N. Sri Ram : La véritable nature de l'homme

La nature de la conscience dans son essence, c’est de recevoir des impressions. Actuellement je ne pense pas du tout, je me borne à vous regarder. Je reçois des impressions de vous tous qui êtes là, de cette pièce, de sa forme, des couleurs qui y sont. Donc la conscience, à l’opposé de la pensée, n’est que la capacité de recevoir des impressions. Non seulement elle reçoit ces impressions, mais elle les retient et la conservation de ces impressions, de ce qui s’est produit, c’est la mémoire. J’ai reçu tant d’impressions de tellement de choses depuis ma naissance, mais, qu’est-ce qui maintient ces différentes impressions comme si elles étaient enfermées dans un sac ou dans une boîte au lieu de se dissiper ?

Jean Néaumet : René Daumal ou la volonté de connaissance

Chez l’homme ordinaire, apprenait Daumal, c’est la personnalité qui est active, plus ou moins éveillée, l’essence passive, arrêtée le plus souvent à un stade infantile de développement. Le travail de connaissance et de transformation est séparation d’abord : séparation du réel et de l’artificiel, du subtil et de l’épais — purification ; union ensuite, union de l’essence activée, développée, initiatrice et de la personnalité pacifiée, et subordonnée à l’essence.

Marcel Clébant : Les prisons les plus proches

La femme enfante, elle justifie sa présence. La vie qui avait un instant concentré ses forces dans son corps, repart pour se mouvoir seule. On l’appelle enfant, plus tard : homme ; mais cet être n’est pas entièrement lui. Il garde au plus intime de sa construction, le souvenir d’une prison chaude, où les problèmes ne vont pas loin. Vivre se déroulait sur une piste au diamètre restreint, où l’horizon « non-inconnu », puisqu’à portée de la main, empêchait d’avoir peur. Et tout a changé le jour où la prison a relaxé le prisonnier. Ce qui est en dehors de la mère était vaste et suspect.

Claude Bolle : A la découverte de soi

Si, dans le courant de l’épreuve quotidienne nous sommes amenés à appréhender confusément la présence d’un de nos défauts, ce timide essai de mise à nu se trouve immédiatement recouvert par notre soif effrayante de nous affirmer, de nous imposer comme un être qui se croit parfait et notre inconsciente mauvaise foi élimine aussitôt de notre conscience la silhouette du mal qui commençait à se dessiner. Ainsi plutôt que de s’employer au dépistage de nos propres travers, l’esprit préfère se retourner au dehors en quête de victimes…

Ananda Coomaraswamy : Le Epsilonn de Delphes : La porte du soleil

Il ne peut aujourd’hui être mis en doute que le seuil du Temple d’Apollon à Delphes ait été au sens propre une «Porte du Soleil», la voie pour pénétrer dans la maison, le Temple du Soleil. L’inscription «Connais-toi toi-même» implique la connaissance de la réponse au «Qui es-tu? »; on pourrait en dire, dans la langue voilée des Mystères, qu’elle pose effectivement cette question.

Dialogues sur l'expérience libératrice - Roger Godel

L’unité indivisible de cet état de conscience est inséparable de moi. Dans l’image de l’arbre et de son ombre sur le sol ocre, comme dans le luisant des eaux, je revendique ma part de vision. Les formes naissent, reposent et périssent en moi. D’où provient le parfum des fleurs ? Il procède d’un pouvoir propre à ma nature: l’aptitude à sentir. Voici qu’apparaît tout à coup dans mon champ de conscience une étrange bigarrure de couleurs, de silhouettes mouvantes. Un réseau immobile de lignes, des sons ; qui donc enveloppe de noms magiques cet indécomposable ensemble: Ilisos, Athènes, Socrate ? Ma seule présence les a fait jaillir. De ma présence encore monte la plénitude de vie dont cet instant est saturé

Serge Brisy : Sommes-nous le « moi » ?

Le désarroi de nos existences provient de ce que nous ignorons ce qu’est le Moi. Pour le comprendre il ne suffit pas de se contenter de structures théoriques, qui ne satisfont que l’intellect. Le travail exigé est autrement difficile, complexe, profond, car il réclame la concentration des énergies de tout l’être, l’éveil de son intelligence supérieure, l’incessant rayonnement de son cœur, la dislocation constante de ses égoïsmes les plus subtils et les plus cachés ; en un mot, la prise de contact avec le Moi véritable, au-delà de toutes les apparences de surface.

Serge Brisy : Quelques aperçus sur la richesse de la découverte de soi

En vérité, nous n’osons pas être nous-mêmes, sans doute parce que nous ne savons pas ce que nous sommes. Ce que nous voyons de nous est apparence et appartient au passager, Et si tout en nous est mouvement, parce que tout est vie, trop souvent, nos préjugés, nos traditions, nos croyances, nos conceptions, essaient d’immobiliser ce mouvement, afin d’atteindre à une stabilité trompeuse qui n’est que stagnation. Le conflit douloureux et perpétuel de l’homme contre ce qu’il croit être et sa réalisation durable, éternelle, a sa source dans l’incompréhension de notre être véritable. Nous nous identifions au passager et essayons désespérément de le faire durer ; nous négligeons ou ignorons l’éternel, qui est la Vie elle-même.

L. Bendit : Magie et psychiatrie

il y a trop de preuves pour qu’on puisse rejeter l’existence des pratiques magiques et de leur efficacité. S’éduquer à se connaître, développer la conscience de soi-même, accepter même les aspects de soi-même qui sont les plus effrayants ou pénibles, sont les meilleurs moyens pour neutraliser les résultats de l’attaque psychique qui vient du dehors. Cela nous montre que le « mal » ne peut pénétrer que s’il y a en nous quelque chose qui lui permette d’entrer ou même qui l’y invite.

René Fouéré : Indications sur mon chemeniment et l'enseignement de Krishnamurti

Par sa base, l’enseignement de Krishnamurti repose, en effet, sur un art de découvrir ces propositions, ces « théorèmes » psychologiques, et d’en établir solidement, au jugement de tout observateur de soi honnête, lucide et attentif, la réalité ; sur une mise en lumière impitoyable et irrécusable de la structure et de l’inévitable fonctionnement de notre esprit au niveau de conscience qui est celui de l’immense majorité des êtres humains. Dans ces conditions, il n’est absolument pas concevable qu’un individu intelligent, s’observant honnêtement, puisse, dans son for intérieur, entrer en conflit avec un tel enseignement une fois qu’il en a bien compris la véritable nature. Cela reviendrait pour lui à entrer en conflit avec lui-même, à renier sa propre transparence.