Edgar D. Mitchell : De l'espace extérieur à l'espace intérieur

Ma première impression à l’instant où je regardais la terre fut son incroyable beauté : même les photos les plus spectaculaires n’arrivent pas à la rendre. C’était une vue majestueuse : un splendide joyau bleu et blanc suspendu sur un ciel de velours noir. Avec quelle tranquillité et quelle merveilleuse harmonie semblait-il s’insérer dans le modèle d’évolution qui guide l’univers ! En un moment d’extase, la présence du divin devint presque palpable et je sus que la vie dans l’univers n’était pas seulement un accident issu des mécanismes du hasard. Cette connaissance me parvint directement, de manière noétique. Cela n’avait rien à voir avec un raisonnement discursif ou une abstraction logique. C’était une connaissance expérientielle obtenue par une conscience subjective personnelle, mais chaque détail était — et est encore — aussi réel que les données objectives sur lesquelles le programme de navigation ou le système de communication étaient basés. C’était clair et net : l’univers avait une signification et une direction. Ce n’était pas perceptible par les organes des sens, mais c’était cependant présent, une dimension invisible derrière la création visible qui lui donne un dessein intelligent et apporte un sens à la vie.

Aimé Michel : Zut au zizi ou la sexualité dépassée

La sexualité animale (qui fut celle de l’ancêtre de l’homme) est bien différente de la nôtre. L’homme, a-t-on dit, est le seul animal capable de boire sans soif et de faire l’amour hors de saison. Presque toutes les calamités dont il souffre viennent de là. Et c’est là l’objection que soulève la théorie des deux cerveaux de Mac Lean et de Koestler. Les tragédies archétypiques de notre espèce, telles, par exemple, qu’on les trouve dans Racine, ne doivent rien à notre cerveau reptilien. Le cerveau reptilien d’Hermione, d’Oreste, de Pyrrhus et d’Andromaque se soucie peu du problème insoluble des amours triangulaires. Il ne se soucie que du soulagement de la glande, auquel tous ces héros malheureux atteindraient sur-le-champ, s’ils avaient la sagesse du reptile. Quant au cerveau supérieur voué aux opérations intellectuelles, en quoi le soulagement de la glande devrait-il l’intéresser ?

Aimé Michel : La prophétie fossile, méditation

Ce fait, appelé « évolution », peut être exprimé ainsi : tous les êtres vivants sont apparus suivant un ordre, celui de la complexité croissante. Ou encore : à mesure que la terre a vieilli, des êtres de plus en plus complexes sont apparus à sa surface. Il existe des « théories de l’évolution » : lamarckisme, darwinisme, néo-darwinisme. Ce sont des théories. Elles essaient d’expliquer l’évolution. Mais l’évolution elle-même n’est pas une théorie. C’est l’ordre dans lequel on découvre les fossiles quand on creuse le sol. Aucune théorie nouvelle, aucune découverte ne peut rien changer à cet ordre-là, qui est celui dans lequel sont empilés les uns sur les autres les fossiles que vous trouveriez en creusant sous le fauteuil où vous lisez ces lignes.

Introduction à Aurobindo et son ashram

La destruction du désir et de l’égoïsme ne peuvent s’atteindre par les seules méthodes de répression. Celles-ci peuvent empêcher les manifestations du désir, mais elles risquent de le refouler dans le subconscient où il demeure caché, hors de l’atteinte de la volonté consciente, attendant son heure. L’ennemi reste dans la place, d’autant plus dangereux qu’on le croit mort. D’ailleurs la répression ascétique engendre un dessèchement et un repliement. En même temps que la mauvaise herbe, beaucoup de plantes à fleurs périssent. Or le disciple du yoga intégral vise à l’accomplissement non à l’amputation, à une plénitude riche des pouvoirs de l’esprit non à un appauvrissement stérile. La tâche est donc plus ardue; il faut l’aborder autrement.

Aimé Michel : De quelques mystères de l'espace intérieur: l'énigme des rêves lucides

La science ne saurait nous dire ni pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien, ni pourquoi il existe un « je » qui pense. Mais sur ce « je » qui pense, elle rend notre interrogation encore plus obsédante et brûlante : en effet, tout son système d’explication, dont on sait la formidable puissance, s’arrête au seuil de la conscience. Comme le remarquait Lord Adrian, « nous expliquons tout sans la conscience, nous n’avons pas besoin d’elle ». Même le neurophysiologiste qui étudie la douleur traduit tout ce qu’il voit en observations et mesures objectives : de son tableau final, où tout sera peut-être « expliqué », la douleur en tant que fait vécu sera elle-même évacuée.

Aimé Michel : Un savant indocile: Rémy Chauvin

Je vais vous confier un secret, le secret de la découverte scientifique. Il n’y en a qu’un, très simple: c’est de prendre une bonne loi bien établie et d’imaginer une bonne expérience bien irréfutable montrant que la loi était fausse, qu’on s’était mis le doigt dans l’œil jusque-là et qu’il faut tout recommencer. Faites cela trois ou quatre fois dans votre vie, vous serez Pasteur, Einstein, Mendel. Peut-être même qu’une fois suffira…

Aimé Michel : Une grande mutation - oui - mais vers quel insondable avenir ?

Je voudrais d’abord détromper le lecteur prêt à admettre que le Futur, certes, est imprévisible en politique à cause de la folie des hommes, mais qu’au moins en science, en technologie, en économie il peut se laisser entrevoir. Non ! Seul se laisse entrevoir ce que j’appellerai le moindre des possibles, celui qui se produirait si toute source de nouveauté se trouvait soudain tarie. C’est de ce moindre des possibles que je vais parler, sachant que ce qui sera ne peut franchir ma barre.

Aimé Michel : Le grand dessein ou une nouvelle vision de l'Homme dans l'univers

Laissons de côté le verbe « être », qui n’existe pas dans certaines langues pourtant hautement philosophiques (toutes les langues sémitiques, sauf erreur) et qui a inspiré une immense littérature dans d’autres (l’allemande, la grecque, toutes les langues indo-européennes). Tenons-nous-en à « toujours ». Dire par exemple de quelqu’un qu’il est « toujours » distrait, cela sous-entend qu’il le sera jusqu’à sa mort. Là, le sens est clair. Mais c’est un « toujours » limité à la vie d’un homme. Je constate simplement qu’il n’existe rien au monde dont on puisse dire « toujours » sans une limitation de cette sorte. Il n’existe rien au monde qui ne passe et disparaisse. Personne ne peut citer un objet quelconque à quoi l’on puisse appliquer le mot « toujours ». Il n’y en a tout simplement pas.

Aimé Michel : La gnose de Princeton ou la Science remise à l'endroit

Ainsi, disent les gnostiques de Ruyer, la connaissance par participation « à l’endroit » s’exalte dans des domaines de plus en plus vastes à mesure que le cheminement de l’évolution crée l’organisation de plus en plus complexe où ces domaines se développent. Ici se place l’expérience mystique, dont les gnostiques donnent la première interprétation, conciliant à la fois les affirmations réitérées de ceux qui la vivent et les données de la science. Pourquoi les mystiques s’effaroucheraient-ils que l’on donne de leur expérience une explication psychologique, voire biologique, puisque les faits de la biologie et de la psychologie recelèrent le grand dessein ? Si le mystique saisit parfois en lui-même ce grand dessein, il s’agit bel et bien, comme il l’affirme, du divin. Il participe bel et bien à la pensée qui, conformément à la thèse centrale de toute gnose, préexiste à tout ce qui est et que les religions appellent Dieu.

Aimé Michel : La main s'accroche à l’infini - Méditation

Le fou dépossédé de sa fonction sociale s’efforce de la récupérer autrement, ce qui le rend très dangereux. Il a tendance à prendre le pouvoir. Comme il est obstiné, ingénieux, comme les mots ne lui content rien, ne l’engagent à rien et ne retombent jamais sur son nez mais sur celui des autres, comme, enfin, l’absence de sa fonction désarme l’esprit public contre l’imposture, il parvient toujours à ses fins. On le retrouve bientôt au gouvernement, mais ne rigolant plus, veillant manu militari à ce que les choses ressemblent à ses chimères.