvait satisfaire le chercheur : « Récemment, commente-t-il, j’essayais désespérément d’expliquer à une femme intelligente le problème de la perception. Comme elle ne parvenait pas à comprendre où il résidait, je finis par lui demander, en désespoir de cause, comment elle croyait voir le monde. Elle me répondit qu’elle pensait avoir à l’intérieur de la tête une sorte de récepteur de télévision. « Et alors, demandais je, qui le regarde ? Instantanément, elle comprit le problème. » « La plupart des neurobiologistes, poursuit Crick, sont d’accord sur le fait qu’il n’y a pas d’homoncule dans le cerveau. Malheureusement, il est plus facile de souligner une erreur que de l’éviter.
Jean E. Charon : L'univers, mon univers
Nos physiciens modernes ne vont guère faire beaucoup mieux que l’ancienne pensée traditionnelle chinoise pour, à leur tour, justifier sans incohérence de l’existence d’un Univers empli d’énergie. Cette exigence de cohérence va se traduire par la manière dont ils vont cataloguer les faits observables, en établissant notamment deux types de matière : la matière ordinaire, qu’on rencontre le plus abondamment dans l’Univers, qui sera dite d’énergie positive ; et aussi la matière plus rare, d’énergie négative, qu’on désignera comme l’antimatière…
Jean Chevalier : L'islam 2e religion en France
Dans tout discours, tout désir, toute sensation, ce qui compte, c’est l’intention, non pas la matérialité sensible. Grâce à l’intention seule, la dualité disparaît. Elle confère à l’acte son sens, très souvent caché par les apparences : « Dans le sens, tout s’accorde. » Penser et agir dans le même sens, c’est abolir les oppositions, même entre les dogmes et les éthiques différentes. A cet égard, le mystique est très libéral : on peut suivre, dit-il, la voie de Jésus (« s’abstenir de la satisfaction des désirs ») ou celle de Muhammad (« supporter la tyrannie, les soucis de la femme et du monde »). Atteindre au sens suprême, quelle que soit la voie, c’est l’essentiel, et c’est l’extase. Sortir de soi, c’est se trouver : c’est réaliser le sens de sa vie, s’unir dans l’amour.
Dominique Casterman : Quand la vision est non-vision
Croire que l’éveil consiste à voir, à l’aide d’un mental nettoyé de ses poussières, l' »ultime réalité » comme un fait objectif se reflétant sur le miroir brillant de l’intellect, c’est rester prisonnier du processus qui consiste à se considérer comme un chercheur du trésor spirituel vu comme l’objet ultime de notre quête. Après avoir cherché, il est bon d’arrêter car en arrêtant de chercher on trouve la présence de Cela qui est.
Dominique Castreman : L'unité transcendante des religions c'est d'abord un état d'esprit
Les grandes traditions spirituelles, et aujourd’hui la science, évoquent l’existence d’une autre réalité que celle qui tombe directement sous le sens. Ces deux approches de la réalité nous acheminent aux confins des territoires objectivement observables, là où le sens de l’univers se déploie dans le vécu de notre conscience pour rayonner d’un sentiment intense d’unité intérieure et de participation cosmique.
Dominique Casterman : Réflexion sur la réalisation intérieure
L’homme réalisé transcende l’opposition conscient-inconscient par l’expérience directe, immédiate de lui-même et du monde. Il cesse d’opposer ce qu’il aime à ce qu’il n’aime pas, d’opposé l’homme universel à l’homme social. Il vit l’immédiate réalité de la source la plus intime de son être. Il est. Au lieu de se sentir gouverné par le monde extérieur sur lequel il projette ses pulsions intérieures non reconnues consciemment, l’homme réalisé s’éprouve comme le Sujet de ses pensées-sentiments et de ses sensations-intuitions. Pour être remonté jusqu’à la source de son être, il s’est libéré de l’emprise affective et de la tyrannie de l’intellect.