Gabriel Monod-Herzen : Sri Aurobindo

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Sri Aurobindo, par sa vie et son œuvre, est un lien, d’une part entre l’Inde et l’Europe moderne, et de l’autre entre la tradition indienne immémoriale des voies menant au Yoga — union de notre conscience avec son Principe — et les conditions de la vie actuelle pour qu’elle conduise à un avenir d’harmonie et d’unité.


Eric Baret : Le corps et la pensée sont complètement conditionnés. La seule liberté, c'est de voir ces conditionnements!

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Je pense qu’il n’y a qu’une crise: quand vous vous rendez compte que tout ce que vous faites, que tout ce que vous pensez vient de votre mémoire, que tout ce que vous rencontrez, c’est le passé et que vous ne pouvez pas avoir la moindre idée créatrice. Vous avez alors le pressentiment profond que ce que vous cherchez n’est pas dans la situation, n’est pas dans la perception. Vous constatez que vous pouvez uniquement aller devant. Tout ce que vous pensez, c’est devant vous, et pourtant, vous vous rendez compte que vous pouvez uniquement projeter le connu, la mémoire. Le neuf, la liberté ne peuvent être dans la projection. La crise émerge de l’évidence que vous ne pouvez penser que le vieux, alors que c’est le neuf que vous cherchez. Vous vous rendez compte que toute votre vie, que toutes vos actions sont faites constamment pour trouver ce neuf, pour trouver le non-désir et vous ne pouvez que répéter les schèmes qui reproduisent les erreurs passées. Votre questionnement ne peut plus être devant. La pensée n’a pas les éléments pour arriver à la non-pensée. Lorsque l’on rencontre ce moment dans la vie, c’est vraiment une crise, un choc. Vous savez très bien où vous ne voulez pas aller. Vous ne savez pas où vous voulez aller, mais vous voyez très bien où ne se trouve pas ce que vous cherchez. C’est un choc très profond. Les jeunes aussi éprouvent cela. À l’âge de quatorze ou quinze ans, on se rend compte qu’on ne veut pas être comme son père ou sa mère, qu’on ne veut pas mener une vie bourgeoise. On s’aperçoit que la société est factice. À cet âge, on sait très bien ce que l’on ne veut pas, mais on n’a pas le pressentiment de ce que l’on veut. Ce sont vraiment des crises très profondes.


Arnaud Desjardins : La voie consiste beaucoup plus à perdre ce qu'on a en trop qu'à acquérir ce qu'on n'a pas!

| Catégories : Desjardins Arnaud, Entretien/Interview

À 24 ans, j’ai passé un an et demi de ma vie en sanatorium. J’en suis sorti complètement guéri. Je sens une réelle transformation dans mon existence, c’est sûr, sinon ce serait absurde d’écrire les livres que j’écris ou de porter les témoignages que je porte. Si je n’avais pas eu personnellement la preuve que cette démarche, dite « spirituelle », peut conduire quelque part, je ne témoignerais pas. Ce que je ressens avant tout, c’est la gratitude pour tous ceux qui m’ont aidé et l’impression d’avoir trouvé ma place dans un certain monde, qu’on peut peut-être appeler, en effet, celui de la sagesse. C’est l’impression de ne plus du tout être seul. Je pourrais vous répondre en fonction de ce que je vois de souffrance chez les uns et les autres. L’impression de la solitude est très cruelle pour la plupart des gens. Même si je me trouvais seul, physiquement seul, ou même dans un milieu qui m’est hostile — ce qui peut se produire —, je n’éprouverais pas cette souffrance liée à la solitude.


Jacques Castermane : La maturation humaine

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Tout le travail que j’ai pu faire auprès de Dürckheim pendant plus de vingt ans, il l’intitulait lui-même « un chemin de maturation humaine ». Je trouvais très intéressant de mettre en relation toute cette dimension de la spiritualité avec celle de l’homme. On peut observer aujourd’hui dans notre monde moderne qu’il y a beaucoup d’adultes, mais très peu de maturité et que la grande névrose qui touche l’Occident, c’est l’expression de ce manque de maturité. Beaucoup de parents, d’adultes ont un souvenir de ce qu’on appelle l’éclat de l’enfance, cet éclat lumineux. Et si l’on observe l’enfant, on pourrait dire que, à la différence de l’adulte que nous sommes, ce jeune être baigne encore dans le Grand Tout. Il est encore dans une vie un peu indifférenciée. Il baigne encore dans l’être. Et au fond, la grande souffrance de l’homme, c’est celle dont parle le bouddhisme aussi, c’est cette séparation de l’être. Ce que l’on appelle le chemin de maturation, c’est, peut-être, tout au fond, de retrouver cette unité avec l’être à l’autre bout de l’existence.


Albert Low : Il n'y a pas de gradation entre l'ignorance et la sagesse

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Vous savez, n’est-ce pas, que Bouddha a dit que « la vie, c’est la souffrance »! Nécessairement au fond de la souffrance, il y a le conflit, il y a contradiction et pour vraiment se réaliser; il faut aller au-delà de la souffrance et du conflit. Pour cela, il faut d’abord faire face au conflit. Avec la prolifération en Occident de différentes branches de l’hindouisme où, par exemple, le gourou est l’incarnation divine que l’on adore, n’est-il pas dangereux de succomber à un nouveau romantisme qui épargne justement cette contradiction fondamentale qui est au centre de l’humain?


Carlo Suarès : Question : « Vivre et/ou survivre (?) »

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Je comprends le mot vivre. Je ne comprends absolument pas du tout ce que vous entendez par survivre. C’est un mot qui pour moi n’a strictement aucun sens. Si vous dites qu’on a détaché un cœur, qu’on l’a mis dans un bocal et qu’il continue à battre, il survit parce qu’il bat sans avoir aucune fonction, je le dirais bien, mais je ne pense pas que vous puissiez me parler de cela. Pour moi, tout vit. Et tout est conscience.


Jean Herbert : Hommage à Krishnaji

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Il est de coutume dans l’Inde de classer les yogins, débutants ou avancés, selon le mode de discipline auquel ils se soumettent: yoga de la philosophie et de l’intellect, yoga de l’adoration du Divin sous l’un ou l’autre de ses aspects, yoga de l’ascèse et de l’intériorisation, yoga de l’amour du prochain et du travail désintéressé. Mais ces différents yogas ne s’excluent pas mutuellement ; il est même normal qu’ils se combinent dans des dosages variables, jusqu’au point d’atteindre une rigoureuse individualisation.


Pierre d'Angkor : L'irréligion de l'avenir

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DEPUIS un quart de siècle que Krishnamurti parcourt les cinq continents répandant en tous lieux sa parole illuminatrice et libératrice, il demeure inconcevable que l’énigme multiple que posent cette présence, cet enseignement, cette vie toute entière consacrée au bien supérieur de l’humanité, n’ait pas éveillé davantage l’intérêt, suscité la curiosité générale du public sérieux et cultivé qui l’écoutait. Curiosité superficielle sans doute des auditoires, où se pressait une foule dense, mais sans retentissement dans les profondeurs, apparemment du moins.


Marguerite Bangerter : Tout est dit

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L’AMOUR ne s’apprend pas, nous dit volontiers Krishnamurti ; il s’empare en effet de nous à l’improviste et surgit spontanément. Pourtant, entre l’amour radieux et complet qui crée entre les autres et nous cette communication directe où s’anéantissent toutes les barrières et l’amour inquiet, ombrageux, possessif et jaloux qui dramatise nos existences, il y a place pour beaucoup de larmes et une longue suite d’épreuves qu’on pourrait considérer comme l’école de l’amour ou plus exactement celle de la compréhension ; car l’amour reste en effet toujours pareil à lui-même, jaillissement pur, fontaine de joie.


Robert Linssen : Limites de l'analyse en physique et en psychologie

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La preuve est, pour la plupart d’entre nous, le poinçon de la responsabilité intellectuelle. Nous voulons qu’on nous démontre la vérité. Nous ne voulons avancer que munis de nos certitudes parce que nous avons peur. Nous voulons appliquer au domaine du Réel les processus habituels de l’analyse dans l’espoir d’obtenir une assurance, une preuve. Certes, si la pensée est utile et peut créer des miracles dans la technique elle est absolument incapable de nous livrer quoique que ce soit du réel. La mission suprême de la pensée est de se démontrer à elle-même le bien-fondé de son silence devant la plénitude de l’Être.