Edgar D. Mitchell : De l'espace extérieur à l'espace intérieur

Ma première impression à l’instant où je regardais la terre fut son incroyable beauté : même les photos les plus spectaculaires n’arrivent pas à la rendre. C’était une vue majestueuse : un splendide joyau bleu et blanc suspendu sur un ciel de velours noir. Avec quelle tranquillité et quelle merveilleuse harmonie semblait-il s’insérer dans le modèle d’évolution qui guide l’univers ! En un moment d’extase, la présence du divin devint presque palpable et je sus que la vie dans l’univers n’était pas seulement un accident issu des mécanismes du hasard. Cette connaissance me parvint directement, de manière noétique. Cela n’avait rien à voir avec un raisonnement discursif ou une abstraction logique. C’était une connaissance expérientielle obtenue par une conscience subjective personnelle, mais chaque détail était — et est encore — aussi réel que les données objectives sur lesquelles le programme de navigation ou le système de communication étaient basés. C’était clair et net : l’univers avait une signification et une direction. Ce n’était pas perceptible par les organes des sens, mais c’était cependant présent, une dimension invisible derrière la création visible qui lui donne un dessein intelligent et apporte un sens à la vie.

Robert Linssen : Lois physiques, lois spirituelles

Les systèmes philosophiques et religieux de l’humanité ont toujours été fonction de l’évolution spirituelle des individus. Cette évolution n’ayant manifestement pas encore parcouru toutes les étapes des possibilités remarquables qui s’offrent à l’homme, il est compréhensible que celui-ci n’ait pas encore pleinement accompli la synthèse spirituelle parfaite dont certains esprits avancés pressentent les éléments fondamentaux.

Robert Linssen : Spiritualité antique et science moderne

Ainsi, selon les traditions anciennes, depuis qu’un univers est né, il y a cette sorte de réseau de mémoires qui s’accumulent de plus en plus, puisque rien n’est oublié, et finalement en nous et par nous, ce réseau de mémoires s’arroge définitivement le droit à l’existence et se croit un ego qui, d’après la notion fondamentale la plus élevée des mystiques et dans la vision des sages, n’est constitué que d’éléments impermanents, d’agrégats d’éléments, tandis que dans le cœur de l’Univers il y a cette Énergie Une, cette Unité Ultime qui est dans le cœur des choses et dans notre cœur. Ce n’est pas une abstraction, au contraire, c’est une réalité vivante qui peut être appréhendée par notre intuition la plus adéquate, et qui ne peut se traduire en parole ou en image.

Gabriel Monod-Herzen : Science occidentale et religion orientale science et foi

Cette dissension n’a pas toujours existé. Ce n’est qu’au fur et à mesure que progressait la connaissance que les difficultés ont commencé. Deux partis se sont alors formés, on donnait aux gens à choisir entre les deux et chacun avait l’espoir non seulement d’avoir la victoire sur l’autre, mais aussi de le détruire. L’idée qu’il puisse y avoir complémentarité était totalement exclue. Cela n’est pas très ancien. Ainsi, par exemple, le Père Teilhard de Chardin, jésuite profondément croyant et, en même temps, remarquable paléontologiste, avait une théorie de l’évolution de l’homme. Bien sûr, il admettait tout ce qu’il y avait dans la Bible, mais il pensait que l’humanité irait peu à peu vers l’unité…

Nouvelles voies d'accès à la connaissance : Une interview de Raymond Abellio

Il existe un «progrès» indéfini des sciences, c’est un fait. Il est lié à l’avancement continu des mathématiques, lui-même en rapport avec la montée du pouvoir d’abstraction qui semble bien caractériser le fonctionnement du cerveau humain. Mais, une fois cette constatation faite, il ne faut pas en oublier une seconde, moins apparente. C’est que, conjointement, ce qu’on appelle la «désoccultation» de la Tradition (on devrait dire plutôt sa compréhension, sa re-création vécue) ne peut qu’avancer du même pas, ou, plus exactement, que nous arrivons à un moment de l’histoire où ces deux mouvements vont s’appuyer l’un sur l’autre comme les deux affluents dont je viens de parler.

Frédéric Lionel : Science et philosophie (supports d'une vision globale)

Par l’entendement humain qui correspond à une faculté de compréhension globale, le spirituel se projette dans la chose observée. Poussé par son génie, l’homme cherche à percer le mystère de l’infiniment petit et découvre un mouvement indécelable. Il découvre un tourbillon d’énergie, une essence sans bornes et sans limites, et réalise que rien n’étant séparé du reste, il est lui-même cette essence. Il découvre que l’instabilité est, dans le monde manifesté, la toile de fond devant laquelle se joue son destin, et il découvre aussi qu’il est absurde de perpétuer une classification rigide en catégories de tous les modes de sciences, de tous les savoirs et de toutes les philosophies, car ils sont tous une voie d’approche d’une Réalité unique.

Vers une nouvelle vision du monde Entretien avec Fritjof Capra

On peut dire qu’il y a deux thèmes principaux en physique moderne et, en fait, dans la science en générale. Regardons d’abord la physique. Le premier thème est l’unité de tous les phénomènes et leur interdépendance. Le monde n’apparaît plus comme un assemblage d’objets mais plutôt comme un réseau de relations inséparables. C’est donc l’expérience des physiciens qui leur a montré les limites de la notion d’objet et qu’il valait mieux la remplacer par la notion de pattern ou modèles énergétiques. Le deuxième thème dit que cette réalité, ce réseau de relations, est intrinsèquement dynamique.

Robert Linssen : Mémoire et sciences électroniques

Nous avons toujours insisté sur l’importance de l’unité physique, psychique et spirituelle de l’homme et du monde. Nos arguments ont été, jusqu’à ce jour, beaucoup plus philosophiques et métaphysiques que strictement scientifiques. Les travaux récents de deux savants suédois, Holgar Hyden et Egyhazie, de l’Université de Gôteborg, ont comblé une lacune importante, existant dans les explications tentant d’établir les rapports entre les mondes physiques et psychiques.

Joël André : Un entretien avec Raymond Abellio

Aujourd’hui, on peut et on doit imaginer, c’est conforme à tous les enseignements de la tradition, une sorte de « remontée » où les anciens pouvoirs doivent être réintégrés, passant de l’état d’instinct ou de réflexe à l’état de pouvoirs conscients et maîtrisés. Que cela devienne universel, ce n’est sûrement pas à la même cadence pour tout le monde, c’est évident. Les médiums que nous connaissons sont souvent des êtres frustes, qui sont encore du côté descendant de la courbe, et quand on dit aujourd’hui qu’ils tendent à disparaître, c’est parce que l’évolution de la conscience tend à la fermeture de l’Ego sur lui-même, ce qui amoindrit, et même détruit provisoirement les anciens pouvoirs.

L.C. Beckett : Le Lankâvatara Sutra et l’Espace-Temps

Si tout — nous-mêmes inclus — n’est que le Mental, comment pouvons-nous le connaître ? Il a généralement été accepté comme le privilège de l’homme, mais ni les grecs lorsqu’ils le nommèrent « nous »; ni les chrétiens qui l’attribuait à Dieu; ni le biologiste lorsqu’il étudie le cerveau; ni le psychologue lorsqu’il parle de « Mental inconscient », n’ont été capable d’expliquer ce dont il s’agit, ni où il se trouve. Si nous acceptons l’idée de la Lankâvatara Sutra, en supposant que nous la regardions radicalement d’un autre angle, et qu’au lieu de considérer le mental comme la faculté créatrice par laquelle l’homme façonne le monde autour de lui, nous le tournions dans le sens opposé et regardions l’univers, le monde et tout ce que nous connaissons n’importe où et par n’importe quel moyen — la vie elle-même — comme quelque chose de non-né, parce qu’elle a toujours été — ou plutôt pas « été » — dans le sens où nous utilisons ce mot. Supposons que nous ne soyons ni des atomes, ni de l’énergie, ni des dispositifs de l’espace- temps, ni la vie, ni la conscience, mais le Mental-unique, qui a toujours été, est et sera, comme l’affirme le Lankâvatara Sutra ? Il déclare que ce n’est que notre ignorance qui nous fait établir une distinction entre ce que sont seulement des fantaisies.