La théorie de Thom connaît par ailleurs des applications remarquables dans différents domaines, dont la physique (thermodynamique, théorie de la stabilité, optique, par exemple). Je voudrais quant à moi essayer de faire partager au lecteur toute l’élégance et la simplicité qui se dégagent des applications de la théorie à un domaine qui nous est particulièrement familier et auquel nous sommes tous sensibles : le monde des formes.
Catégorie : E-F
Gilbert Durand : De la psychologie des profondeurs à une sociologie profonde
Cette « psychologie des profondeurs » dont le but n’est pas de chasser les images réduites à des fantasmes mais bien au contraire de pêcher dans les eaux profondes du fleuve héraklitéen des configurations constitutives de la substance même du moi, le soi psychique, on peut se demander dès lors si elle ne consonne pas avec une sociologie profonde puisque finalement ce sont des images culturelles qui constituent la réalité thérapeutique et psychagogique de l’âme.
Françoise Bonardel : «Heureux qui comme Ulysse»... ou les rapports de la philosophie hermétique et de la psychologie des profondeurs dans l'œuvre de Jung
Sur un autre plan, plus historique et culturaliste, Jung opère aussi en hermétiste. Car ayant montré les similitudes existant entre les images issues de l’inconscient de ses patients et celles, parfois très anciennes de l’alchimie, c’est un autre lien que Jung a restauré, qui est également reconstitution d’une vision plénière de l’homme. Le rationalisme progressiste du XIXe siècle, dans sa grande entreprise de nettoyage intellectuel, n’avait été nullement gêné de jeter au rebut ou de ravaler au rang de curiosité, les produits de la fantaisie et de la pensée prétendue obscurantiste des alchimistes.
Stephen Jourdain : Une unique expérience
Pour beaucoup de personnes s’intéressant à ce genre d’expérience, il semble qu’il existe, qu’il doive nécessairement exister une contradiction entre ce qu’ils nomment l’« expérience ultime » et la vie quotidienne. Moi je n’ai jamais entrevu, jamais même commencé d’entrevoir cette contradiction. Je n’ai jamais senti la moindre brouille entre le fait de jouer au billard, par exemple, ou le fait d’avoir une activité sexuelle quelconque, et la nécessité de vivre cette « chose ». La nature de cette « chose » exclut une telle contradiction, de la même façon qu’elle n’exige pour briller aucune sorte de sacrifice. Cette opinion que la contradiction existe pourrait provenir du fait que, n’ayant pas l’« ultime expérience », connaissant par ouï-dire ce moi mystérieux de qui elle est l’avènement, les gens se figurent qu’il a perdu la qualité humaine. Alors, tout naturellement, ils sont amenés à imaginer une contradiction entre la vie humaine, la vie quotidienne, et « l’éveil ».
La clé des champs entretien avec Jean-Louis Boncœur
Ma position à cet égard est celle d’un sceptique (au vrai sens du terme). C’est-à-dire que je n’accepte pas tout comme une réalité tangible, une vérité indiscutable, mais que je ne me reconnais aucune qualité pour tout nier.
L'œil du sorcier entretien avec Philippe Alfonsi
Vous savez, la sorcellerie est très contagieuse. Nous ne restions jamais plus de trois semaines dans le Berry pour ne pas basculer, parce qu’il faut le reconnaître, ça va vite. Tous les gens que j’ai vus tomber en sorcellerie vivaient des expériences dramatiques, parmi les plus épouvantables que l’on puisse faire. Il ne faut pas croire que les beaux esprits soient à l’abri d’une « culbute ». Je vous ai dit que le phénomène touchait également des médecins. La plupart des médecins (et des patients !) ont cru à la toute-puissance de la médecine. Je crois que c’est cette mauvaise approche de la science qui fait que beaucoup de médecins s’intéressent aujourd’hui au paranormal et à l’irrationnel. Ils n’ont peut-être pas su prendre la véritable mesure de la science, attendre de la voir évoluer par sa propre critique, en reconnaissant ses limites.
La puissance du verbe entretien avec Jeanne Favret-Saada
Le fait que personne ne soit sorcier n’empêche pas le système des sorts de marcher. Au contraire. Lorsque quelqu’un est victime de malheurs à répétition, son entourage et son désenvoûteur l’autorisent à se dire ensorcelé. Pour s’en tirer, il accuse tel ou tel « sorcier » qui, le plus souvent, devient à son tour victime de malheurs à répétition pendant que l’accusateur se rétablit. Le « sorcier » passe alors en position d’ensorcelé, va voir un désenvoûteur, etc. Et ainsi de suite. La sorcellerie, c’est comme un paquet de violence, un ballon de nitroglycérine dont il faut se débarrasser au plus vite. Quand on l’a dans les pattes, on se dépêche de le balancer à quelqu’un d’autre, avant qu’il n’explose.
Beethoven, Bach, Mozart, ou... Rosemary Brown ? Un reportage de Joël André
Liszt. Chopin, Schubert, Beethoven, Bach et Mozart, Schumann, Berlioz, Brahms, Rachmaninov, Grieg, Debussy et Stravinsky. La mort a-t-elle vraiment mis fin à l’activité créatrice de ces treize compositeurs ? Sont-ils, au contraire, à l’origine des œuvres musicales que produit par centaines, depuis 1964, le médium britannique Rosemary Brown (1916-2001) ? Dérision, indifférence, méfiance. Enquêtes. Expertises, recours à l’ordinateur. Et peu à peu, à partir de 1968, une partie de la presse et de la critique musicale se font à l’idée que cette « musique de l’au-delà » pourrait bien être authentique. Car il ne s’agit pas d’expertes imitations — Rosemary Brown a d’ailleurs une formation musicale très rudimentaire — mais d’œuvres entièrement originales. Ce que l’on décèle, ce n’est pas seulement le « style » d’un Liszt, d’un Chopin ou d’un Rachmaninov, mais leur intuition et leur démarche créatrices mêmes…
La sorcellerie démystifiée? Entretien avec Louis Costel
Lorsqu’on ne réussit pas à faire face (lorsqu’on perd un enfant, qu’on a une série de malchances), il est tentant de fuir, de démissionner, de reporter la faute sur les autres. Ce sont des gens qui, s’ils n’ont pu garder une vie chrétienne vivante, ont conservé une certaine religiosité et qui, s’estimant coupables, se demandent : « Mais qu’est-ce que j’ai bien pu faire au Bon Dieu ? » Et bien sûr, si le Bon Dieu n’est pas en cause, c’est le Diable qu’on accuse.
Du maléfice à l’hérésie entretien avec Yves Castan
Il me semble que le recours magique correspond, comme autrefois sinon au même degré, à la nécessité pratique de concevoir ce qui n’est pas expliqué par les savoirs habituels, de pourvoir à certains besoins ou certaines parades de défense, qu’il correspond aussi à une exaltation de la volonté ou de la terreur. Les domaines d’intervention paraissent analogues (ce qui tient aux incertitudes de la santé, du succès, de la vulnérabilité quand les techniques ordinaires sont en défaut). Il faut ajouter à cela le besoin d’une proche autorité, tutélaire ou redoutable, là où les autorités sociales manquent ou sont trop étrangères.