Norbert François : Science et intelligence

Nous ne pouvons rien faire sinon observer lucidement les mouvements de notre pensée, sans essayer d’agir sur elle, découvrir patiemment son mécanisme, comment elle naît et comment elle meurt, et voir ainsi, directement et par nous-même, sans l’intervention d’un maître ou d’une autorité quelconque, s’il y a ou s’il n’y a pas une réalité présente et éternelle, une conscience totale et infinie derrière ce fragment, ce masque du moi emprisonné dans le temps.

R. Linssen : La perception globale immédiate

A chaque instant, des pensées se présentent dans le champ de notre esprit. Elles se présentent sous forme de mots, d’images. Très souvent, ces pensées n’ont pas été choisies de propos délibéré pour répondre adéquatement aux circonstances. Ce sont les pensées que S. Freud et St. Zweig appelaient les pensées « intruses ». En bref, elles sont là. Elles sont là comme autant d’échos constants, automatiques, rapides du passé dont l’ombre portée masque la clarté du Présent

Enem : Arsène (conte philosophique)

Quand par exemple, je vois une mouche attrapée par une araignée, le désir de la sauver s’élève en moi en même temps qu’un dilemme : si je laisse faire, la mouche meurt ; si je sauve la mouche, en admettant que ce soit possible, c’est l’araignée qui risque de mourir. Que faire ? On peut se poser la question. Il y a, semble-t-il, un grand, un immense ordonnancement dans les choses de la nature dont nous ne comprenons rien et où il apparaît nettement que naître et mourir sont comme des détails courants et sans le sens dramatique que nous leur donnons. Pourquoi ? Que se cache-t-il derrière cet écran que nous n’arrivons pas à percer ?

Paul Kolodjensky : Pouvoir contre nature

Chacun d’entre nous, respire, mange, bouge, pense, perçoit ce qui l’environne d’une manière toute naturelle. Tous ceux qui nous ont précédé dans l’existence et qui, par conséquent ont sur les nouveaux-venus, le seul avantage de l’expérience, s’acharnent à nous faire accepter leurs conceptions de l’existence. Tous les moyens sont bons pour nous faire vivre selon des critères établis pour que nous devenions ce qu’ils veulent que nous devenions, et, en aucun cas, pour que nous puissions être ce que nous sommes : chacun est un être unique, aux perceptions propres, aux pulsions propres, aux capacité propres.

René Morichon : Les entraves conceptuelles à l'évolution humaine

L’idée de supériorité ethnique, de « peuple élu », de révélation exclusive nous vient du fond des âges. Il n’est pas de groupe, pas de clan, pas de tribu qui, chez les primitifs, ne s’estime en soi au-dessus des autres. Et il suffit de regarder autour de nous, y compris dans le sport, pour réaliser combien ce « gonflement » est encore vivace et dangereux, témoins ces résurgences provincialistes dont les chantres donnent l’impression de se percevoir différents du commun des mortels.

Robert Linssen : Krishnamurti

Comment arriver à la réalisation de cet état d’être naturel, extatique dans lequel l’individuel s’est peu à peu transmué en l’universel ? Comment le réaliser sans la méditation ? C’est la question qui se posent à tous ceux qui ont lu Krishnamurti. Cette question n’a pas à se poser. Krishnamurti ne nous a jamais dit de ne pas méditer. Mais sa position vis à vis de la méditation est différente des attitudes classiques. Et nous en déduisons arbitrairement qu’il s’oppose à la méditation. Bien au contraire. Pour lui, la vie doit être une méditation constante. Son appel continuel à un éveil de tous les instants, à une lucidité intensément éveillée à chaque seconde n’est-il pas la preuve d’une attention continuelle accordée au Réel.

Swami Hridayananda Sarasvati : Enseignements 5 : Le mental

Ce qu’on appelle le mental individuel n’est en fait pas individuel du tout. Aucun d’entre nous a un esprit séparé, toutes nos facultés pensantes sont reliées les unes aux autres. Mais comme chacun ressent des sentiments, des émotions, des désirs différents, etc…, les vibrations de chacun n’étant pas semblables, elles créent des tourbillons différents. Si bien qu’on a l’impression que ces tourbillons n’ont rien de commun, de la même façon que lorsque vous voyez des tourbillons dans l’eau, vous avez l’impression que chacun est différent, mais en même temps il vous est impossible d’en prendre un en le séparant des autres. C’est l’eau elle-même qui est devenue tourbillon et il y a continuité de l’eau. Cependant, bien qu’il y ait continuité de l’eau, il nous est possible de compter les tourbillons comme s’ils étaient séparés.

Momies ou Individus? Par Ludovic Réhault

Substituer un système à un autre et s’y conformer, ce n’est pas changer, mais passer d’une servitude à une autre, puisqu’après comme avant, notre mentalité reste la même. Tant que nous aurons au cœur la même puissance de haine, la même avidité et la même crainte, le monde restera alerté, hérissé de barrières, semé d’embûches et d’embuscades, et il continuera à être périodiquement dévasté par la guerre. Ce qu’il importe de faire, ce n’est donc pas d’opérer des substitutions ou des conversions, mais d’abord de cesser d’être des machines, mues par des systèmes auxquels nous sommes reliés et asservis par l’habitude, l’avidité, la peur, la loi, comme par des courroies de transmission, et qui ont fait de nous des « Roblots » inhumains.

Krishnamurti : Être Libre

L’ardent désir de sécurité, se manifeste entre autres, par la volonté d’avoir un compte substantiel en banque, une bonne position, par le désir d’être considéré comme « quelqu’un » dans la ville que l’on habite, par la lutte que l’on affronte pour obtenir des titres, des grades, et tant d’autres stupidités qui n’ont aucun sens Réel. Ensuite, quelques-uns d’entre vous, ne sont plus satisfaits par la sécurité physique, et cherchent une sécurité d’une forme plus subtile. C’est encore de la sécurité, mais simplement un peu moins évidente, et vous l’appelez spiritualité. Mais je ne vois pas de différence entre les deux.

Patrick Lebail : Dharma

La racine du mot dharma signifie « supporter », le dharma est donc ce qui supporte. Il n’est pas une norme fixe, car il varie selon les époques. La pensée classique indienne reconnaît quatre époques fondamentales dans le cycle du monde et un dharma pour chacune de ces époques. Les hommes de la quatrième époque, qui est la nôtre, sont assez dégénérés et incapables de se hausser à des concepts transcendants.