Science & foi

Note à nos lecteurs: Certaines des idées des intervenants de ce dossier, paru en l’an 2000, se sont modifiées avec les années. Il faut se référer à des écrits plus récents pour se faire une idée plus exacte de la vision actuelle des auteurs… (Revue Actualité des religions. No 18. Juillet-Août 2000) Science et foi […]

Roger Godel : Cerveau et conscience de soi

(Extrait de Vie et Rénovation par Roger Godel – Gallimard, 1957)  Le titre est de 3e Millénaire Les données de l’électro-encéphalographie démontrent qu’à tout processus mental correspond une déflagration de salves électriques. Une relation incontestable, encore que fort obscure, associe certaines expériences psychiques — tels le sommeil profond, l’état vigile, la somnolence, la réaction d’éveil […]

Bruno Guiderdoni : « A » comme Anthropie

Alors, le principe anthropique ne serait-il en fait que l’histoire d’une « déviation » scientifique ? Soyons plus nuancés. Avouons qu’on peut légitimement s’étonner des coïncidences entre constantes. Si, un jour, ces constantes et les conditions initiales dérivent d’une seule théorie, voire de l’énoncé d’une seule loi, en une espèce de « super-unification » de la physique dont rêvent bien des chercheurs, il restera que cet énoncé unique sera justement celui qui « aura permis » notre existence ! Il y a là un lien très fort entre l’univers et l’homme, une « connivence » qui n’est pas sans rappeler les correspondances que percevait l’antique Tradition entre macrocosme et microcosme…

Bruno Guiderdoni : L'homme coronal

Les travaux « scientifiques » pour révéler objectivement le champ d’énergie vitale ne datent pas d’hier. À la fin du XIXe siècle, le colonel Albert de Rochas a cru avoir mis en évidence la possibilité de l’extériorisation du « fluide nerveux ». Le médecin anglais Walter Kilner a mené, à partir de 1911, des recherches sur l’« atmosphère humaine » à l’aide de filtres colorés. John Pierrakos, poursuivant les travaux de Reich, prétend même qu’on peut voir sa structure triple et pulsante à l’aide d’un filtre bleu cobalt, avec un peu d’entraînement et un éclairage adéquat.

André Mirambel : Roger Godel ou de l'humanisme à l'humain

Roger Godel était d’un caractère exceptionnel en même temps qu’un élève d’une rare qualité. Indulgent aux faiblesses d’autrui, exigeant pour lui-même, serviable, sociable, il paraissait gêné d’une supériorité qui s’imposait malgré lui sans conteste. Tout l’intéressait : les lettres, les sciences, les arts (je lui ai connu un beau talent de pianiste, et, parmi les ouvrages nombreux qu’on lui doit, il en est un consacré à la musique sous le titre Formes de la mu­sique et musique intérieure, Essai sur la création musicale, écrit en 1936). Sa rapidité à apprendre, à comprendre, étonnait. Une puissance de labeur considérable lui permettait de mener de front plusieurs travaux, parmi les plus divers, et de se consacrer dans le même temps à de multiples activités. On admirait l’étendue de ses connaissances, et aussi la maturité de son esprit : il appor­tait, aux choses et aux hommes, des réflexions dignes d’un adulte éclairé…

Jacques Masui : Expérience libératrice et connaissance de soi

Bien que fidèle à l’attitude critique et aux critères ration­nels, le docteur Godel entend se fixer dans le concret, ne jamais perdre de vue l’expérience. Démarche pragmatique ? peut-être (d’ailleurs, n’a-t-il pas fortement subi l’influence des savants an­glo-saxons ?), mais d’un pragmatisme nouveau qui veut tenir compte de toutes les données d’où qu’elles viennent et n’ériger aucun système. Encore une fois, dans la pensée grecque ce qui l’intéresse, c’est la méthode, c’est la praxis et non les systémati­sations. Seules, les pensées qui reflètent une réalité vécue, une force à l’œuvre, reconnue et apprivoisée, retiennent son attention…

Bruno Guiderdoni : Savants doubles

L’histoire des sciences nous offre ainsi de nombreux exemples de savants qui ont apporté des contributions majeures à la science, tout en fondant leurs travaux sur des conceptions philosophiques « curieuses », souvent religieuses, mystiques ou spiritualistes, et en menant quelquefois des recherches « parallèles » sur des sujets mal famés.

Hommages à Roger Godel

Quand on demanda au sage indien combien de temps il fallait pour l’illumination, il prit une feuille sèche et la cassa en la frôlant avec l’ongle. Le même temps, dit-il, est nécessaire pour s’éveiller à la vérité. L’illumina­tion d’une heure, de la dernière heure, suffit à rédimer, à rache­ter une vie. Si elle ne vient pas, alors, les rêves néfastes s’empa­rent de l’être. J’ai vu beaucoup de morts, paisibles les unes, d’au­tres atteignant la sérénité après une heure de perturbation, et d’autres, où le cadavre a gardé pour toujours une attitude tourmentée et crispée. Si la confiance dans le bien manque, il se perd. Le Livre des Morts égyptien parle du dialogue de l’âme avec son propre cœur, demandant clémence parce qu’il a été lui-même son propre juge. Si le cœur tombe, il est dévoré par les monstres qui attendent au pied de la balance.

Roger Godel : Retrouver le mesureur de l'incommensurable

Ne consultez pas votre imagination, elle vous tromperait grossièrement. Sa fonction se déroule dans un monde de formes et l’incite à créer une diversité d’images et d’émotions. Incapable, par conséquent, d’accéder à l’altitude de l’expérience, elle bâtira pour vous satisfaire un décor de fantaisie, une mise en scène, une vision faussement mystique. Or l’expérience refuse toute vision de forme, de substance, de couleur. Sa nature est indescriptible. Aucune parole ne la qualifie authentiquement. On la trahirait à vouloir la nommer Savoir, Harmonie, Beauté, Joie ou Amour. Leurs majuscules n’ajoutent rien à la petitesse des mots.

Roger Godel : Laisser les formes s'effacer

Cela reviens à dire ceci : l’étude du champ d’observation nous livre des lois ; dans leur énoncé réside l’intelligibilité du champ ; mais on doit reconnaître aussi, à travers leur formulation, un attribut propre à ce champ. Et ma pensée formulante – comme, d’ailleurs, mon être entier – est une particularité du champ se révélant à lui-même en termes de conscience mentale. Je suis cela : l’observateur, l’instrument et l’objet d’observation tout à la fois. Notre cerveau en fonction est une singularité du cosmos. Il porte dans l’intimité de sa structure l’inscription de la loi qui a procédé à sa genèse et dont il est l’expression vivante. En déchiffrant le monde, il se déchiffre lui-même, car la loi cosmique figure dans son plan d’organisation. Elle est mani­feste dans l’arrangement du réseau et dans son jeu fonctionnel aux degrés infinis de liberté.