Daniel Verney : Esquisse pour une théorie de la relativité ontologique

Cela ne signifierait évidemment pas qu’il faut abandonner l’idéal d’une unité de la connaissance et de l’être, mais qu’il faut abandonner la prétention de l’orgueilleux mental humain à conceptualiser « le tout », et admettre que l’unité ne peut pas être atteinte par une démarche uniquement conceptuelle ; bien plus, qu’elle ne peut être éventuellement vécue qu’à travers l’acceptation et le dépassement des multiplicités. C’est d’ailleurs ce qu’enseignent toutes les traditions de l’humanité.

6 Questions à Edgar Morin

Un système est un ensemble d’interactions entre parties (éléments, ou individus, ou être) où ces interactions sont constitutives d’un tout qui lui-même rétroagit sur les parties. Or on peut constater que l’organisation d’un tout produit des qualités ou propriétés émergentes, c’est-à-dire qui n’existent pas au niveau des parties prises isolément, et ces qualités apparaissent non seulement au niveau du tout en tant que tout, mais aussi au niveau des parties en tant que parties (ainsi, si une société naît à partir des interactions entre individus, sans lesquelles elle n’existerait pas, elle dispose des qualités propres qui, rétroagissant sur les individus, leur fournissent la culture, l’éducation, le savoir, etc., qui leur permettent de développer leurs aptitudes individuelles, lesquelles ne seraient pas apparues s’ils étaient seuls dans la nature (comme le montre l’exemple des « enfants-loups »). En même temps, l’organisation d’un « tout » impose des contraintes sur les parties qui perdent ainsi un certain nombre de leurs qualités ou propriétés. D’où l’idée que le système est à la fois plus et moins que la somme des parties, plus et moins que ses constituants ; il est la somme de ses constituants et en même temps autre chose.

Stéphane Lupasco : La systémologie et la structurologie

Pour qu’il se forme un système quel qu’il soit, naturellement ou de par votre intention et votre volonté, il est indispensable que ces éléments, ces constituants d’un système soient rassemblés et liés entre eux par quelque dispositif, par quelques rapports. Et c’est ici qu’interviennent la systémologie et la structurologie.

Léon-Jacques Delpech : Vers de nouveaux entendements

Un processus passionnant est né, les logiques et méthodologies se sont multipliées pour mieux comprendre le réel. Épuiser cette longue aventure qui part de 1893 avec Duhem et Milhaud pour continuer avec Leroy et Poincaré… puis E. Meyerson, mais ce serait trop long à décrire… Nous allons nous contenter de marquer quelques étapes centrées autour de l’univers physique et logique…

Jean Cotté : De l'Orient à l'Occident, l'envol de la pensée systémique

L’Occident, qui souffre et qui meurt de ce tragique clivage entre l’abstrait et le concret qu’il n’a cessé d’accentuer, retrouve en cette langue un paradis perdu, celui de la pensée systémique, où le concret s’éclaire des premières lueurs de la démarche abstraite sans que celle-ci ait encore perdu toute la force génétique du concret.

Armand Hernandez : L'approche systémique et l'être vivant de la planète dans son contexte cosmique

La révolution systémique, et non systématique, consiste en une vision global où la notion de système entre en jeu. Cette vision unifiante a fait son apparition par une espèce d’intégration de plusieurs disciplines où figurent la biologie, la théorie de l’information, la cybernétique et la théorie des systèmes. Cette approche transdisciplinaire (pluridisciplinaire) est appelée approche systémique.

Daniel Verney : Vers un nouveau paradigme scientifique : ontologies et logiques selon Gotthard Günther

L’une des originalités essentielles de la pensée de Gotthard Günther est en effet de ne pas hésiter à entrelacer les points de vue métaphysique et logique, non pas pour diluer la science dans la métaphysique, ni, comme l’imaginent les scientifiques qui restent attachés au paradigme de la science classique, pour évacuer de la science ce qui pourrait y rester de métaphysique, mais au contraire pour essayer de construire une science nouvelle qui n’exclurait pas une réflexion sur la nature — les natures — des êtres.

Dr. Dimitri Viza : Réflexions sur les paradigmes en biologie

Il faut se rappeler comment un paradigme se crée et vit dans la société actuelle, incarné par des hommes. Sa maturation, c’est-à-dire son épuisement, suit un chemin similaire à la « maturation » du scientifique et peut rappeler certains aspects de la différenciation cellulaire pendant le développement de l’embryon. Ainsi, au cours des divisions cellulaires successives s’opère une restriction, une diminution progressive de l’éventail des possibilités. Aux « mitoses créatrices » (mitose : division cellulaire) capables de donner naissance à quelque chose de nouveau, succèdent les « mitoses monotones » reproduisant des copies conformes des cellules qui ne se divisent que pour résister à l’usure du temps. L’instabilité, créée par une division, doit toujours précéder toute différenciation cellulaire : il en va de même pour la différenciation du paradigme.

Gérard Fourez : Comment travaille la science occidentale ? La notion de paradigme

Cela signifie qu’une discipline scientifique ne s’organise pas autour d’un objet qui serait donné par la nature, mais autour d’une certaine manière de structurer une vision restreinte et particulière d’une partie du monde que l’on découpe. En gros, on appelle « paradigme », une série de règles acceptées par un groupe de chercheurs et admises comme telles ; elles donnent une certaine organisation à la manière de voir les choses suivant une discipline ou une philosophie — une manière de vivre.

Daniel Verney : Quelques hypothèses de recherche à propos du psychisme dans le monde et dans l'homme

La première révolution copernicienne – celle de Copernic – n’a pas consisté uniquement (comme on le répète trop souvent) à remplacer une conception « fausse » du monde physique (centrée sur la Terre) par une conception « vraie » (centrée sur le Soleil), mais à relativiser le géocentrisme de sorte qu’il devint insoutenable en tant que dogme et qu’il apparut enfin comme ce qu’il était, c’est-à-dire un point de vue. Point de vue privilégié, certes, puisqu’il est jusqu’à nouvel ordre celui auquel nous oblige notre situation d’hommes sur la Terre, mais justement point de vue sur une réalité qui n’est pas centrée sur ce point : nous, ou moi.