Archaka : L'homme cosmique

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Dieu n’a jamais été si proche de nous qu’en cette heure où nous, paraissons-nous être pour jamais détournés de Lui. À fouiller la Matière, nous l’illu­minons de conscience. Et cette conscience en la Matière, c’est cela qui est Dieu, c’est cela qui im­prègne de mystère ingénu et fatal le tissu même de l’univers et nous baigne à chaque instant d’une inex­pugnable divinité. Peut-être ne sommes-nous pas encore assez athées pour que Dieu nous apparaisse. Peut-être avons-nous encore en nous trop de souve­nirs tabous et d’empreintes sacrées qui nous ratta­chent à d’antiques religions auxquelles nous croyons pourtant ne plus appartenir. Mais lorsque tout cela sera effacé, lorsque la mémoire des rites et des croyances aura complètement disparu de nous, alors Dieu paraîtra.


René Allar : L'initiation de Ramanuja

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Toutes les « voies » hindoues, celles de l’amour (bhakti) comme celles de la connaissance (jnâna), sont des voies initia­tiques. En présence des preuves d’incompréhension que les Occidentaux ne cessent de donner à ce sujet, on ne saurait assez insister sur ce point qui conditionne toute étude sérieuse de l’Inde et de sa civilisation. Des manœuvres intéressées s’ajoutent ici à l’ignorance pure et simple mais la vérité conserve tous ses droits : la tradition vêdique n’est pas un amalgame de cultes religieux et de systèmes philosophiques augmenté de quelques sciences rudimentaires ; elle n’est pas davantage cela avec, en plus, comme d’autres le prétendent, un complément ésotérique ; la tradition vêdique est dans son essence et dans tous ses développements, par le fond aussi bien que par la forme, une tradition initiatique.


Michel Random : Le pouvoir des symboles

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Le pouvoir des symboles tient à leur disposition géométrique qui anime à son tour un champ de forces physiques, psychiques et spirituelles. Tout symbole a un pouvoir d’incarnation (la Manifestation), de mouve­ment (la dynamique des forces opposées) de Révélation ultime (la centralité). Il situe l’espace-temps sous ses trois aspects, continu (la forme et la mesure), discontinu (l’aspect vibratoire-l’amour) éternel : l’essence-être. Le rapport de chaque être à l’égard du symbole situe le plan le plus élevé de cet être. Sa compréhension dépend de son propre accès spirituel, de ces identifications psychiques, de ses interdits religieux. Tout symbole fonctionne comme un amplificateur de ses propres possibilités. Ainsi la fonction sociale, religieuse ou magique même du symbole est une interaction constante et particulière du symbole lui-même avec chaque être particulier.


La Lumière

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Jusqu’à ce que les chaînes de ta personnalité soient relâchées,
Tu ne pourras comprendre le profond mystère du Soi ;
Et elles doivent tomber pour que tu en aies la révélation.
Alors, tu la saisiras et l’emploieras à un noble service.
Ton cœur est la voie de la lumière pour tes yeux.
La vie changeante est constituée par le cœur des hommes.
Acquiers la connaissance, et tu posséderas la parole.


Jean Chevalier : La pensée rationnelle n'a pas réussi à tuer la pensée symbolique

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L’allégorie, comme le disait Henry Corbin, n’est « qu’un travestisse­ment du connu et du connaissable », tandis que le symbole vous transporte à un autre niveau de perception ou de connaissance, à la découverte d’un autre niveau d’être, que celui qui est immédiatement signifié. C’est ce qu’on appelle le pouvoir d’anaphore du symbole : sa capacité de vous transporter, de vous faire traverser le sens premier du signe. L’allégorie est un procédé simple : l’image signifiant directement une idée ; par exemple, une figure de Vénus, ou de Cupidon avec son arc et ses flèches, désignant l’amour ; des balances, la justice. Le rapport reste ici superficiel, banalisé formel, conventionnel ; il conduit à l’académisme. L’allégorie ne dépasse guère le plan des procédés de rhétorique. C’est en somme une traduction imagée et univoque d’une idée ou d’un sentiment. Le symbole agit au contraire comme une suggestion, une provocation, une sollicitation immanentes et il ne craint pas l’équivoque. Son sens profond peut être à l’opposé de son sens apparent…


Guy Béatrice : Carl Gustav Jung et alchimie

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Attentif à toutes les formes revêtues au cours des âges par la pensée humaine dans sa quête obstinée de la vérité, le psychanalyste zurichois n’avait pas été sans remarquer les analogies existant entre les rêves de certains de ses patients et les textes alchi­miques anciens dans lesquels, à l’encontre de ses confrères, il n’avait pas craint de se plonger afin de mieux appréhender les mécanismes de l’esprit.


Jean Markale : L'alchimie dans l'épopée occidentale

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Car l’essentiel se trouve là : avant d’être opérative, l’Alchimie est un mode de pensée, une véritable structure mentale, une remise en cause de la logique aristotélicienne, une sorte de science paralogique ou plutôt hétérologique. Or il apparaît bien que le système de pensée des Celtes ait été lui aussi hétérologique. L’Alchimie met en relief la « mystérieuse et profonde unité » de la nature, de l’homme et du divin. La pensée celtique n’envisage pas l’être humain autrement que participant pleinement à la nature et à la divinité. L’Alchimie prétend agir en même temps sur le corps et sur l’esprit, sur l’inanimé et sur l’animé, en niant la différence que la pensée classique établit entre ces deux notions. Les Celtes ont toujours refusé le fossé entre nature et culture, entre corps et âme, insistant sur le fait que l’esprit ne s’incarne pas, mais se matérialise, ce qui n’est pas la même chose…


Jacques Oudot : L'exemple

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Où se trouve l’exceptionnel de l’homme ? Dans l’imagination et dans la personne ; à partir d’une infinie banalité chaque individu a la possibilité de connaître l’exceptionnel dans une personnalité ; l’individu, c’est la routine ; la personnalité, c’est ce qui est unique. Et cette banalité se retrouve dans le comportement vestimentaire, gestuel, langagier, rituel, etc. Or, notre projet est de devenir unique, alors que nous fabriquons sans cesse du multiple, du banal, de l’ordinaire, où tout ressemble à tout ; comme un fœtus ressemble à un autre fœtus, une cellule ressemble à une autre cellule, une fourmi ressemble à une autre fourmi ; vus d’un peu haut, tous les hommes se ressemblent ; « Il faut voir les hommes d’en haut », disait Sartre ; mais, d’un peu plus près, chaque personne humaine apparaît aussi unique et surprenante qu’un cosmos.


Kenneth White : Le chemin des étoiles

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On parle beaucoup de progrès. On parle beaucoup de culture. Mais rares sont les réponses à un désir profond. On se dit : « Ça va », on se dit parfois : « Ça va mieux », mais au fond, ça ne va pas du tout. Il y a un manque, un manque radical. Il manque un fondement. On va d’une chose à l’autre, mais toujours sur le plan socio-personnel, et selon une certaine logique. Sans doute faudrait-il changer de plan et de logique. Mais ce n’est pas une mince affaire. Ni la politique, ni la psychologie, ni l’éducation, ni la religion, ni l’art tel qu’il est pratiqué le plus souvent ne touchent à cette dimension-là. Tout tourne en rond, comme un cirque. On n’en sort pas.


Robert Amadou : Qu'est-ce que l'alchimie ?

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L’alchimie s’exprime en symboles, et il faut bien dire que beaucoup d’alchimistes ne comprennent pas les textes qu’ils lisent et ne comprennent peut-être pas les textes qu’ils écrivent. Il m’est arrivé de trouver tant d’imitations, de plagiats ! et des exemples encore plus intéressants de véritable délire poétique ! Et tant d’alchimistes qui, lisant ou écrivant des textes d’alchimie, s’imaginaient comprendre, et en fait ne comprenaient pas ! La question se pose : Qu’y a-t-il à comprendre ?