L’accueil comme voie, entretien avec Jean Klein

Bien souvent, nous ne savons pas être ouverts, réceptifs aux pensées, aux sensations qui nous assaillent. Laissez-les venir, n’intervenez pas afin qu’elles se livrent à votre regard vierge. Cette écoute sans choix est détendue, paisible, nous voyons l’espace s’agrandir peu à peu. Hors de toute préhension, de toute mémoire. Le contenu de notre psychisme se révèle, s’actualise, nous contemplons d’une façon désintéressée nos agressions, nos fureurs, nos peurs, nos anxiétés. Tôt ou tard, elles se résorberont dans notre observation et la transformation, la transmutation se font dans cette résorption. Malheureusement, nous n’allons pas jusque-là, la personne se défend, elle n’approfondit pas complètement ces constatations, elle remet cette étude à plus tard, n’en ayant soi-disant pas le temps, sans vouloir comprendre le motif qui la guide. Cultivez l’observation, ne refusez pas une approche attentive, cet approfondissement vous rendra autonome.

Stephen Jourdain : Une unique expérience

Pour beaucoup de personnes s’intéressant à ce genre d’expérience, il semble qu’il existe, qu’il doive nécessairement exister une contradiction entre ce qu’ils nomment l’« expérience ultime » et la vie quotidienne. Moi je n’ai jamais entrevu, jamais même commencé d’entrevoir cette contradiction. Je n’ai jamais senti la moindre brouille entre le fait de jouer au billard, par exemple, ou le fait d’avoir une activité sexuelle quelconque, et la nécessité de vivre cette « chose ». La nature de cette « chose » exclut une telle contradiction, de la même façon qu’elle n’exige pour briller aucune sorte de sacrifice. Cette opinion que la contradiction existe pourrait provenir du fait que, n’ayant pas l’« ultime expérience », connaissant par ouï-dire ce moi mystérieux de qui elle est l’avènement, les gens se figurent qu’il a perdu la qualité humaine. Alors, tout naturellement, ils sont amenés à imaginer une contradiction entre la vie humaine, la vie quotidienne, et « l’éveil ».

L'œil du sorcier entretien avec Philippe Alfonsi

Vous savez, la sorcellerie est très contagieuse. Nous ne restions jamais plus de trois semaines dans le Berry pour ne pas basculer, parce qu’il faut le reconnaître, ça va vite. Tous les gens que j’ai vus tomber en sorcellerie vivaient des expériences dramatiques, parmi les plus épouvantables que l’on puisse faire. Il ne faut pas croire que les beaux esprits soient à l’abri d’une « culbute ». Je vous ai dit que le phénomène touchait également des médecins. La plupart des médecins (et des patients !) ont cru à la toute-puissance de la médecine. Je crois que c’est cette mauvaise approche de la science qui fait que beaucoup de médecins s’intéressent aujourd’hui au paranormal et à l’irrationnel. Ils n’ont peut-être pas su prendre la véritable mesure de la science, attendre de la voir évoluer par sa propre critique, en reconnaissant ses limites.

La puissance du verbe entretien avec Jeanne Favret-Saada

Le fait que personne ne soit sorcier n’empêche pas le système des sorts de marcher. Au contraire. Lorsque quelqu’un est victime de malheurs à répétition, son entourage et son désenvoûteur l’autorisent à se dire ensorcelé. Pour s’en tirer, il accuse tel ou tel « sorcier » qui, le plus souvent, devient à son tour victime de malheurs à répétition pendant que l’accusateur se rétablit. Le « sorcier » passe alors en position d’ensorcelé, va voir un désenvoûteur, etc. Et ainsi de suite. La sorcellerie, c’est comme un paquet de violence, un ballon de nitroglycérine dont il faut se débarrasser au plus vite. Quand on l’a dans les pattes, on se dépêche de le balancer à quelqu’un d’autre, avant qu’il n’explose.

Beethoven, Bach, Mozart, ou... Rosemary Brown ? Un reportage de Joël André

Liszt. Chopin, Schubert, Beethoven, Bach et Mozart, Schumann, Berlioz, Brahms, Rachmaninov, Grieg, Debussy et Stravinsky. La mort a-t-elle vraiment mis fin à l’activité créatrice de ces treize compositeurs ? Sont-ils, au contraire, à l’origine des œuvres musicales que produit par centaines, depuis 1964, le médium britannique Rosemary Brown (1916-2001) ? Dérision, indifférence, méfiance. Enquêtes. Expertises, recours à l’ordinateur. Et peu à peu, à partir de 1968, une partie de la presse et de la critique musicale se font à l’idée que cette « musique de l’au-delà » pourrait bien être authentique. Car il ne s’agit pas d’expertes imitations — Rosemary Brown a d’ailleurs une formation musicale très rudimentaire — mais d’œuvres entièrement originales. Ce que l’on décèle, ce n’est pas seulement le « style » d’un Liszt, d’un Chopin ou d’un Rachmaninov, mais leur intuition et leur démarche créatrices mêmes…

La sorcellerie démystifiée? Entretien avec Louis Costel

Lorsqu’on ne réussit pas à faire face (lorsqu’on perd un enfant, qu’on a une série de malchances), il est tentant de fuir, de démissionner, de reporter la faute sur les autres. Ce sont des gens qui, s’ils n’ont pu garder une vie chrétienne vivante, ont conservé une certaine religiosité et qui, s’estimant coupables, se demandent : « Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire au Bon Dieu ? » Et bien sûr, si le Bon Dieu n’est pas en cause, c’est le Diable qu’on accuse.

Du maléfice à l’hérésie entretien avec Yves Castan

Il me semble que le recours magique correspond, comme autrefois sinon au même degré, à la nécessité pratique de concevoir ce qui n’est pas expliqué par les savoirs habituels, de pourvoir à certains besoins ou certaines parades de défense, qu’il correspond aussi à une exaltation de la volonté ou de la terreur. Les domaines d’intervention paraissent analogues (ce qui tient aux incertitudes de la santé, du succès, de la vulnérabilité quand les techniques ordinaires sont en défaut). Il faut ajouter à cela le besoin d’une proche autorité, tutélaire ou redoutable, là où les autorités sociales manquent ou sont trop étrangères.

Michel Cazenave : Tristan et Iseult, le défi à la loi

En fait, pour quelqu’un qui, d’un côté, intègre mal ce qui se passe en lui, et de l’autre refuse la société, que se passe-t-il ordinairement ? Eh bien, une partie du phénomène hippie aux symboliques féminines, le mouvement écologique avec son obsession de la Mère-Nature, la recherche par la drogue du Paradis perdu et du royaume des images, peuvent en grande partie s’expliquer à partir de ce point de vue. Bien sûr, il faudrait nuancer tout cela, faire la part de ce qui est pathologique et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est régression et de ce qui est progression, mais j’essaie simplement de montrer les multiples voies par où le féminin fait à nouveau son entrée.

Joël André : Clairvoyant et visionnaire ! Le sensitif Hollandais Gérard Croiset

Je n’ai pris conscience de la voyance comme faculté paranormale que vers l’âge de 25 ans. Je « voyais » déjà de nombreuses choses par vision paragnostique, mais j’étais persuadé que c’était tout naturel et que les autres voyaient la même chose que moi. C’est alors que j’ai fait la rencontre d’un vieil homme, qui m’avait invité un jour chez lui avec ma femme. Lorsque je suis entré dans la pièce, notre ami me dit : « Croiset, je « vois » autour de vous une personne comme ceci et comme cela, et une autre personne de tel et tel aspect, etc. » Et il me décrivit très exactement mon père et mon frère, tous deux décédés. Puisqu’il avait amené la conversation là-dessus, je me suis mis à mon tour à lui décrire les « personnes » que je « voyais » autour de lui. Il avait l’air très surpris et il s’est écrié : « Vous aussi, vous êtes un clairvoyant ! »…