Theodore Roszak : Le monstre, le titan et la nouvelle gnose

Connaître Dieu par l’ordonnance des choses est une déduction, peut-être fragile aux yeux des logiciens sceptiques, mais de caractère au moins vaguement scientifique. Connaître Dieu par la puissance de l’instant est une épiphanie, une connaissance qui nous mène loin de la respectabilité scientifique. Pourtant, c’est là que la gnose atteint son sommet, devient connaissance acceptant de se plier à la discipline du sacré. Elle ne se ferme pas devant les épiphanies qu’offre la vie sous prétexte qu’elles seraient « simplement subjectives ». Elle permet plutôt à l’expérience de s’étendre, elle l’invite à prendre tout son sens. Après tout, si Galilée avait raison de traiter de fous les hommes qui refusaient de regarder la Lune dans un télescope, que devrions-nous dire de ceux qui refusent l’invitation de Blake à voir l’éternité dans un grain de sable ? La gnose tente d’intégrer ces moments d’émerveillement extatique ; elle les considère comme une avance sur la réalité et, de loin, la démarche la plus excitante qu’ait entreprise l’esprit. Car là est la réalité qui donne à nos vies leur sens transcendant.

Albert Méglin : Quand la science rejoint la sagesse

Il nous appartient de vivre dans la résonance, en harmonie, en accord avec l’Univers et en lui. L’intelligence la plus élémentaire nous impose de chercher à le sentir et à le comprend Nos facultés humaines, uniques dans le monde manifesté, nous permettent de nous ouvrir à une compréhension de l’Univers et de connaître ses lois. Parallèlement, l’évolution d’une science globalisante et non uniquement analytique découvre que le physique et le psychique sont intimement liés, solidaires et complémentaires; que nous sommes un tout en nous mêmes lié au Grand Tout et que, globalisés en nous-mêmes, apparemment individualisés, nous sommes aussi membres du Tout.

Jean E. Charon : Psychophysique, la découverte du monde intérieur reflet du cosmos quasi éternel

Nous voici donc tous concernés : la Physique contemporaine confirme la célèbre intuition de Teilhard de Chardin, les électrons entrant par milliards dans notre corps sont porteurs d’une « psyché ». On désigne par éon l’ancien électron de la Physique, si l’on veut souligner que cette particule est physiquement toujours la même mais est désormais reconnue comme possédant aussi des propriétés psychiques…

Étienne Guillé : Des métaux alchimiques dans notre ADN une réalité énergétique des données de la tradition

Il est très significatif de constater que les métaux qui provoquent les variations de conformation les plus spécifiques de la molécule d’ADN, sont ceux qui ont été attribués par les alchimistes aux luminaires et aux planètes connues à cette époque. Depuis cette époque, le zinc, le manganèse et le cobalt ont été attribués aux trois dernières planètes découvertes : Uranus, Neptune et Pluton. Même si nous disposons de peu d’informations scientifiques pour l’étain et le fer alors que ce dernier métal est le plus concentré in vivo dans la molécule d’ADN, nous pensons que cette correspondance ne constitue pas une pure coïncidence.

Maurice Lambilliotte : Teilhard prophète de l'évolution

Je transcris, sans rien changer, quelques notes jetées en hâte sur le papier, dès mon retour à mon hôtel : « Sa jeunesse, sa beauté, sa vivacité d’esprit, sa joie rayonnante, écrivais-je, sont quelque chose qu’on ne peut imaginer si on ne l’a vécu ». L’impression que m’avait faite cet aristocrate racé qui, à ce moment, avait 73 ans, était vraiment une impression de jeunesse, de beauté physique, d’ardeur et de rayonnement. J’aurais pu y ajouter la simplicité, la cordialité, le sentiment qu’il engendrait d’une véritable communion d’esprit et de cœur tandis qu’il nous parlait. Son information sur l’état du monde était prodigieuse. Ses jugements aigus et pénétrants. Connaissant la semi-clandestinité où il se tenait volontairement d’ailleurs, je m’attendais à lui trouver un peu d’amertume. C’est un homme joyeux qui nous entretenait. Un homme à la fois si haut par sa vision du cosmos, et si près de la réalité. Une intelligence profonde et, à la fois, délié ; un homme vif, plein d’esprit, riant parfois d’une remarque, d’un mot lancé dans la conversation, enchaînant et découvrant en un éclair des horizons vastes et insoupçonnés. Sa pensée naissait sous nos yeux. Et cette pensée jaillie, expression claire, lumineuse et simple, d’une évidence et d’une conviction, nous imposait irrésistiblement l’émouvante approche d’un verbe authentique. C’est que derrière le savant et le philosophe, il y avait en Teilhard de Chardin un poète, mais au sens étymologique du terme, un créateur…

Rémy Chauvin : L'Homme et le Cosmos dans une genèse commune

Il y a actuellement deux possibilités dans la manière de considérer l’homme et le cosmos. Elles sont à peu près équivalentes. « La première est de considérer l’extrême petitesse de l’homme sur le plan de la mesure et il est certain que l’homme en face d’une galaxie n’est pas très gros… Mais il est gros par rapport à l’atome… en sorte que l’on a pu dire que l’homme constitue un moyen terme entre le plus petit et le plus grand. » Dans ces conditions, certains esprits peuvent être tentés de croire que la vie humaine est bien puérile et bien passagère et « qu’un beau jour, avec l’égalisation de l’entropie, elle disparaîtra définitivement et que tout sera comme si l’homme n’avait jamais existé ». On peut avec autant de droit concevoir, comme le faisait le Père Teilhard, qu’il n’y a pas deux infinis seulement, mais un troisième, celui de l’infiniment complexe l’Homme. « L’Homme dont le cerveau mystérieux a en quelque sorte créé le cosmos en le mesurant, en l’organisant, en le rendant conscient. »

André Cailleux : Connaissance scientifique et filiation

Ces connaissances sûres et efficaces qui lui viennent du passé et d’autrui, le chercheur devra les assimiler, les intégrer dans son présent, les faire siennes. Ce qui était social et extérieur deviendra pour lui personnel et intérieur. Comment et par quel mécanisme, et à l’aide de quelle forme de structure ? C’est ce que nous allons nous demander, en examinant de plus près, le fonctionnement des cerveaux humains, en face de la nature.

Guy van Renynghe : A la Recherche d'une Intégration Psychobiologique

Le dilemme de l’âme a pu se formuler ainsi : si nous acceptons que les activités mentales sont des manifestations de l’âme, les modifications de ces activités, par une stimulation électrique du cerveau, reviendraient à manipuler l’âme par l’électricité ce qui est illogique puisque l’âme est incorporelle par définition. Si d’autre part, nous privons l’âme des toutes les fonctions mentales dont nous pouvons démontrer la dépendance par rapport à la physiologie cérébrale, nous la réduisons à une abstraction incorporelle, difficilement saisissable par l’esprit relativement pauvre de l’homme.

Extraits des œuvres de Roger Godel

Conquise par l’esprit technique — miroir où se reflète le monde de la matière avec ses mouvements et ses lois — la conscience est en péril de mort. L’homme, entraîné par le jeu de son pouvoir, se laissera-t-il envahir tout entier et fasciner par le démon de la création industrielle ? Devra-t-il porter toujours, et de plus en plus profondément inscrits dans sa substance, les stigmates de l’œuvre pétrie de matière ? Ou bien, résolu à sauvegarder en lui-même les traits proprement humains osera-t-il imposer un ordre de spiritualité — un ordre de justice, un ordre social et fraternel — à sa propre intelligence en mal d’invention et de richesses ? Dans l’instant présent de l’histoire, sa survie repose sur cette alternative.
L’humanité veut des hommes.

Krishnamurti : Créativité et Science

Les êtres humains, depuis les derniers cinq mille ans ou plus, se sont tués les uns et les autres au nom de Dieu, au nom de la paix, au nom de leur propre contrée tribale particulière. Maintenant dans la présente civilisation, nous sommes assemblés ici où nous produisons ces armes énormes et destructrices comme un résultat de la science qui est connaissance. Ainsi, quelle place a la connaissance, la science dans la création? La création a été l’un des problèmes les plus complexes. Diverses religions disent que Dieu est la source de la création mais chaque contrée tribale a son expression particulière et ses propres dieux tribaux qui sont nommés « nationalisme ». Tout ceci a été le résultat de la pensée et la pensée peut-elle jamais être créative dans le sens le plus profond?