Je veux comprendre. Je veux comprendre ma pensée. Pas le contenu de ma pensée, ce qu’est la pensée. Je pense à propos de ma pensée avec ma pensée. Comment, alors, puis-je, être objectif ? Évidemment, ce n’est pas si facile. De même qu’il m’est difficile d’être objectif à propos de ma colère quand je suis en colère, de même il m’est difficile d’être objectif à propos de ma pensée quand je pense. Je peux l’analyser, bien sûr. Cela je peux. Je pourrais citer des philosophes et des psychologues par douzaines si je voulais en faire la recherche. Mais cela ne m’intéresse pas. Je ne m’intéresse pas aux théories sur la pensée, sur ce que disent les autres sur la pensée, sur l’acte de penser. Je répète : je ne veux pas l’analyser. Je veux l’expérimenter. Je veux la voir — comment ça marche, ce qui la met en marche, en quoi elle consiste. Qu’est-ce que c’est la pensée ? Qu’est-ce que ça veut dire, penser ?
Catégorie : E-F
Paroles recueillies
À l’instant même où l’objet du désir est obtenu surgit une brève explosion de joie intense dont la cause est attribuée à tort à l’objet désiré, qu’il s’agisse d’une chose, d’un être, d’une situation ou d’une réussite. Mais cette joie s’émousse, alors qu’on la voudrait permanente. La répétition des conditions qui, croit-on, l’ont initialement procurée, n’apporte plus la même intensité, la même saveur exaltante. Ainsi est-on amené à chercher une autre source de joie. Ainsi s’égare-t-on dans la dans la poursuite sans fin des êtres et des choses.
Micheline Flak : Le Yoga à l'école pour développer l'attention

Sous couvert de vitesse et de consommation passive les jeunes se sont laissés dépouiller du temps du rêve et de l’aptitude à inventer. Les enseignants ont beau faire : ils affrontent des enfants qui ne peuvent plus tenir en place et qui rappellent immanquablement l’image symbolique du singe ivre, évoquée dans les textes tibétains comme parangon du mental débridé. La sagesse traditionnelle, comme nous le verrons, a toujours insisté sur la nécessité de reconditionner l’attention avant de songer à restructurer les couches profondes de la personnalité.
Jean Klein : Le motif de l'existence

Le véritable motif de notre existence est d’être le Soi, seule perspective contenant une promesse de joie, de liberté, de paix. Beaucoup de démarches tendent vers ce vécu et l’une plutôt que l’autre convient à notre tempérament, mais il faut que la voie adoptée vise ce vécu réel, qu’on ne perde pas de vue que le Soi n’est pas une expérience mentale, psychique.
René Faure : L'expérience du désert
Les êtres et les choses, les évènements de la vie, perçus isolément, fût-ce avec le meilleur esprit critique et de synthèse, laisse l’homme dans une sècheresse intérieure. Et il n’est pas mauvais qu’il fasse l’expérience de son désert intérieur, quelle que soit la manière dont il vit et comprend les choses qu’il vit. Jusqu’à ce qu’il y ait une acceptation, même inavouée, de ne pas comprendre. Non pas un refus de comprendre, mais une acceptation de ne pas comprendre…
Jean Klein : Un conflit ne peut éliminer un autre

L’instructeur, établi dans le silence, peut répondre de deux manières : soit par le silence, soit par une réponse qui — bien que verbale — prend la forme d’une autre question, plus adéquate pour le disciple et qui doit le conduire au silence, à la plénitude. La réponse qui nous laisse sur un plan mental n’est pas une réponse, elle nous fige et fausse la question posée, tandis que la réponse sous forme de question donne au questionneur la liberté d’aboutir par lui-même à la suprême et vraie réponse qui est silence.
Jean Biès : À l'école de L'Humanité Nouvelle

La pédagogie officielle fait de l’école, pour cette majorité d’enfants dont on se dit soucieux, un monde où l’on s’ennuie, parce qu’en dehors des contrôles qu’elle exerce et des diplômes qu’elle décerne, on ne la voit proposer aucun idéal de réalisation ou de dépassement, investir d’aucune mission, d’aucun message. Si elle n’est plus lieu de supplices, elle n’est sûrement pas jardin de délices : aux grincements de dents ont succédé la platitude et la monotonie, que seule parvient à transmuer en allégresse la sonnerie des fins de cours…
Jean Klein : La vraie réponse

L’univers n’a pas d’existence, à part vos sensations : vision, audition, toucher, etc. Il n’est que cela, donc rien d’autre qu’une pensée née de la conscience. Ce qui surgit d’elle et meurt en elle n’est forcément rien d’autre qu’elle. Ainsi, l’univers n’est rien d’autre qu’une prolongation de cette conscience. Si cette démarche se déroule dans une très grande intimité avec vous-même, qu’une pensée se perde dans la suivante sans que ce soit vous qui provoquiez ce déroulement, qui l’actionniez, vous aboutirez à l’Être qui, bien entendu, n’est ni une expérience, dans le sens que nous lui donnons généralement, ni un sentiment.
Jean Klein : Être sans qualification

La première pensée est celle du « je ». Elle est sans objet, et si nous dirigeons notre attention sur elle, elle se résorbe immédiatement dans une lucidité silencieuse, ce qui signifie être, sans qualification, absolument non-duelle. Ce je est ce que nous sommes. Il est suprême sujet et absolument non saisissable, il n’est ni une image, ni un objet. La différence entre le sujet suprême conscience et l’objet est seulement apparente, elle est due à la dualité : percipient-perçu. Ce que nous croyons être, l’extension dans un espace-temps, le monde, les objets ne sont rien d’autre que des expressions, des prolongements de ce « je » ultime.
connaitre votre terrain : Débutez

Habituellement, nous dressons « un opposé » au conditionnement qui nous choque : coléreux, nous nous efforçons de devenir paisibles, nous engageant ainsi dans un autre conditionnement, ou bien encore, nous avons recours à diverses évasions. Grâce à de tels procédés, nous sommes contraints de parcourir éternellement le même cercle vicieux. Il ne nous reste donc plus qu’une attitude de pure observation, qui nous permettra de connaître notre terrain en question, de saisir sur le vif les activités de notre corps, de notre psychisme, les démarches de notre pensée, nos motivations.