Aimé Michel : Les probabilités d'une vie universelle

Mais on peut parier à coup sûr que, comme les planètes exposées à l’ensemencement sont des milliards, la règle est qu’elles seront ensemencées. La règle, nous avertissent les grands nombres, c’est la totalité de l’ensemencement, et même de l’ensemencement immédiat et universel dès que les conditions propres à la vie apparaissent quelque part. Passer entre les gouttes, c’est le miracle arithmétique. Il peut se produire une fois, ce miracle, tant est immense l’univers, si même il n’est pas infini. Il est exclu que ce miracle soit la règle. Rien de plus certain que cela. Je l’entends littéralement : car nulle preuve n’est plus forte que celle des grands nombres.

Aimé Michel : Les « nouveaux » philosophes entre le goulag et la ciguë

Mais peut-être faudrait-il se demander ce que c’est qu’une idée ? Feynman, le physicien théoricien, affirme que c’est ce qu’il y a de moins cher, qu’on en fait en science une consommation énorme, qu’il faut en essayer mille pour en trouver une qui serve, et encore, pour un temps. Bien entendu, on jette au rebut les 999 autres, qui sont souvent très belles, très compliquées, et sur lesquelles un homme et généralement plusieurs ont médité des années durant. On se rappelle aussi Lorenz disant qu’en se levant chaque matin il commence, comme d’autres font leur gymnastique, par défenestrer ses deux ou trois dernières idées favorites…

Elisabeth Meichelbeck : Agir pour être

C’est une ébauche de l’évolution mondiale de l’homme — donc des sociétés — que nous tentons ici. Les profonds malaises relationnels, les inadaptations aux concepts sociaux en place, la crise peut-être aussi, qui s’étend à presque tout le monde libre sont les signes évidents d’une profonde modification des consciences.

Aimé Michel : Le mot de Cambronne ou deux mythes de la liberté

On pourrait appeler « maladie de l’Occident » cette folie de vouloir faire un homme qui existe déjà. Non qu’elle frappe l’Occident entier, qui au contraire n’a jamais cessé de rejeter — au prix de millions de morts — les projets qu’on voulait lui passer aux naseaux pour le dompter. Ce n’est pas une maladie où tombe l’Occident lui-même. C’est celle de certains hommes que, je ne sais pourquoi l’Occident ne cesse de produire de siècle en siècle, dont il souffre, et dont même il s’est mis à infester le reste du monde. Si vous voulez entendre la maladie de l’Occident rêver tout haut à perdre haleine, écoutez, sur les ondes courtes, les radios des pays d’Afrique et d’Asie politisés, politisés par nous. C’est toutes les nuits un cauchemar de mots s’efforçant de créer une réalité de théâtre et qui fait frémir quand on connaît la vraie condition des peuples censés s’y exprimer.

René Morichon : Les entraves conceptuelles à l'évolution humaine

L’idée de supériorité ethnique, de « peuple élu », de révélation exclusive nous vient du fond des âges. Il n’est pas de groupe, pas de clan, pas de tribu qui, chez les primitifs, ne s’estime en soi au-dessus des autres. Et il suffit de regarder autour de nous, y compris dans le sport, pour réaliser combien ce « gonflement » est encore vivace et dangereux, témoins ces résurgences provincialistes dont les chantres donnent l’impression de se percevoir différents du commun des mortels.

Jean Markale : L'itinéraire spirituel de l'occident : Du druidisme au christianisme

Cela dit, il importe de savoir ce qu’était exactement le druidisme et à quelle expérience spirituelle il pouvait correspondre. Le terme de druidisme est assez récent : il ne fait que recouvrir d’un nom l’organisation, le rituel et le dogme d’une religion qui était celle de tous les peuples celtes, au premier siècle avant notre ère, sur l’ensemble des territoires qu’ils occupaient, Gaule, île de Bretagne, Irlande, nord-ouest de l’Espagne, différents points de l’Europe centrale et royaume des Galates dans la Turquie actuelle, c’est-à-dire partout où l’on parlait une langue celtique. L’organisation druidique est nettement indo-européenne. Le rituel et le dogme, pour ce qu’on peut en savoir, le sont beaucoup moins : tout se passe comme si le druidisme avait, selon des modes de pensée indo-européens, opéré une synthèse entre les différentes religions des peuples autochtones soumis par les Celtes et codifié celles-ci jusqu’à parvenir à une doctrine cohérente et à un culte sinon unique, du moins de type universaliste.

Alexandre Maupertuis : Célébration de la femme et prostitution sacres

C’est ainsi qu’avant même que la prostitution sacrée devienne un phénomène folklorique, avant qu’une théologie compliquée de la femme ne remplace la vénération évidente de la fécondité et que l’hospitalité sexuelle ne se transforme en commodité touristique, on peut soupçonner un usage collectif et réciproque des hommes et des femmes. Pourtant, malgré la prédominance très nette du féminin au point de vue théologique, il semble bien que ce soit davantage au profit de l’homme que ce collectivisme s’accomplisse…

Aimé Michel : Physique de l'an 2000, métaphysique d'il y a 2000 ans - une véritable nouvelle philosophie

L’infiniment petit qui enfante notre être n’agit pas par enchaînement de causes et d’effets. C’est un univers d’où est totalement exclue la « nécessité ». Le pire qui pourrait arriver, avait dit Planck, serait que l’on nous imagine une philosophie fondée sur une physique qui n’existe plus . Monod prophétisé… Mais il nous faut renoncer à cette philosophie et scruter celle que nous impose la nouvelle physique. Ce monde acausal qui supporte le nôtre, ce monde fermé au seul système d’explication connu de la science, du moins jusqu’ici, qu’est-il donc ?

Aimé Michel : La mascarade des siècles

C’est ce paradigme ancré depuis Descartes et par lui dans la conscience occidentale, qui bannit dans l’occulte des concepts tels que les causes finales, et plus forte raison la prémonition, la parapsychologie et tout ce qui s’y rattache. C’est lui aussi qui rejette en bloc toute forme de pensée présumée extrahumaine. Cette sorte de phénomènes est impossible dans le paradigme cartésien, où le temps doit obligatoirement s’écouler de façon univoque du passé vers le futur puisque, si quelque chose pouvait, du futur, agir sur le présent, cela reviendrait admettre la rupture de la causalité, donc la possibilité du miracle…

Léon-Jacques Delpech : Les nouvelles épistémologies

Pour Bachelard la science dans son histoire et dans ses processus de construction est l’affirmation de la dialectique. Une connaissance n’est qu’un moment sur l’axe du devenir. Au niveau de l’activité scientifique, l’homme est donc l’être de la dialectique. Il est dans le monde, mais il cherche à le réduire à l’expression qu’il en a. Son rapport au monde est dialectique, c’est-à-dire que le monde est sa représentation. Celle-ci est consécutive à sa façon de le penser, autrement dit aux moyens mis en œuvre, c’est-à-dire les cadres de l’intelligibilité.