Archaka : La naissance de la Mort

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Il y a soixante mille ans, un phénomène s’est donc produit dans la conscience terrestre : le brusque arrêt du souffle dans une poitrine étrangère, l’ataraxie intérieure qu’en dépit de la raideur navrée des membres le visage détendu traduisait, le silence irrémédiable de celui qui, un instant avant, criait ou riait, tout cela s’est mué en ce qui nous prosterne et à quoi nous n’avons pas encore trouvé de réponse. Toutes nos cultures découlent de cette découverte d’une Amérique que nous appelons la Mort. Toutes nos philosophies, toutes nos religions sans aucune excep­tion sont issues de cette brusque ouverture sur notre anéantissement…


Florence Trystram : XIIIe siècle pour la femme, les temps noirs commencent

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Ceux qui forgèrent cette civilisation chré­tienne sur laquelle, en cette fin du XXe siècle, nous nous appuyons encore dans tellement de domaines, étaient des hommes, et des hommes d’Église, clercs ou moines. Seuls à fréquenter les écoles et les universi­tés, ils étaient seuls à détenir le savoir, donc seuls à imposer leurs images et leur univers mental. Dans ces images et dans cet univers, il n’y a strictement aucune place pour la femme. À tel point que ceux qui, au XIe siècle, ont déterminé dans leurs écrits les cadres de la société, l’ont tout simplement oubliée. Ils divisent le monde en trois catégo­ries : ceux qui prient, moines et prêtres, ceux qui combattent, princes et chevaliers, ceux qui travaillent, paysans ou artisans. Point de femme dans tout cela. Et l’idée nous poursuit encore aujourd’hui : sauf dans de rares ou­vrages spécifiquement centrés sur la femme, et généralement consacrés à faire le panégy­rique de celles qui firent exception ou scan­dale, tous les livres qui étudient la société ou les mœurs de cette époque reprennent immanquablement cette division en trois ordres et oublient allègrement une moitié de l’humanité. À moins que nos historiens, ayant quelques scrupules à rejeter ainsi la femme de leurs études, ne consacrent des développements plus conséquents… au couple.


Joël André : Astrospective

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La conjugaison des cycles planétaires et des devenirs terrestres s’est-elle imposée à la manière d’une programmation cosmique ? Ou suffit-il d’y voir une astro-programmation de l’homme par l’homme ? Il est probable que sur le fond d’une résonance cosmique initiale, l’homme primordial a prélevé, parmi toutes les configurations astra­les possibles, celles qui évoquaient le plus sa structure interne. Pro­jection et auto-envoûtement auxquels l’espèce actuelle continue de répondre. Les stratégies originelles marquent pour des millénaires…


le R.P. Bruckberger : Les entrailles de Marie lieu du miracle des miracles

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La généalogie du Christ, telle que nous la rapporte l’Évangéliste Matthieu, qui est construite de manière très artificielle et où bien des chaînons manquent, il y a cependant une surprise de taille en ce qui concerne les femmes. Seuls les hommes sont nommés, ce qui est de tradition dans toute généalogie sémite. Mais pourtant quatre femmes sont introduites dans la généalogie : quelles sont ces femmes ? Toutes des marginales. Tha­mar, dont le fils, ancêtre direct de Jésus-Christ, est né de l’inceste et de la prostitu­tion. Rahab était une chananéenne, prostituée dans la ville de Jéricho. Ruth, grand-mère de David, était une Moabite, une païenne. La mère de Salomon, Bethsabée, fut adultère et ne devint l’épouse de David que par le meurtre abominable de son premier époux. On peut dire que pour le Christ le péché fut vraiment une affaire de famille, autant dans sa lignée paternelle parce que le péché est substantiellement une offense faite à Dieu, que dans la lignée maternelle : il n’avait qu’à se retourner vers ses ancêtres maternels pour savoir ce qu’est le péché. La généalogie de Marie aboutit paradoxalement à la Vierge Marie, qui resta vierge, et dont le mariage avec Joseph ne fut jamais consommé.


Carlo Suarès : La solennelle duperie des mots sans contenu

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Or il n’est pas difficile de constater que la fausse pensée philosophique est l’arme quotidienne et constante de nos hommes d’État, de nos chefs de partis, de nos états-majors. Si les hommes se réunissaient dans le but de résoudre le problème de leurs besoins matériels, ils adopteraient à cet effet la meilleure solution possible, compte tenu de leurs moyens techniques. Ces moyens étant virtuellement illimi­tés, le problème, en fait, n’existe plus. Mais, dès l’instant où il a cessé d’exister il est devenu insoluble au point que nous sommes acculés à la destruction consciente de l’espèce humaine par elle-même. Et s’il est constant que nos pseudo-dirigeants font profession d’apporter à la solution d’un pro­blème qui n’existe pas, des solutions discordantes faites de mots sans contenu, c’est que la crise est dans la pensée.


Christian Jacq : Rôle et signification de la symbolique féminine dans la civilisation de l’Égypte ancienne

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Entendons-nous bien sur les termes : ini­tiation, pour l’Égyptien, signifie transforma­tion consciente, volontaire, quasiment scien­tifique, de l’individu vers l’Universel. L’être qui s’initie par la connaissance des rites et des symboles accomplit ses kheperou, c’est-à-dire ses transformations vers la Lumière. Le Livre des morts, si mal nommé par les égyptologues, s’appelle en réalité le « livre de sortir dans la lumière », d’accomplir l’ultime initiation qui consiste à nous unir de nouveau à Ce qui crée.


Martine Belle-Croix : À propos de la musicothérapie

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La musicothérapie, tout le monde en parle, tout le monde en fait. Cependant, de quoi parle-t-on ? Que fait-on ? Poser ces deux questions, c’est déjà faire émerger un vaste flou, des imprécisions, de nombreu­ses confusions. Ces quelques lignes n’ont pas pour objet d’expliciter de façon très précise la musicothérapie, mais d’essayer de délimiter le champ professionnel dans lequel évoluent tous les praticiens de l’en­fance inadaptée qui utilisent la musique avec des personnes en difficultés. Leurs objectifs sont pédagogiques, thérapeuti­ques ? Qu’importe, de toutes les façons, la musique est bien là.


Carlo Suarès : Hommes impensables dans un monde invivable

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Si la crise était réellement constatée l’on ne chercherait pas à la résoudre au moyen de ses propres causes. Ces causes, dont on veut se persuader qu’elles sont matérielles (non psychologiques) échappent nécessairement à l’observation, en tant que faits concrets, car nos sociétés sont devenues si complexes et si interdépendantes, que toute action basée sur une idée y provoque des répercussions imprévisibles, infinies, dans les domaines les plus inattendus. Ce manque de concordance entre l’idée et son effet est une décompo­sition, un effritement social. Une civilisation à ses débuts construit, produit, organise, accumule des réserves. Mais depuis plusieurs décades nous sommes entraînés à accepter comme un fait inévitable la destruction des matières pre­mières en vue de maintenir leurs prix et la guerre comme moyen de résoudre ce que l’on appelle la « surproduction » industrielle. De telles erreurs de jugement résultent d’un des dogmes les plus nécessaires à nos psychés : le bénéfice, ou salut personnel. L’importance de ce dogme dans tous les registres de nos consciences, nous a conduits à l’idée de défendre jusqu’à la destruction du genre humain, une civi­lisation qui tourne le dos à tout ce qui la définit. À cet effet, l’armement verbal précède et accompagne l’autre. Son arsenal se compose de mots qui n’ont pas de contenu concret, mais dont l’action psychologique est un des facteurs les plus virulents de nos catastrophes. La première utilité de mots tels que « nationalisme » est de masquer le fait qu’il n’y a pas de compétence, qu’il n’y a pas de sécurité, qu’il n’y a pas de liberté. Ce sont là trois inventions de l’esprit, trois « caté­gories » : en langage philosophique, trois « concepts de l’entendement pur », trois abstractions qui n’ont pas de base concrète. Les objets qu’elles désignent n’existant pas et ne pouvant pas exister, ces « idées » sont fausses, donc nuisibles.


Dominique Dussaussoy : L'énergie des esclaves

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Jusqu’au XIXe siècle, il faut plusieurs semaines aux navi­res pour traverser l’océan. Les voiliers affectés à la traite son vieux, sales et lents. Ils restent parfois encalminés dans la torpeur intense des mers tropicales pendant des jours, subissent des tempêtes aux approches des côtes américaines. Enchaînés dans les soutes fétides, les hom­mes souffrent de la chaleur, de la soif, de la faim et meurent dans des proportions effroyables. Vendus sur leur terre, par leurs propres frères, sans espoir de retour, ignorants parfois du sort qui les attend, ils n’ont em­porté d’Afrique que leurs souvenirs et leurs chants. Et, pour vivifier leurs souvenirs, pour apaiser l’esprit de ceux qui meurent et pourrissent à leur côté, pour se donner à eux-mêmes la force de ne pas crever, ils chantent.


Jean-Louis Siémons : La réincarnation : De l'animisme au spiritisme deux modèles « réalistes »

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Avec les primitifs, on est « en présence d’hommes, et de femmes de chair et de sang », selon les mots de Jean Guiart, qui ont su construire une vision positive du monde qui les aide à affronter toutes les situations — en particulier la mort et ses conséquences. Pour nous, la mort c’est la fin absurde de tous nos efforts ; pour eux « la mort est à la fois un com­mencement, dans l’au-delà, et l’occasion d’un remplacement, chez les vivants »