André Cailleux : Connaissance scientifique et filiation

Ces connaissances sûres et efficaces qui lui viennent du passé et d’autrui, le chercheur devra les assimiler, les intégrer dans son présent, les faire siennes. Ce qui était social et extérieur deviendra pour lui personnel et intérieur. Comment et par quel mécanisme, et à l’aide de quelle forme de structure ? C’est ce que nous allons nous demander, en examinant de plus près, le fonctionnement des cerveaux humains, en face de la nature.

Guy van Renynghe : A la Recherche d'une Intégration Psychobiologique

Le dilemme de l’âme a pu se formuler ainsi : si nous acceptons que les activités mentales sont des manifestations de l’âme, les modifications de ces activités, par une stimulation électrique du cerveau, reviendraient à manipuler l’âme par l’électricité ce qui est illogique puisque l’âme est incorporelle par définition. Si d’autre part, nous privons l’âme des toutes les fonctions mentales dont nous pouvons démontrer la dépendance par rapport à la physiologie cérébrale, nous la réduisons à une abstraction incorporelle, difficilement saisissable par l’esprit relativement pauvre de l’homme.

Extraits des œuvres de Roger Godel

Conquise par l’esprit technique — miroir où se reflète le monde de la matière avec ses mouvements et ses lois — la conscience est en péril de mort. L’homme, entraîné par le jeu de son pouvoir, se laissera-t-il envahir tout entier et fasciner par le démon de la création industrielle ? Devra-t-il porter toujours, et de plus en plus profondément inscrits dans sa substance, les stigmates de l’œuvre pétrie de matière ? Ou bien, résolu à sauvegarder en lui-même les traits proprement humains osera-t-il imposer un ordre de spiritualité — un ordre de justice, un ordre social et fraternel — à sa propre intelligence en mal d’invention et de richesses ? Dans l’instant présent de l’histoire, sa survie repose sur cette alternative.
L’humanité veut des hommes.

Krishnamurti : Créativité et Science

Les êtres humains, depuis les derniers cinq mille ans ou plus, se sont tués les uns et les autres au nom de Dieu, au nom de la paix, au nom de leur propre contrée tribale particulière. Maintenant dans la présente civilisation, nous sommes assemblés ici où nous produisons ces armes énormes et destructrices comme un résultat de la science qui est connaissance. Ainsi, quelle place a la connaissance, la science dans la création? La création a été l’un des problèmes les plus complexes. Diverses religions disent que Dieu est la source de la création mais chaque contrée tribale a son expression particulière et ses propres dieux tribaux qui sont nommés « nationalisme ». Tout ceci a été le résultat de la pensée et la pensée peut-elle jamais être créative dans le sens le plus profond?

Edgar D. Mitchell : De l'espace extérieur à l'espace intérieur

Ma première impression à l’instant où je regardais la terre fut son incroyable beauté : même les photos les plus spectaculaires n’arrivent pas à la rendre. C’était une vue majestueuse : un splendide joyau bleu et blanc suspendu sur un ciel de velours noir. Avec quelle tranquillité et quelle merveilleuse harmonie semblait-il s’insérer dans le modèle d’évolution qui guide l’univers ! En un moment d’extase, la présence du divin devint presque palpable et je sus que la vie dans l’univers n’était pas seulement un accident issu des mécanismes du hasard. Cette connaissance me parvint directement, de manière noétique. Cela n’avait rien à voir avec un raisonnement discursif ou une abstraction logique. C’était une connaissance expérientielle obtenue par une conscience subjective personnelle, mais chaque détail était — et est encore — aussi réel que les données objectives sur lesquelles le programme de navigation ou le système de communication étaient basés. C’était clair et net : l’univers avait une signification et une direction. Ce n’était pas perceptible par les organes des sens, mais c’était cependant présent, une dimension invisible derrière la création visible qui lui donne un dessein intelligent et apporte un sens à la vie.

Robert Linssen : Lois physiques, lois spirituelles

Les systèmes philosophiques et religieux de l’humanité ont toujours été fonction de l’évolution spirituelle des individus. Cette évolution n’ayant manifestement pas encore parcouru toutes les étapes des possibilités remarquables qui s’offrent à l’homme, il est compréhensible que celui-ci n’ait pas encore pleinement accompli la synthèse spirituelle parfaite dont certains esprits avancés pressentent les éléments fondamentaux.

Robert Linssen : Spiritualité antique et science moderne

Ainsi, selon les traditions anciennes, depuis qu’un univers est né, il y a cette sorte de réseau de mémoires qui s’accumulent de plus en plus, puisque rien n’est oublié, et finalement en nous et par nous, ce réseau de mémoires s’arroge définitivement le droit à l’existence et se croit un ego qui, d’après la notion fondamentale la plus élevée des mystiques et dans la vision des sages, n’est constitué que d’éléments impermanents, d’agrégats d’éléments, tandis que dans le cœur de l’Univers il y a cette Énergie Une, cette Unité Ultime qui est dans le cœur des choses et dans notre cœur. Ce n’est pas une abstraction, au contraire, c’est une réalité vivante qui peut être appréhendée par notre intuition la plus adéquate, et qui ne peut se traduire en parole ou en image.

Gabriel Monod-Herzen : Science occidentale et religion orientale science et foi

Cette dissension n’a pas toujours existé. Ce n’est qu’au fur et à mesure que progressait la connaissance que les difficultés ont commencé. Deux partis se sont alors formés, on donnait aux gens à choisir entre les deux et chacun avait l’espoir non seulement d’avoir la victoire sur l’autre, mais aussi de le détruire. L’idée qu’il puisse y avoir complémentarité était totalement exclue. Cela n’est pas très ancien. Ainsi, par exemple, le Père Teilhard de Chardin, jésuite profondément croyant et, en même temps, remarquable paléontologiste, avait une théorie de l’évolution de l’homme. Bien sûr, il admettait tout ce qu’il y avait dans la Bible, mais il pensait que l’humanité irait peu à peu vers l’unité…

Nouvelles voies d'accès à la connaissance : Une interview de Raymond Abellio

Il existe un «progrès» indéfini des sciences, c’est un fait. Il est lié à l’avancement continu des mathématiques, lui-même en rapport avec la montée du pouvoir d’abstraction qui semble bien caractériser le fonctionnement du cerveau humain. Mais, une fois cette constatation faite, il ne faut pas en oublier une seconde, moins apparente. C’est que, conjointement, ce qu’on appelle la «désoccultation» de la Tradition (on devrait dire plutôt sa compréhension, sa re-création vécue) ne peut qu’avancer du même pas, ou, plus exactement, que nous arrivons à un moment de l’histoire où ces deux mouvements vont s’appuyer l’un sur l’autre comme les deux affluents dont je viens de parler.

Frédéric Lionel : Science et philosophie (supports d'une vision globale)

Par l’entendement humain qui correspond à une faculté de compréhension globale, le spirituel se projette dans la chose observée. Poussé par son génie, l’homme cherche à percer le mystère de l’infiniment petit et découvre un mouvement indécelable. Il découvre un tourbillon d’énergie, une essence sans bornes et sans limites, et réalise que rien n’étant séparé du reste, il est lui-même cette essence. Il découvre que l’instabilité est, dans le monde manifesté, la toile de fond devant laquelle se joue son destin, et il découvre aussi qu’il est absurde de perpétuer une classification rigide en catégories de tous les modes de sciences, de tous les savoirs et de toutes les philosophies, car ils sont tous une voie d’approche d’une Réalité unique.